vendredi 27 août 2021

Benjamin Legat (JS Wez-Guignies): "Trois points d'avance sur le programme"

L'équipe de Wez-Guignies a déjoué les pronostics des suiveurs pour son premier match en allant l'emporter sur les terres des Diables Rouges de Rongy. L'occasion pour nous de faire plus ample connaissance avec son coach.




Benjamin LEGAT, 44 ans, entame sa troisième saison à Wez. Dès son arrivée, il permet au club d'accéder à la P3. Une promotion que Benjamin avait déjà connue à Havinnes, où il est resté 5 ans. Ancien gardien de but, il a terminé sa carrière de joueur à Ère sous les ordres de Michaël Dutrieux.  Comme beaucoup, il a fait ses premiers pas dans le coaching chez les jeunes, U15 et U17 à Havinnes et U21 à Ère.


 Nicolas Decruyenaere évoque la victoire à Rongy et nous parle de son coach




"C'est effectivement une très belle victoire. Nous avons été menés au score assez rapidement, mais nous n'avons pas baissé les bras et avons pu inverser la tendance jusqu'à mener 1-3, avant d'encaisser un second but à l'approche immédiate du repos. Loin de nous démobiliser, nous sommes restés calmes et soudés. La deuxième mi-temps a été plus compliquée. Julien Tambour a fait rentrer Derdour et Broccolichi, et nous avons subi les assauts incessants des Rongyciens. À un quart d'heure du terme, l'arbitre leur a accordé un pénalty et exclu notre défenseur pour sa faute de main. Heureusement pour nous, le poteau a repoussé l'essai de Maxence Delval. À partir de ce moment-là, nous avons opposé un bloc aussi bas que solidaire, et nous aurions même pu nous mettre à l'abri sur l'un ou l'autre contre."

"Peut-être Rongy a-t-il pris ce match un peu à la légère et s'est-il vu trop beau? De notre côté, nous sommes arrivés avec 16 guerriers qui n'ont rien lâché de la première à la dernière minute. Nous formons une vraie équipe de copains, il n'y en a pas un au-dessus de l'autre."



"Benjamin Legat est un coach que j'ai eu en jeunes à Ère. Il est très bien; ce que j'aime chez lui, c'est qu'il arrive à faire la part des choses entre les moments où il faut travailler sur le terrain, et en dehors où on peut déconner. Tactiquement, ses consignes sont toujours très claires avant le match, tout comme le système."

"Au niveau de la préparation, très peu de séquences sans ballon. Il arrive à nous faire travailler physiquement avec. Ce qui est chouette également, c'est que nous avons un T2, Stéphane Roman, qui donne l'entraînement de temps en temps. Il nous apporte une autre manière de travailler, ce qui évite la monotonie sur le long terme."


Entretien avec Benjamin LEGAT


Benjamin, une heureuse surprise pour commencer à Rongy. Une série difficile, la P3A?

Compte tenu du potentiel des individualités présentes en face, prendre un point était déjà beau, c'est dire notre satisfaction de l'avoir emporté! Nous ne nous emballons pas pour autant. Dans la série, il y aura bien d'autres adversaires aussi compliqués que Rongy. Je pense entre autres à Néchin, la Squadra, le Pays Blanc bien sûr. On va commencer chaque match pour prendre quelque chose, avec l'objectif de se sauver le plus vite possible. Pour y arriver, l'esprit de groupe sera capital. Savoir accepter d'être sur le banc par exemple.


Un coach qui a... le vent en poupe!


Nico Decruyenaere parle de guerriers sur le terrain. Ce premier match vous coûte déjà 7 cartes jaunes. Ces nombreuses sanctions ne risquent-elles pas de vous handicaper à moyen terme?

Il est vrai que nous avons pris beaucoup de cartes, mais jamais pour des fautes méchantes. On y est presque obligé face à des adversaires plus expérimentés et capables de faire la différence individuellement. Si on les respecte trop, on ne joue pas avec... Mes joueurs gagnent en maturité et en confiance dans ce genre de rencontres.



Il évoque aussi en parlant de toi des consignes claires et une stratégie bien maîtrisée. As-tu un système de prédilection? 

Je dispose le plus souvent mes pions en 4-3-3, mais je suis flexible. En fait, j'aime bien prendre mes renseignements sur l'adversaire. Pour ce match d'ouverture, j'ai été bien tuyauté par François Échevin, le coach d'Esplechin. Face au 3-5-2 mis en place par Julien Tambour, j'ai surtout voulu densifier mon entrejeu, avec pour consigne de toujours rester bien compact. Je craignais un peu qu'ils ne nous enfoncent avec la descente, mais finalement nous avons fait notre meilleure mi-temps avec la montée. On a profité de nos reconversions offensives, tout en proposant quelques belles constructions en triangle.

Tes joueurs apprécient aussi la collaboration avec ton adjoint, Stéphane Roman...

Avec Pitch, nous formons un vrai binôme, on s'entend super bien. Lui plus calme, moi plus nerveux. Stéphane a joué à l'Enclus, et apporte son expérience au groupe. Quand je fais les postes, c'est lui qui assure les séances. Ce qu'il fait avec un grand sens de l'organisation, c'est franchement top!

Quel regard portes-tu sur le coach Ben Legat? As-tu un modèle dans le coaching?

Difficile de parler de soi. Je dirais que c'est le côté humain qui passe avant tout. Je déteste laisser quelqu'un de côté, la sélection est un exercice qui s'apparente pour moi à un vrai calvaire. Surtout quand on sait qu'ici aucun joueur n'est payé...



Parmi les coachs que j'ai connus, c'est Michaël Dutrieux dont je garde le meilleur souvenir, et je ne dis pas ça parce que nous sommes amis et qu'il est le parrain de ma fille. Mais son approche, ses préparations d'entraînements, sa psychologie expliquent selon moi les bons résultats qu'il a obtenus. Et puis, c'est quelqu'un de bien. Malgré ses diplômes, il reste humble. Ce n'est pas le cas de tous ceux que j'ai fréquentés et qui m'ont parfois déçu...

