vendredi 20 août 2021

Giovanni SEYNHAEVE (RFC Luingne): "Nous cherchons à produire un football de qualité"

Ancien latéral droit ayant connu le plus haut niveau à l'Excelsior Mouscron, passé ensuite entre autres par Tubize et Péruwelz avant de terminer sa carrière dans les divisions provinciales flamandes, le Mouscronnois de 45 ans a découvert le coaching avec les U16 Élites de l'Excel, avant d'intégrer le staff du noyau pro comme adjoint de Fernando Da Cruz. Il entame sa quatrième saison à Luingne, où il est initialement arrivé pour seconder son ami Steve Dugardein.



Comme vous pourrez le constater, il y a une remarquable adéquation entre les principes énoncés par le coach et le ressenti de ses joueurs, ce qui est le signe évident d'une parfaite authenticité. Indiscutablement, Giovanni fait ce qu'il dit...

Côté Coach: On parle toujours aujourd'hui en France du jeu à la nantaise. Toutes proportions gardées, peut-on semblablement évoquer un jeu à la luingnoise?

Giovanni: La référence me plaît, en tout cas! On essaye effectivement de jouer au foot, de repartir proprement de l'arrière et de progresser vers l'avant par une circulation de balle fluide. Quand c'est possible, bien sûr. Car certains terrains de provinciales nous ont déjà joué des tours...

CC: Comment travailles-tu ce jeu construit à l'entraînement ?

Giovanni: Beaucoup de possessions de balle, de jeux de conservation dans les petits espaces. Savoir s'en sortir quand le champ est restreint, cela prépare à la situation rencontrée quand il y a un gros press de l'adversaire, sur le gardien ou nos défenseurs notamment.




CC: Mets-tu également au point des automatismes offensifs en répétant des phases avec lignes de course prédéfinies?

Giovanni: Très peu. Pour moi, il y a deux conceptions correspondant aux deux moitiés de terrain. Dans la partie défensive, il faut être intransigeant dans l'énoncé et le respect des consignes. Dans la partie offensive par contre, je suis d'avis qu'il faut laisser s'exprimer librement l'instinct et la créativité des attaquants, pour autant qu'ils ne la jouent pas perso, mais qu'ils s'inscrivent toujours dans le collectif. Pour moi, robotiser est contraire à l'esprit du foot. Les automatismes viennent avec le temps. Quand les équipiers se connaissent, ils savent qu'un tel va écarter, qu'un autre va demander dans la profondeur...



© rfcluingnois.be

CC: À quel pourcentage évaluerais-tu l'importance du synthétique dans la qualité de votre jeu?

Giovanni: Énorme, je dirais facilement 70%. Cette surface favorise le jeu rapide, ce qui est très important. Et comme je le disais précédemment, cela nous oblige à nous adapter d'un week-end à l'autre aux surfaces en herbe.

CC: Pour obtenir la victoire, selon toi, c'est d'abord marquer un but de plus ou en encaisser un de moins?

Giovanni: Encaisser un but de moins. C'est peut-être l'influence de mon passé de joueur à vocation défensive, mais j'accorde une grande importance à l'organisation. La priorité est de poser les bases arrière.

CC: La griffe Giovanni Seynhaeve sur un groupe, c'est quoi?

Giovanni: Je pense d'abord être le plus positif possible, discuter, tout en sachant dire les choses quand ça ne va pas, mais les dire posément. Je n'élève que très rarement la voix. Je suis proche de mes joueurs sans l'être trop. 



Sur le plan du jeu proprement dit, essayer de poser le ballon, lever la tête, donner-bouger, ce qu'on travaille via les passer-suivre en semaine. Bref tenter de développer un football de qualité.

CC: Au niveau du foot provincial, quelles sont selon toi les composantes les plus importantes entre physique, mental, technique et tactique?

