Après une dernière saison comme joueur à l'AC Anvaing, François Echevin est revenu à 30 ans dans son club formateur, le RSC Templeuvois, afin d'y exercer la double fonction de joueur-entraîneur de l'équipe B. Avec une réussite immédite et une accession à la P3 au terme d'un duel acharné avec le Rongy de Philo Deschryver.
En 2019, souhaitant s'occuper d'une équipe A, François décide de relever un nouveau défi en prenant en mains les destinées du FC Esplechin. Là aussi, le succès est directement au rendez-vous, les Vert et Noir accédant à la P2 à la fin d'une saison écourtée de quelques journées mais après une domination constante. Si en P3, François a encore été amené à chausser les crampons suite à des problèmes défensifs, il peut aujourd'hui se consacrer pleinement au coaching.
CC: François, cette transition de joueur à coach était-elle pour toi un passage allant de soi?
FE: Ca a toujours été dans ma personnalité de coacher. De par mon métier d'abord - François est professeur d'éducation physique au Collède Saint-Augustin d'Enghien -. Ce qui explique pourquoi je ne suis pas longtemps passé par les équipes de jeunes. S'occuper d'adultes m'offrant davantage de variété. Sur le terrain, après avoir essentiellement exercé comme latéral droit, je suis rentré dans l'axe, et cette position de défenseur central d'où l'on voit bien le jeu suscite naturellement le coaching. À ce propos, j'ai pu constater toute la difficulté de bien lire le jeu depuis le banc de touche et son angle de vue latéral.
CC: Tu es passé par les formations de l'Union Belge?
FE: Je suis effectivement titulaire du Brevet A, ce qui correspond à trois années de formation. Je suis descendu du train avant la quatrième et dernière pour des raisons personnelles. Restaurer une maison, combiner vie de famille et professionnelle avec des cours hebdomadaires qui exigent de faire de la route et toutes les préparations qui sont demandées, sans parler des entraînements qu'il faut continuer à assurer, cela engendrait à mes yeux trop de contraintes pour l'envisager sereinement.
CC: Par rapport au statut de joueur, qu'est-ce qui te paraît le plus lourd dans la fonction de coach?
FE: J'ai connu plusieurs entraîneurs qui ne donnaient pas beaucoup d'explications aux réservistes. Je le fais de mon côté, mais j'ai parfois l'impression que plus tu expliques, plus le joueur a du mal à accepter. Argumenter ses choix prend du temps et de l'énergie! Il faut aussi choisir le bon moment pour le faire. De plus, dans bien des cas, il n'y a pas vraiment d'explication, c'est une question de feeling. Je ne voudrais pas non plus paraître vieux jeu, mais il me semble que la génération actuelle est plus difficile, a du mal à se remettre en question. Les joueurs devraient pourtant comprendre qu'un remplaçant a toute son importance: faire la différence, élever le niveau de jeu, et non l'inverse. C'est naturel de râler, mais ça ne doit pas plomber l'ambiance et déteindre sur la performance.
S'il se confirme que l'on a droit à 5 changements, cela ne va pas simplifier les choses. En plus de la difficulté pour les petits clubs, les coachs vont encore se torturer davantage l'esprit pour en faire rentrer cinq, histoire de les satisfaire...
CC: Tout juste 5 matchs la saison dernière, suffisant pour te familiariser à la P2?
FE: Cette entame de compétition a suffi pour me conforter dans mes idées quant aux changements inhérents au saut d'une division: l'attention apportée aux phases arrêtées, les duels physiques, les changements de rythme dans le match, pouvoir laisser le ballon à l'adversaire là où en P3 nous avions davantage la possession.
CC: Quelles sont les lignes directrices qui sont les tiennes?
FE: Tactiquement, je ne suis pas figé à un système; c'est l'animation qui compte. Évoluer en 4-5-1, en 3-5-2, cela dépend du groupe mis à notre disposition, ainsi que de l'opposition. Dans ma causerie d'avant-match, je réserve 5 minutes pour évoquer les points forts de l'adversaire (danger sur de longues touches, jeu direct vers l'avant, etc.) et les faiblesses exploitables, avant d'appuyer sur nos propres qualités.
Sur le plan de l'animation, je leur demande beaucoup de mobilité, afin de permettre de trouver l'homme libre dans l'intervalle entre les lignes adverses.
Ma philosophie de travail se base essentiellement sur l'esprit de groupe, pouvoir travailler les uns pour les autres. Si cette solidarité se manifeste dans les moments difficiles d'un match, cela peut faire la différence. Dans les petits jeux en semaine, je veux voir l'envie de gagner. Je n'aime pas perdre, et je souhaite qu'il en soit de même pour mes joueurs.
CC: Comment travailles-tu cet esprit de groupe?
FE: De différentes manières. Par exemple, il nous arrive en avant-saison d'organiser un cross au départ de chez l'un ou l'autre, que nous faisons suivre d'un verre voire d'un repas. À l'entraînement, j'aime bien les petits défis, les petits jeux où je peux les taquiner; à ce propos, j'ai gardé un esprit fort gamin, ce qui aide. Ou encore les laisser à l'occasion composer les équipes pour le démarquage. Au final tout cela resserre les liens.
CC: As-tu pu tirer quelques enseignements du récent Euro?
FE: Sur le plan de la cohésion, justement, j'ai comme tout le monde été frappé par l'Italie de Mancini. Qui a eu le bon goût de faire participer toute sa sélection, ce qui s'est avéré être une gestion payante. Prenons l'exemple de Locatelli qui signe deux grosses prestations, avec un doublé contre la Suisse, avant de se retrouver systématiquement sur le banc tout en maintenant son niveau à chaque montée au jeu! La réaction du groupe à la blessure de Spinazzola est hautement révélatrice de cette excellente mentalité collective.
CC: Quels sont les points sur lesquels tu penses pouvoir t'améliorer?
FE: Difficile à dire. Je devrais peut-être parfois tempérer mon coaching en bord de terrain, me mettre plus en retrait. Si certains joueurs ont besoin qu'on soit derrière eux, d'autres préfèrent être plus libres. Étant encore jeune, il se peut également que je manque de distance à leur égard. Quant à la tactique, on apprend toujours, et on peut s'inspirer de ce qu'on voit chez les autres.
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