 


jeudi 26 août 2021

Johan DEVOS préface Templeuve - Luingne (2A)

 Parmi les rares matchs qui ont pu être joués la saison dernière, Isières s'est déplacé à Luingne. Et lors de l'ouverture de la P2A version 2021-22, Johan Devos et ses hommes se sont offert le scalp de Templeuve. Nous avons donc pu solliciter le coach isiérois et lui demander de nous livrer son regard de technicien sur la belle affiche programmée ce dimanche 17h30 à la Providence. 




Luingne carbure déjà au super

"Ce n'est vraiment pas évident de juger après une seule rencontre. Les deux équipes ont un gros potentiel offensif, et sont bien balancées. Luingne respire la confiance, mais on n'est jamais autant en danger que quand on enchaîne les victoires. Cette équipe propose un jeu léché, ses joueurs sortent beaucoup de position, surtout chez eux, mais ce sera aussi possible sur le grand terrain templeuvois. Dans cet effectif de qualité, la paire Émile Windal - Théo Bulteel est particulièrement impressionnante."


                                                                       

"Giovanni sera certes privé de la force de frappe de Renaud Reheul, mais il peut entre autres compter sur un Guillaume Devos pour le remplacer."


                                                        

                                                                                                                                                                     © Thierry Daussin


Danger, bête blessée!

"À l'opposé, Templeuve est ressorti déçu de son entrée en matière et semble encore en rôdage. Mais gare à la réaction d'orgueil! Après cette défaite initiale, on peut s'attendre à une sérieuse remobilisation de leur part. Jean-Do va mettre un gros coup de pression et galvaniser ses troupes. Probablement effectuera-t-il l'une ou l'autre modification à son onze de départ. Il pourrait bien récupérer quelques forces vives, je pense aux Tangle, Bruchet, Seignez, voire David Roland."


                                                         

                                                                           Christopher Bruchet                                                                          David Roland à l'entraînement avec son coach et T2, Alain Hoet

Attention aux phases arrêtées

"Contre nous, j'ai beaucoup apprécié le jeu de position et les courses d'Ibrahim Andal, qui provoque dès la sixième minute un sauvetage décisif de mon gardien David Van Nieuwenhuyze, et qui parvient à le tromper à sa deuxième tentative. Luingne devra aussi se méfier de leurs phases arrêtées, sur lesquelles ils sont très dangereux avec cinq ou six beaux gabarits d'1m85-1m90..."

Vers un match serré

"Même si la saison ne fait que commencer, il ne me paraît pas exagéré de parler de match capital pour les Templeuvois. Un nouvel échec les verrait déjà décrochés à six points par un rival direct. Mais c'est tout sauf facile d'aller gagner à la Providence. Un nul me semble envisageable, voire une courte victoire de Templeuve."


vendredi 20 août 2021

Giovanni SEYNHAEVE (RFC Luingne): "Nous cherchons à produire un football de qualité"

Ancien latéral droit ayant connu le plus haut niveau à l'Excelsior Mouscron, passé ensuite entre autres par Tubize et Péruwelz avant de terminer sa carrière dans les divisions provinciales flamandes, le Mouscronnois de 45 ans a découvert le coaching avec les U16 Élites de l'Excel, avant d'intégrer le staff du noyau pro comme adjoint de Fernando Da Cruz. Il entame sa quatrième saison à Luingne, où il est initialement arrivé pour seconder son ami Steve Dugardein.



Comme vous pourrez le constater, il y a une remarquable adéquation entre les principes énoncés par le coach et le ressenti de ses joueurs, ce qui est le signe évident d'une parfaite authenticité. Indiscutablement, Giovanni fait ce qu'il dit...

Côté Coach: On parle toujours aujourd'hui en France du jeu à la nantaise. Toutes proportions gardées, peut-on semblablement évoquer un jeu à la luingnoise?

Giovanni: La référence me plaît, en tout cas! On essaye effectivement de jouer au foot, de repartir proprement de l'arrière et de progresser vers l'avant par une circulation de balle fluide. Quand c'est possible, bien sûr. Car certains terrains de provinciales nous ont déjà joué des tours...

CC: Comment travailles-tu ce jeu construit à l'entraînement ?

Giovanni: Beaucoup de possessions de balle, de jeux de conservation dans les petits espaces. Savoir s'en sortir quand le champ est restreint, cela prépare à la situation rencontrée quand il y a un gros press de l'adversaire, sur le gardien ou nos défenseurs notamment.




CC: Mets-tu également au point des automatismes offensifs en répétant des phases avec lignes de course prédéfinies?

Giovanni: Très peu. Pour moi, il y a deux conceptions correspondant aux deux moitiés de terrain. Dans la partie défensive, il faut être intransigeant dans l'énoncé et le respect des consignes. Dans la partie offensive par contre, je suis d'avis qu'il faut laisser s'exprimer librement l'instinct et la créativité des attaquants, pour autant qu'ils ne la jouent pas perso, mais qu'ils s'inscrivent toujours dans le collectif. Pour moi, robotiser est contraire à l'esprit du foot. Les automatismes viennent avec le temps. Quand les équipiers se connaissent, ils savent qu'un tel va écarter, qu'un autre va demander dans la profondeur...



© rfcluingnois.be

CC: À quel pourcentage évaluerais-tu l'importance du synthétique dans la qualité de votre jeu?

Giovanni: Énorme, je dirais facilement 70%. Cette surface favorise le jeu rapide, ce qui est très important. Et comme je le disais précédemment, cela nous oblige à nous adapter d'un week-end à l'autre aux surfaces en herbe.

CC: Pour obtenir la victoire, selon toi, c'est d'abord marquer un but de plus ou en encaisser un de moins?

Giovanni: Encaisser un but de moins. C'est peut-être l'influence de mon passé de joueur à vocation défensive, mais j'accorde une grande importance à l'organisation. La priorité est de poser les bases arrière.

CC: La griffe Giovanni Seynhaeve sur un groupe, c'est quoi?

Giovanni: Je pense d'abord être le plus positif possible, discuter, tout en sachant dire les choses quand ça ne va pas, mais les dire posément. Je n'élève que très rarement la voix. Je suis proche de mes joueurs sans l'être trop. 



Sur le plan du jeu proprement dit, essayer de poser le ballon, lever la tête, donner-bouger, ce qu'on travaille via les passer-suivre en semaine. Bref tenter de développer un football de qualité.

CC: Au niveau du foot provincial, quelles sont selon toi les composantes les plus importantes entre physique, mental, technique et tactique?