Giovanni: La mentalité passe bien avant le talent, encore plus en provinciales. Le comportement est capital, l'engagement, la motivation. A fortiori en déplacement, sur des petits terrains, où les duels sont encore plus nombreux. Au niveau tactique, les surprises sont très rares. La plupart des équipes évoluent dans un schéma classique (4-3-3). C'est le cas chez nous, et chacun connaît sa zone et les tâches à accomplir pour la maîtriser.





Le coach vu par ses joueurs

Jérôme DELECLUSE, 27 ans, défenseur et capitaine: "La carrière de Giovanni fait de lui un homme naturellement respecté dans le milieu. Sa vision du foot, c'est tout simplement venir au stade pour s'amuser et jouer au ballon. Très peu de physique pur, beaucoup de ballon, ce qui fait notre force, surtout à domicile sur notre beau terrain. Il a aussi la grinta et nous communique l'envie de se battre l'un pour l'autre. En dehors, c'est un peu notre pote, il n'est pas le dernier, comme on dit, ce qui renforce la cohésion du groupe. Ses causeries sont très brèves, un mot ou deux sur chaque ligne et le travail à accomplir. Il insiste surtout sur l'organisation défensive et le mouvement de nos offensifs. Le coach aime varier les systèmes même si notre 4-2-3-1 est le plus efficace car il y a une densité au milieu et énormément de mobilité devant."


                                                    



Émile WINDAL, 20 ans, médian: "Giovanni est avant tout un coach super proche de ses joueurs. Constamment à l'écoute et présent pour chacun. Son gros point fort est d'arriver à maintenir une grosse ambiance de camaraderie et de vie au sein du groupe, tout en restant très exigeant sur le terrain. S'amuser en étant sérieux et appliqué, c'est sa façon de faire la part des choses. Il sait créer un climat positif, que ce soit dans des petits jeux de compétition, ou dans des gages à réaliser en cas de défaite.




 Un vendredi sur deux, il organise le jeu de la latte, où les deux derniers doivent porter le "maillot qui pue" pour la quinzaine à venir... Une conjugaison de moments cool et fun, et d'autres où la rigueur et le sérieux sont de mise. 



Gros point positif pour nous les joueurs, c'est que tout se fait avec ballon: 95% du travail. Son passé de footballeur lui permet sans doute de comprendre que ce n'est pas forcément agréable de courir ou de s'entraîner sans ballon; il l'inclut dès lors au maximum dans ses séances. L'esprit de compétition instauré permet d'être sûr que chacun se donne à fond, et donc travaille physiquement sans forcément s'en rendre compte. Ensuite le coach est un partisan du beau football. À l'entraînement, on fait beaucoup de formes jouées et de possessions de balle, avec un grand nombre de variantes, mais toujours dans l'optique d'être performant.




 Niveau tactique, il insiste fortement sur la tâche défensive et sur le fait que ça doit être un travail de groupe: toujours aider le copain. Tout en laissant la liberté offensive, dans un système qu'il affectionne et qu'on connaît parfaitement. Il sait très bien que nous brider avec de multiples consignes ne nous favorisera pas. Autre point fort, c'est qu'il a 100% confiance en ses joueurs. Sur la touche, il ne panique jamais, et l'apport venu du banc reste positif même quand les choses tournent moins bien. 



S'il doit pousser une gueulante et remettre de l'ordre, cela se fera entre les quatre murs du vestiaire à la mi-temps. Il sait quand il doit nous réveiller, mais sans jamais se montrer négatif. Giovanni laisse aussi beaucoup de place à l'initiative. Il prône le dialogue et, quand certains proposent des idées, il est réellement à leur écoute. Ses causeries sont fort orientées sur l'état d'esprit, avec quelques rappels tactiques de base. Comme il le dit lui-même, ce n'est pas un fan des grands développements stratégiques avant un match.




Renaud REHEUL, 25 ans, attaquant, nouveau au club: "Ce que j'apprécie vraiment dans son discours, c'est surtout le fait qu'il ne cache pas ses ambitions. Il a une belle vision du foot, avec beaucoup de liberté offensive, ce qui ne peut que me plaire. Il est proche des joueurs et en même temps, il sait faire la part des choses sur et en dehors du terrain."




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