jeudi 12 août 2021

Steven DANGREMONT (RFC Tournai B): "Une équipe de jeunes dans un championnat d'adultes"

 Steven DANGREMONT, 36 ans, diplômé UEFA B - "Je m'attaquerai à l'UEFA A quand j'aurai un peu plus de temps".




Parcours de coach: U17 au FC Ostiches, US Thumaide foot à 8, Géants Athois U12-U13 Nationaux avec Jean-Marie Sainthuile, Excel Mouscron foot à 8 - "Après 4-5 saisons, je souhaitais passer au foot à 11; tous les postes étant attribués, j'ai dû me résoudre à quitter le Futuro" -, Leuze-Lignette équipe première - "Une leçon de vie, une expérience difficile mais qui m'a permis de grandir" - deuxième saison au Luc Varenne - "Je suis là pour apprendre"




Côté Coach: La moyenne d'âge de ton équipe est très basse. Quelques gars d'expérience quand même pour entourer tous ces jeunes?

Steven: La moyenne d'âge du groupe est de 19 ans. Les deux tiers sont nés entre 99 et 2003. Ludwig Caink est le seul adulte présent dans le noyau. Il faut faire preuve de patience pour les faire grandir doucement, c'est un projet que j'apprécie.

CC: Avec un groupe aussi jeune, le coach doit-il plutôt se montrer strict ou protecteur?




Steven: Les deux. Il faut mettre des règles, les jeunes en sont demandeurs. Ils savent inconsciemment qu'ils ont besoin d'un cadre. Ensuite, il faut surtout se mettre à leur écoute. On ressent directement quand quelque chose ne va pas en eux. À leurs attitudes, leurs réactions, leur nervosité, leurs absences aussi. Des soucis familiaux ou personnels influent fortement sur leurs performances. D'où la nécessité de discuter souvent avec eux, après l'entraînement, ou au téléphone. Je suis un peu leur grand frère, voire parfois leur psychologue...

CC: Grégory Voiturier, ton prédécesseur, nous confiait que ces jeunes en voulaient vraiment, et acceptaient volontiers les trois entraînements/semaine. Tu confirmes?

Steven: Au début de la saison dernière, il n'y avait effectivement aucun souci pour programmer les trois séances hebdomadaires. C'est moins évident pour l'instant, conséquence inévitable du Covid. Les gamins sont dépendants des parents, qui aspiraient logiquement aux vacances. La fréquentation s'en ressent. Nous nous y adaptons en travaillant en binôme avec les U19. Mais j'ai des gars volontaires, qui viennent parfois de Lille ou de Bruxelles en train, puis en trottinette électrique vers le stade...




CC: Si le discours officiel est de préparer ces jeunes à l'équipe fanion, qu'en est-il réellement? Ont-ils une vraie chance d'y accéder? L'observateur neutre a de sérieuses raisons d'en douter...

Steven: Le problème n'est pas propre à Tournai. C'est pareil un peu partout. Combien d'équipes ont des U21 titulaires? En ce qui me concerne, j'adhère totalement à l'organisation mise en place par Eddy Callaert. Sincèrement, le potentiel de nombre de ces jeunes joueurs est réel. Avec du travail, il y a vraiment moyen d'en tirer quelque chose. L'objectif est d'essayer d'en amener un ou deux chaque année dans le noyau A, comme c'est aujourd'hui le cas d'Aurélien Dumoulin. Chaque semaine, ceux qui travaillent bien vont s'entraîner avec la D3, notamment pour l'opposition du vendredi. C'est un peu la carotte pour les récompenser du bon match du week-end précédent. Mais il faut bien se rendre à l'évidence: les Espoirs, ça va, ça vient; ils sont souvent trop pressés, et puis certains clubs arrivent en leur promettant de l'argent. Mais si nous permettons à ces gamins de percer en P1 ou en P2 dans des cercles de la région, c'est gratifiant également. Je me suis par exemple réjoui de voir Sullivan Bachely rejoindre Fabien Delbeeke à Obigies. 

CC: Tu t'es lancé jeune dans le métier. Des coachs qui t'inspirent?

Steven: Parmi les entraîneurs que j'ai connus en tant que joueur, deux noms me viennent à l'esprit: Yannick Carlier, qui m'a transféré du SK Renaix à la Montkainoise. Il m'y a coaché deux saisons. J'ai aimé son approche, ses méthodes de travail, et plus particulièrement ses évaluations d'après-match, des rapports semblables à ceux que je devais remettre avec les jeunes élites. Quant à Michel Di Giugnio, à Tertre, c'est le premier qui nous a fait travailler par postes, dans les intermittents par exemple. Une touche de professionalisme dans le foot provincial, pourquoi pas? Moi, en tout cas, ça m'a plu, et je reste en très bon contact avec eux.

CC: Quels sont tes objectifs à moyen terme?

Steven: D'abord grandir année après année, sans se précipiter ni se montrer trop gourmand, car le milieu n'est pas évident! À terme, j'aimerais pouvoir coacher en Nationale, tout en restant fidèle à mes principes: faire confiance aux jeunes, comme c'est actuellement le cas au SK Renaix où évolue mon fils Karim. En les entourant d'un adulte expérimenté par ligne. Leur donner un vrai temps de jeu. Il y a une prise de risques, mais je suis persuadé que c'est possible. L'avenir de nombreux clubs ne passe-t-il pas par là?





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