Giovanni: La mentalité passe bien avant le talent, encore plus en provinciales. Le comportement est capital, l'engagement, la motivation. A fortiori en déplacement, sur des petits terrains, où les duels sont encore plus nombreux. Au niveau tactique, les surprises sont très rares. La plupart des équipes évoluent dans un schéma classique (4-3-3). C'est le cas chez nous, et chacun connaît sa zone et les tâches à accomplir pour la maîtriser.





Le coach vu par ses joueurs

Jérôme DELECLUSE, 27 ans, défenseur et capitaine: "La carrière de Giovanni fait de lui un homme naturellement respecté dans le milieu. Sa vision du foot, c'est tout simplement venir au stade pour s'amuser et jouer au ballon. Très peu de physique pur, beaucoup de ballon, ce qui fait notre force, surtout à domicile sur notre beau terrain. Il a aussi la grinta et nous communique l'envie de se battre l'un pour l'autre. En dehors, c'est un peu notre pote, il n'est pas le dernier, comme on dit, ce qui renforce la cohésion du groupe. Ses causeries sont très brèves, un mot ou deux sur chaque ligne et le travail à accomplir. Il insiste surtout sur l'organisation défensive et le mouvement de nos offensifs. Le coach aime varier les systèmes même si notre 4-2-3-1 est le plus efficace car il y a une densité au milieu et énormément de mobilité devant."


                                                    



Émile WINDAL, 20 ans, médian: "Giovanni est avant tout un coach super proche de ses joueurs. Constamment à l'écoute et présent pour chacun. Son gros point fort est d'arriver à maintenir une grosse ambiance de camaraderie et de vie au sein du groupe, tout en restant très exigeant sur le terrain. S'amuser en étant sérieux et appliqué, c'est sa façon de faire la part des choses. Il sait créer un climat positif, que ce soit dans des petits jeux de compétition, ou dans des gages à réaliser en cas de défaite.




 Un vendredi sur deux, il organise le jeu de la latte, où les deux derniers doivent porter le "maillot qui pue" pour la quinzaine à venir... Une conjugaison de moments cool et fun, et d'autres où la rigueur et le sérieux sont de mise. 



Gros point positif pour nous les joueurs, c'est que tout se fait avec ballon: 95% du travail. Son passé de footballeur lui permet sans doute de comprendre que ce n'est pas forcément agréable de courir ou de s'entraîner sans ballon; il l'inclut dès lors au maximum dans ses séances. L'esprit de compétition instauré permet d'être sûr que chacun se donne à fond, et donc travaille physiquement sans forcément s'en rendre compte. Ensuite le coach est un partisan du beau football. À l'entraînement, on fait beaucoup de formes jouées et de possessions de balle, avec un grand nombre de variantes, mais toujours dans l'optique d'être performant.




 Niveau tactique, il insiste fortement sur la tâche défensive et sur le fait que ça doit être un travail de groupe: toujours aider le copain. Tout en laissant la liberté offensive, dans un système qu'il affectionne et qu'on connaît parfaitement. Il sait très bien que nous brider avec de multiples consignes ne nous favorisera pas. Autre point fort, c'est qu'il a 100% confiance en ses joueurs. Sur la touche, il ne panique jamais, et l'apport venu du banc reste positif même quand les choses tournent moins bien. 



S'il doit pousser une gueulante et remettre de l'ordre, cela se fera entre les quatre murs du vestiaire à la mi-temps. Il sait quand il doit nous réveiller, mais sans jamais se montrer négatif. Giovanni laisse aussi beaucoup de place à l'initiative. Il prône le dialogue et, quand certains proposent des idées, il est réellement à leur écoute. Ses causeries sont fort orientées sur l'état d'esprit, avec quelques rappels tactiques de base. Comme il le dit lui-même, ce n'est pas un fan des grands développements stratégiques avant un match.




Renaud REHEUL, 25 ans, attaquant, nouveau au club: "Ce que j'apprécie vraiment dans son discours, c'est surtout le fait qu'il ne cache pas ses ambitions. Il a une belle vision du foot, avec beaucoup de liberté offensive, ce qui ne peut que me plaire. Il est proche des joueurs et en même temps, il sait faire la part des choses sur et en dehors du terrain."




jeudi 19 août 2021

Fred Debaisieux préface le derby Péruwelz - Pays Blanc (P1)

Fred DEBAISIEUX, entraîneur principal du RFC Molenbaix, nous livre son regard de tacticien quant au scénario que l'on est en droit d'attendre pour cette belle affiche en ouverture de la compétition: les Antoiniens de Gwen Rustin vont défier les Péruwelziens de Jonathan Krys sur leurs terres. Coup d'envoi dimanche 17h30.



Doublement spécial

"Si l'excitation à l'approche de l'ouverture, surtout après une si longue interruption, concerne toutes les équipes, je me dis que commencer un championnat par un derby est doublement spécial. Cette émulation supplémentaire risque d'alimenter la nervosité. Du coup, la rencontre ne risque-t-elle pas d'être un peu fermée par peur d'entreprendre? Quoi qu'il en soit, c'est vraiment une chance pour notre région d'avoir ce genre de matchs en P1, ainsi qu'aux étages inférieurs; la P2 pour ne citer qu'elle, regorgeant de duels entre voisins, qui font tout le charme de notre sport. Il devrait y avoir une belle assistance, les supporters ayant tout autant hâte que nous."

Pas favori, le beau rôle? 

"Au vu des échos qui me sont parvenus de la préparation et du fait d'évoluer à domicile, les faveurs du pronostic vont sans doute à Péruwelz. Mais ce contexte pourrait justement servir le Pays Blanc. Gwen Rustin ne manquera sûrement pas de s'appuyer là-dessus pour libérer ses hommes avec un discours du style: "Les gars, nous n'avons pas grand'chose à perdre ici, alors bon match et faites-vous plaisir!"

Un bloc visiteur bas?

À l'évidence, les visiteurs ne se présenteront pas la fleur au fusil. Ils devraient évoluer dans un dispositif compact, en 4-5-1, avec un bloc bas qui attendra les locaux et tentera de les punir en saisissant les opportunités en reconversion. Laisser passer le temps, garder le zéro derrière et faire mal en contre devraient être les lignes directrices du coach antoinien. Évidemment, un but rapide des locaux changerait la donne et l'obligerait à revoir ses plans, lançant véritablement le match par la même occasion."

Automatismes péruwelziens

"Le PFC a gardé l'essentiel de son noyau, y ajoutant juste deux ou trois éléments, c'est un avantage réel sur le plan des automatismes. À voir s'ils parviendront à trouver la faille dans l'organisation mise en place. De ce que j'ai pu lire et entendre, le Pays Blanc a connu une préparation un peu plus chahutée par les blessures, les absences et les nouveaux à intégrer. Mais Gwen dispose d'un noyau plus qu'intéressant pour embêter Péruwelz."

Individualités

"Il y a quelques joueurs locaux que je connais bien pour les avoir coachés. Jérémy Delattre est en vacances, c'est une perte. Disposer d'attaquants en forme comme Constant Lenglart et Jordan Menet permet à Jonathan Krys d'aborder ce match avec pas mal d'atouts. Et derrière, Xavier Berthe va apporter toute son expérience à la défense. Dans l'autre camp, Valentin Ramser a le profil pour profiter des quelques situations qui se présenteront à lui. Un ballon axial qui traîne dans la surface ou aux abords, sera synonyme de grand danger. Il y a deux joueurs que j'aime beaucoup pour les avoir côtoyés à Mouscron, il s'agit d'Olivier Huyzentruyt et Luca Ciot. Des bosseurs dotés d'une excellente mentalité. Enfin, même si je ne connais pas sa forme du moment, je n'oublie pas Thomas Boucart, qui avait crevé l'écran il y a deux ans. En tout cas, il y aura du beau monde des deux côtés la pelouse!"

mardi 17 août 2021

Sandrine Van Herzeele, adepte d'un coaching positif et participatif

 Immersion dans l'univers du foot féminin. À l'occasion du match de Coupe de Belgique face à Gooik, Côté Coach est allé à la rencontre de Sandrine Van Herzeele qui est en charge des Havinnoises (Div. 2 Nationale) depuis 2019. En plus de son vécu de joueuse, elle veille à se former au mieux afin de dispenser le meilleur enseignement possible à ses protégées.




Côté Coach: Sandrine, on peut dire que le foot féminin est en pleine progression à l'ASC Havinnes?

Sandrine: Oui, en plus de l'équipe fanion, notre équipe B évolue en deuxième provinciale et compte quelques jeunes talentueuses, qui viennent parfois avec nous. Le club aligne aussi des U13, préparant ainsi l'avenir.

CC: Tu me dis que tes joueuses sont des "bosseuses". J'imagine que c'est le cas de leur coach aussi?

Sandrine: On est loin d'être favorites en D2, il faut donc compenser par le travail. Mes filles sont toujours partantes quand on propose quelque chose. Si on rajoute un entraînement, elles savent que c'est important d'y être, et elles s'organisent en fonction. Elles ont déjà eu un aperçu de la rudesse des matchs à ce niveau de compétition. Si on ne se prépare pas correctement, ça n'ira pas. En ce qui me concerne, mon statut implique de montrer l'exemple. 


                                                    


CC: Coline D'Haeyer, alias Cocotte, internationale U17, en est la preuve?

Sandrine: C'est une gagnante, elle déteste perdre; hargneuse dans le bon sens du terme. Déjà appelée en U15 chez les Diablotines, elle a eu la malchance de connaître l'interruption de saison due au Covid. En U16, toutes les activités ont été annulées... Heureusement, elle a de nouveau réussi les épreuves de détection. Coline fait partie du projet Foot-Élite-Études conçu par l'ACFF pour développer les talents potentiels. En internat à Liège, elle s'entraîne tous les jours en période scolaire. Elle est donc bien à Havinnes le temps de finir ses études tranquillement, avant d'évoluer plus haut, sans doute dès la saison prochaine. Nous serons les premières à nous en réjouir, et surtout à l'aider à faire le bon choix, car plusieurs formations ont déjà manifesté leur intérêt. 



CC: Qu'en est-il de ta formation? Le cursus chez vous est-il semblable à celui des hommes? 

Sandrine: Oui, le parcours est semblable. Je suis en train de passer l'UEFA B, dans un groupe comprenant six dames et une vingtaine d'hommes. En tant que personnes travaillant pour l'ACFF, nous faisons partie d'une session qui bénéficie d'un horaire adapté. Heureusement parce que Fanny, ma T2, est aussi en cours de formation pour le même diplôme. Et traditionnellement, les cours se donnent le lundi soir, qui est un jour d'entraînement pour nous.

                                                  


CC: Tu as eu l'occasion d'aller te former à Lyon! C'est du niveau de la licence Pro, ça, non? Comment t'es-tu retrouvée là?

Sandrine: Il est vrai que l'Olympique Lyonnais est la référence dans le foot féminin. Le club a d'abord organisé deux formations ouvertes auxquelles je me suis inscrite. La première concernait l'ADN de l'OL et sa méthodologie d'entraînement. La deuxième, le jeu de position. Nous avions la théorie en matinée, et la mise en situation pratique l'après-midi, où nous pouvions passer d'un groupe à l'autre pour observer. Dans un second temps, l'OL recherchait des coachs pour dispenser leur stage. Il fallait une femme pour encadrer un groupe de 20 filles. J'ai eu l'opportunité de postuler, et ma candidature a été retenue. Une expérience enrichissante! J'ai travaillé en binôme avec Pascal Pons, le directeur du stage. Moi très calme et lui plus interventionniste, notre association fut une réussite.



CC: Comment prépares-tu tes séances d'entraînement?

Sandrine: Je suis devenue une anti passer-suivre, j'en ai trop mangé quand j'étais joueuse. Je travaille de moins en moins dans l'analytique, lui préférant le global. Beaucoup de jeux de possession, de formes de match, des petits jeux de vivacité visant à améliorer la prise d'infos (plusieurs couleurs de plots, de chasubles, voire de ballons). Je fais un peu un mix des formations suivies et de mes principes. Je suis par exemple tombée sous le charme de François Keiffer et de sa MPP (Méthode Plaisir et Performance). La première fois que j'ai assisté à un de ses séminaires, j'ai d'abord pensé "rien de neuf sous le soleil". Mais après sa première démonstration, j'ai été drôlement impressionnée. En 20 minutes, on voyait déjà une évolution. Bluffant! J'adore discuter formation avec lui sur internet.

CC: Quelle est grosso modo la proportion de coachs féminins et masculins chez les filles? 

Sandrine: Je ne connais pas les chiffres, mais il n'y a pas 50% de femmes, ça, c'est sûr. Lors de ma première saison, nous étions deux dans la division. Je crois que c'est encore le cas aujourd'hui, j'ai juste une collègue à Mons. Il faut dire que pour coacher à ce niveau, il faut posséder l'UEFA B ou être en cours de formation.  Peut-être la répartition est-elle un peu plus équilibrée en provinciales? 

CC: N'est-ce pas plus facile pour celles-ci d'avoir une femme à leur tête?

Sandrine: Si je me base sur mon expérience de joueuse, je crois effectivement qu'une femme est plus à même de comprendre un groupe du même sexe.  Peut-être aura-t-elle un peu plus de feeling qu'un homme, qui mettra plus vite une barrière? Avec des filles de 15-16 ans, j'ai parfois presque l'impression d'être leur maman. Une autre hypothèse serait qu'un homme va davantage se focaliser sur le résultat, là où une dame va plus regarder l'évolution, le processus d'apprentissage. Mais ce sont là des généralités. Je connais des messieurs qui sont très pédagogues, et moi aussi j'ai envie qu'on gagne tous les matchs! (rires)

CC: J'ai pu remarquer la bonne humeur qui régnait dans le groupe et toute la complicité qu'il y avait entre vous...

Sandrine: Oui, j'entretiens de bonnes relations avec chaque joueuse. Il y a dans le groupe des filles que je connais depuis des années, certaines avec qui j'ai joué. Il faut trouver le juste équilibre entre une joyeuse complicité et le respect de la hiérarchie, quand je prends une décision. Je suis pour le coaching participatif, on peut discuter les choix tactiques. Mais il ne faudrait pas confondre discussion et contestation. Disons qu'il s'agit d'une autonomie encadrée.




CC: Dommage, pas grave, c'est rien... Je t'ai souvent entendue les rassurer. C'est une dimension importante de ta tâche?

Sandrine: Les filles ont besoin d'être encouragées. S'il est parfois nécessaire de piquer des garçons dans leur amour-propre, avec elles, ça ne fonctionnera pas. Elles doivent sentir la confiance, qu'on est derrière elles. Pour la plupart, si je les engueule, je les ai perdues...



CC: Posez le jeu: voilà un autre fil conducteur de ton coaching. Tu leur rappelais même à la mi-temps que, sans ça, elles ne s'amuseraient pas...

Sandrine: En D2, c'est le cas de la majorité des équipes, à l'image de Gand. Rarement des longs ballons, un jeu au sol pour 90% du temps. Mes filles sont dans cette optique aussi. Elles ont envie de toucher le ballon, et que celui-ci circule bien. Lors d'un récent match amical face à Woluwé, nous avons certes perdu, mais le resssenti était positif. À l'entraînement, on travaille beaucoup les six mètres. Les défenseuses doivent demander dans le rectangle.



CC: Les visiteuses de Gooik sont apparues plus roublardes, voire plus vicieuses (petites fautes pour empêcher les reconversions, qui plus est encouragées par leur coach - t'is genoeg! - gain de temps...). Un peu naïves, les tiennes?

Sandrine: C'est sûr, les Flamandes sont plus malicieuses. La plupart de mes filles sont trop gentilles. Elles aiment le jeu et ne cherchent pas à le casser. Même si les plus anciennes essayent de leur insuffler un supplément de caractère et de roublardise.

CC: Vous allez donc au devant d'un championnat qui s'annonce compliqué?

Sandrine: Il y a deux séries de 14 équipes, et dans chacune cinq descendants! Il faut en effet laisser la place à dix montants, un par province. Nous sommes versées dans la série A, la plus relevée, avec seulement deux clubs wallons, Mons et nous. Le programme s'annonce d'entrée "rock'n roll" avec un déplacement à Zulte et la réception de Brakel avec qui nous entretenons une vieille rivalité.



CC: Est-ce que je me trompe en affirmant que les scores fleuves sont plus nombreux que chez les garçons?

Sandrine: Ca dépend, mais il est vrai qu'il y a souvent des écarts plus larges que chez les hommes. En D2, il y a cinq ou six "intouchables", et pour le reste, des matchs fort disputés. Dans notre série, on trouve les équipes B de Gand, Bruges, Zulte... Lorsqu'elles alignent ne fût-ce que deux joueuses de Super League, celles-ci font la différence, tant le gouffre est immense! Et dans ce cas, les buts peuvent défiler quand l'opposition s'écroule...


Le point de vue d'un homme: Philippe VENTUROSO, ex-coach du Femina Sporting de Charleroi (Super League)

"Une découverte à tous les niveaux"




"J'ai découvert le foot féminin la saison dernière, et on peut dire que je m'y suis éclaté, j'ai kiffé à fond! À mon arrivée pourtant, les filles étaient mal en point(s) au classement. Mais le second tour fut nettement meilleur et la progression évidente. Face à Louvain et au Standard de Liège, les raclées de l'aller se sont transformées en défaites honorables. Il y a des écarts importants entre les grosses écuries, comme Anderlecht et Genk, qui comportent de nombreuses internationales belges et étrangères, et les autres. Entre la Super League et la D1, le fossé est énorme, peut-être manque-t-il une série intermédiaire." 

"J'ai été réellement impressionné par l'implication, la mentalité, les connaissances, l'habileté technique et l'analyse tactique des joueuses. Évidemment il s'agit du haut niveau, et ces filles ont eu un écolage de qualité."

"Elles font leur sport pleinement. Quand elles ont déposé leur sac et mis leur tenue, elles sont là pour bosser, même si elles sont fatiguées. Elles se sont engagées, elles vont assumer. Le taux de présence est maximal et elles se donnent pour ce que tu as préparé. Si ça ne passe pas et qu'elles ne sont pas en accord avec tes idées, elles vont te le dire, avec franchise et honnêteté. Il y a beaucoup de réflexion dans leur jeu. En matière de coulissement, de pressing, elles posent de bonnes questions, pas pour aller gratuitement à l'encontre de tes idées, mais dans un sens constructif. Il faut être à leur écoute. Si tu tiens compte de leurs souhaits, tu obtiens des résultats."




"On ne peut pas dire les choses à une femme comme à un homme, du style Tu me casses les..., sinon elle risque de se braquer. C'est un peu comme à la maison en fait: si elle te fait la gueule, c'est qu'il y a une bonne raison. Mais si elle est en osmose avec toi, elle s'épanouit..."

"Il faut tenir compte des périodes où les joueuses sont réglées, ça influe sur leur comportement, ainsi qu'au niveau physique."

 "J'aurais aimé poursuivre, mais le club a décidé d'accorder sa confiance à l'internationale Aline Zeler. Désormais, je serais encore bien tenté par le niveau Élite, hommes ou femmes, avant de retrouver le football provincial."



jeudi 12 août 2021

Steven DANGREMONT (RFC Tournai B): "Une équipe de jeunes dans un championnat d'adultes"

 Steven DANGREMONT, 36 ans, diplômé UEFA B - "Je m'attaquerai à l'UEFA A quand j'aurai un peu plus de temps".




Parcours de coach: U17 au FC Ostiches, US Thumaide foot à 8, Géants Athois U12-U13 Nationaux avec Jean-Marie Sainthuile, Excel Mouscron foot à 8 - "Après 4-5 saisons, je souhaitais passer au foot à 11; tous les postes étant attribués, j'ai dû me résoudre à quitter le Futuro" -, Leuze-Lignette équipe première - "Une leçon de vie, une expérience difficile mais qui m'a permis de grandir" - deuxième saison au Luc Varenne - "Je suis là pour apprendre"




Côté Coach: La moyenne d'âge de ton équipe est très basse. Quelques gars d'expérience quand même pour entourer tous ces jeunes?

Steven: La moyenne d'âge du groupe est de 19 ans. Les deux tiers sont nés entre 99 et 2003. Ludwig Caink est le seul adulte présent dans le noyau. Il faut faire preuve de patience pour les faire grandir doucement, c'est un projet que j'apprécie.

CC: Avec un groupe aussi jeune, le coach doit-il plutôt se montrer strict ou protecteur?




Steven: Les deux. Il faut mettre des règles, les jeunes en sont demandeurs. Ils savent inconsciemment qu'ils ont besoin d'un cadre. Ensuite, il faut surtout se mettre à leur écoute. On ressent directement quand quelque chose ne va pas en eux. À leurs attitudes, leurs réactions, leur nervosité, leurs absences aussi. Des soucis familiaux ou personnels influent fortement sur leurs performances. D'où la nécessité de discuter souvent avec eux, après l'entraînement, ou au téléphone. Je suis un peu leur grand frère, voire parfois leur psychologue...

CC: Grégory Voiturier, ton prédécesseur, nous confiait que ces jeunes en voulaient vraiment, et acceptaient volontiers les trois entraînements/semaine. Tu confirmes?

Steven: Au début de la saison dernière, il n'y avait effectivement aucun souci pour programmer les trois séances hebdomadaires. C'est moins évident pour l'instant, conséquence inévitable du Covid. Les gamins sont dépendants des parents, qui aspiraient logiquement aux vacances. La fréquentation s'en ressent. Nous nous y adaptons en travaillant en binôme avec les U19. Mais j'ai des gars volontaires, qui viennent parfois de Lille ou de Bruxelles en train, puis en trottinette électrique vers le stade...




CC: Si le discours officiel est de préparer ces jeunes à l'équipe fanion, qu'en est-il réellement? Ont-ils une vraie chance d'y accéder? L'observateur neutre a de sérieuses raisons d'en douter...

Steven: Le problème n'est pas propre à Tournai. C'est pareil un peu partout. Combien d'équipes ont des U21 titulaires? En ce qui me concerne, j'adhère totalement à l'organisation mise en place par Eddy Callaert. Sincèrement, le potentiel de nombre de ces jeunes joueurs est réel. Avec du travail, il y a vraiment moyen d'en tirer quelque chose. L'objectif est d'essayer d'en amener un ou deux chaque année dans le noyau A, comme c'est aujourd'hui le cas d'Aurélien Dumoulin. Chaque semaine, ceux qui travaillent bien vont s'entraîner avec la D3, notamment pour l'opposition du vendredi. C'est un peu la carotte pour les récompenser du bon match du week-end précédent. Mais il faut bien se rendre à l'évidence: les Espoirs, ça va, ça vient; ils sont souvent trop pressés, et puis certains clubs arrivent en leur promettant de l'argent. Mais si nous permettons à ces gamins de percer en P1 ou en P2 dans des cercles de la région, c'est gratifiant également. Je me suis par exemple réjoui de voir Sullivan Bachely rejoindre Fabien Delbeeke à Obigies. 

CC: Tu t'es lancé jeune dans le métier. Des coachs qui t'inspirent?

Steven: Parmi les entraîneurs que j'ai connus en tant que joueur, deux noms me viennent à l'esprit: Yannick Carlier, qui m'a transféré du SK Renaix à la Montkainoise. Il m'y a coaché deux saisons. J'ai aimé son approche, ses méthodes de travail, et plus particulièrement ses évaluations d'après-match, des rapports semblables à ceux que je devais remettre avec les jeunes élites. Quant à Michel Di Giugnio, à Tertre, c'est le premier qui nous a fait travailler par postes, dans les intermittents par exemple. Une touche de professionalisme dans le foot provincial, pourquoi pas? Moi, en tout cas, ça m'a plu, et je reste en très bon contact avec eux.

CC: Quels sont tes objectifs à moyen terme?

Steven: D'abord grandir année après année, sans se précipiter ni se montrer trop gourmand, car le milieu n'est pas évident! À terme, j'aimerais pouvoir coacher en Nationale, tout en restant fidèle à mes principes: faire confiance aux jeunes, comme c'est actuellement le cas au SK Renaix où évolue mon fils Karim. En les entourant d'un adulte expérimenté par ligne. Leur donner un vrai temps de jeu. Il y a une prise de risques, mais je suis persuadé que c'est possible. L'avenir de nombreux clubs ne passe-t-il pas par là?





mercredi 11 août 2021

Yves Moreau (FC Ellezelles) et le team building: "Un bénéfice énorme"

 Yves Moreau a emmené fin juillet son équipe du FC Ellezelles (P3) pour un week-end de team building à La Roche-en-Ardenne, dans un gîte de grande capacité. Du vendredi soir au dimanche fin d'après-midi, deux jours complets de vie commune afin de souder le groupe et intégrer la douzaine de nouveaux joueurs. Une initiative que le coach n'a pas imposée d'autorité, mais convenu avec ses gars, ceux-ci devant y aller de leur poche pour compléter la cagnotte existante suite à un repas organisé il y a deux ans de cela.

Pour Côté Coach, Yves nous livre ses impressions sur ce temps fort de sa préparation.

Responsabiliser

"Ce week-end était un projet d'équipe. Il était important pour moi que les joueurs s'investissent dans l'organisation, que tout ne repose pas sur les épaules d'une seule personne. Une cellule de 4 ou 5 s'est créée pour bien répartir les nombreuses tâches: chercher le logement, réserver, récolter l'argent, payer, faire les courses, etc."

Un bon challenge


Sur place, au gré des arrivées successives, pétanque, billard et kicker en attendant le premier rassemblement autour d'un traditionnel spaghetti d'ouverture. Quant au samedi matin, il était axé autour d'un concours par équipes avec différents jeux très fun comme un lancer d'oeufs ou un molkky: "En plus du plaisir, il y avait une vraie émulation car en fonction du classement, il y avait des tâches, ou disons plutôt des corvées, à choisir!"

Accueil chaleureux




L'après-midi était initialement prévu un match face aux voisins d'Anvaing qui étaient eux aussi censés se retrouver en stage dans la région, mais hélas leur camping a été victime des terribles inondations. "Nous avons alors lancé un appel sur Facebook, auquel ont favorablement répondu les Réserves de Tenneville. Une opposition suffisante après les libations de la veille! Seul un joueur qui ne boit pas d'alcool a su évoluer à son niveau." Yves et ses hommes ont pu vérifier le sens de l'accueil des Ardennais, sous forme d'une sympathique réception après la rencontre.

Grosse ambiance




La seconde soirée promettait d'être encore plus festive que la veille: barbecue, Time's Up party organisée par Steven Visée - "un joueur cadre, très précieux, qui apporte son expérience aux plus jeunes et prend ses responsabilités" - et les chants des nouveaux - "très à l'aise, ils n'ont pas eu peur de se tourner en ridicule, il est vrai que l'alcool désinhibe" (rires) - ainsi que ceux mis au point par le gardien, Jérôme Defrançois: "comme un Capo dans une tribune d'ultras, il a créé de futurs chants de victoire. Un fameux leader d'ambiance, je crois bien qu'il n'a pas dormi du séjour!"

Prendre sur soi

Les excès inhérents à ce genre de rassemblement sont inévitables. Pas toujours évident pour le responsable sportif: "J'ai bien dû prendre sur moi par rapport à la fête; ils dansent, ils chantent, ils boivent, et ça devient vite incontrôlable. En même temps, c'est pour ça qu'on l'organise. Et puis, ils ont assuré les lendemains."

Comme des enfants

Après le rangement et le nettoyage du dimanche matin, les troupes se sont rapprochées de leurs Collines avec un resto et un laser game à Mons, "où nous nous sommes éclatés comme des gamins!" 




Ca vaut le coup!

"Nous avons passé de très bons moments, beaucoup ri, et nous nous sommes créé des souvenirs forts. Avec un noyau en pleine reconstruction, c'était idéal pour apprendre à mieux se connaître. Prendre les repas ensemble favorise considérablement la cohésion. Le jeu soude les liens. Les joueurs sont de plus en plus à l'aise les uns avec les autres. Ils pourront ainsi se dire plus facilement les choses sur le terrain, ça ne peut être que bénéfique." 



 

Le retour de quelques joueurs

Quentin SCHRIJERS, attaquant, 23 ans: 

"Je suis nouveau au club, et en tant que jeune joueur, c'est la première fois que je participe à un stage de ce genre. C'était vraiment chouette, ça m'a libéré et permis de bien m'intégrer. Toutes ces petites activités favorisent pleinement la cohésion de groupe. J'ai été le premier à devoir chanter, ça ne m'a pas posé problème, car j'ai une personnalité qui aime s'amuser."

Lamjed ABI LOFT, demi offensif, 38 ans:

"C'est une nouvelle équipe pour moi aussi. Ce week-end m'a permis de faire connaissance avec mes équipiers, de resserrer les liens et d'ainsi contribuer à une bonne entente. C'était cool, je trouve toujours top ce genre d'expérience."

Jérôme DEFRANCOIS, gardien, 24 ans, 3e saison au club 

"L'ensemble du week-end était vraiment sympa, parfait pour créer des liens, mais je retiendrais particulièrement les deux soirées. Avec Adrien Vancrombrughe, qui est un peu mon petit frère au club, nous nous sommes éclatés à fond. Tout au plus avons-nous dormi une heure ou deux. Même les plus réservés s'y sont mis. Quentin Schrijers, par exemple, m'a impressionné, il s'est mis dans le bain tout de suite. Yves m'avait demandé de créer des chants pour le vestiaire. J'avais travaillé là-dessus. Sur un des deux chants, tout le monde s'est rejoint. Au niveau collectif, pour l'union du groupe, c'est un bel accomplissement."

Édouard DEWULF, médian, 26 ans, 2e saison au club

"Nous connaissons tous les raisons d'être d'un team-building, faire plus ample connaissance avec les nouveaux arrivants, surtout que cette année ils sont nombreux. Du coup, on doit tous refaire une partie du chemin vers l'autre. Le coach et ses capitaines étaient là pour mettre de l'organisation dans ces journées, il y avait des moments pour s'amuser, d'autres plus sérieux. C'est très appréciable pour entrer dans une nouvelle saison, d'autant plus ces dernières années avec l'interruption des championnats successifs. Ca permet aux gens de se lâcher, de se détendre avec leurs futurs partenaires. Dans la vie d'un groupe, c'est super important qu'on puisse se faire confiance et se dire les choses, positives comme négatives. Ca portera ses fruits, je crois."

samedi 7 août 2021

François ECHEVIN: "Je tiens à ce que mes joueurs n'aiment pas perdre"

 Après une dernière saison comme joueur à l'AC Anvaing, François Echevin est revenu à 30 ans dans son club formateur, le RSC Templeuvois, afin d'y exercer la double fonction de joueur-entraîneur de l'équipe B. Avec une réussite immédite et une accession à la P3 au terme d'un duel acharné avec le Rongy de Philo Deschryver.

En 2019, souhaitant s'occuper d'une équipe A, François décide de relever un nouveau défi en prenant en mains les destinées du FC Esplechin. Là aussi, le succès est directement au rendez-vous, les Vert et Noir accédant à la P2 à la fin d'une saison écourtée de quelques journées mais après une domination constante. Si en P3, François a encore été amené à chausser les crampons suite à des problèmes défensifs, il peut aujourd'hui se consacrer pleinement au coaching.



CC: François, cette transition de joueur à coach était-elle pour toi un passage allant de soi?

FE: Ca a toujours été dans ma personnalité de coacher. De par mon métier d'abord - François est professeur d'éducation physique au Collède Saint-Augustin d'Enghien -. Ce qui explique pourquoi je ne suis pas longtemps passé par les équipes de jeunes. S'occuper d'adultes m'offrant davantage de variété. Sur le terrain, après avoir essentiellement exercé comme latéral droit, je suis rentré dans l'axe, et cette position de défenseur central d'où l'on voit bien le jeu suscite naturellement le coaching. À ce propos, j'ai pu constater toute la difficulté de bien lire le jeu depuis le banc de touche et son angle de vue latéral.

CC: Tu es passé par les formations de l'Union Belge?

FE: Je suis effectivement titulaire du Brevet A, ce qui correspond à trois années de formation. Je suis descendu du train avant la quatrième et dernière pour des raisons personnelles. Restaurer une maison, combiner vie de famille et professionnelle avec des cours hebdomadaires qui exigent de faire de la route et toutes les préparations qui sont demandées, sans parler des entraînements qu'il faut continuer à assurer, cela engendrait à mes yeux trop de contraintes pour l'envisager sereinement.

CC: Par rapport au statut de joueur, qu'est-ce qui te paraît le plus lourd dans la fonction de coach?

FE: J'ai connu plusieurs entraîneurs qui ne donnaient pas beaucoup d'explications aux réservistes. Je le fais de mon côté, mais j'ai parfois l'impression que plus tu expliques, plus le joueur a du mal à accepter. Argumenter ses choix prend du temps et de l'énergie! Il faut aussi choisir le bon moment pour le faire. De plus, dans bien des cas, il n'y a pas vraiment d'explication, c'est une question de feeling. Je ne voudrais pas non plus paraître vieux jeu, mais il me semble que la génération actuelle est plus difficile, a du mal à se remettre en question. Les joueurs devraient pourtant comprendre qu'un remplaçant a toute son importance: faire la différence, élever le niveau de jeu, et non l'inverse. C'est naturel de râler, mais ça ne doit pas plomber l'ambiance et déteindre sur la performance.

S'il se confirme que l'on a droit à 5 changements, cela ne va pas simplifier les choses. En plus de la difficulté pour les petits clubs, les coachs vont encore se torturer davantage l'esprit pour en faire rentrer cinq, histoire de les satisfaire...

CC: Tout juste 5 matchs la saison dernière, suffisant pour te familiariser à la P2?

FE: Cette entame de compétition a suffi pour me conforter dans mes idées quant aux changements inhérents au saut d'une division: l'attention apportée aux phases arrêtées, les duels physiques, les changements de rythme dans le match, pouvoir laisser le ballon à l'adversaire là où en P3 nous avions davantage la possession.




CC: Quelles sont les lignes directrices qui sont les tiennes?

FE: Tactiquement, je ne suis pas figé à un système; c'est l'animation qui compte. Évoluer en 4-5-1, en 3-5-2, cela dépend du groupe mis à notre disposition, ainsi que de l'opposition. Dans ma causerie d'avant-match, je réserve 5 minutes pour évoquer les points forts de l'adversaire (danger sur de longues touches, jeu direct vers l'avant, etc.) et les faiblesses exploitables, avant d'appuyer sur nos propres qualités.

Sur le plan de l'animation, je leur demande beaucoup de mobilité, afin de permettre de trouver l'homme libre dans l'intervalle entre les lignes adverses.

Ma philosophie de travail se base essentiellement sur l'esprit de groupe, pouvoir travailler les uns pour les autres. Si cette solidarité se manifeste dans les moments difficiles d'un match, cela peut faire la différence. Dans les petits jeux en semaine, je veux voir l'envie de gagner. Je n'aime pas perdre, et je souhaite qu'il en soit de même pour mes joueurs.

CC: Comment travailles-tu cet esprit de groupe?

FE: De différentes manières. Par exemple, il nous arrive en avant-saison d'organiser un cross au départ de chez l'un ou l'autre, que nous faisons suivre d'un verre voire d'un repas. À l'entraînement, j'aime bien les petits défis, les petits jeux où je peux les taquiner; à ce propos, j'ai gardé un esprit fort gamin, ce qui aide. Ou encore les laisser à l'occasion composer les équipes pour le démarquage. Au final tout cela resserre les liens.




CC: As-tu pu tirer quelques enseignements du récent Euro?

FE: Sur le plan de la cohésion, justement, j'ai comme tout le monde été frappé par l'Italie de Mancini. Qui a eu le bon goût de faire participer toute sa sélection, ce qui s'est avéré être une gestion payante. Prenons l'exemple de Locatelli qui signe deux grosses prestations, avec un doublé contre la Suisse, avant de se retrouver systématiquement sur le banc tout en maintenant son niveau à chaque montée au jeu! La réaction du groupe à la blessure de Spinazzola est hautement révélatrice de cette excellente mentalité collective.




CC: Quels sont les points sur lesquels tu penses pouvoir t'améliorer?

FE: Difficile à dire. Je devrais peut-être parfois tempérer mon coaching en bord de terrain, me mettre plus en retrait. Si certains joueurs ont besoin qu'on soit derrière eux, d'autres préfèrent être plus libres. Étant encore jeune, il se peut également que je manque de distance à leur égard. Quant à la tactique, on apprend toujours, et on peut s'inspirer de ce qu'on voit chez les autres.