On entend très souvent dire qu'une saison se joue en janvier et en février. Faut-il y voir une idée toute faite? Quelle est la part de vérité de cette affirmation? Nous avons sollicité quelques coachs expérimentés pour avoir leur avis sur la question...
Jean-Do VESSIÉ
"Les mois de vérité"
Vieux routinier de la deuxième provinciale, Jean-Do connaît mieux que quiconque les risques de laisser-aller chez certains quand une coupure est décrétée et, qui plus est, coïncide avec les fêtes. L'état d'esprit et le sérieux du joueur dans la préparation invisible sont sujets à caution: "À Templeuve, nous avons pour habitude de maintenir les entraînements la semaine qui suit l'arrêt de la compétition. Mais certains trouvent un tas d'excuses pour ne pas venir. Et ne font plus rien pendant quinze jours."
Jean-Luc DELANGHE
"Comparable à un début de saison"
Aujourd'hui actif au sein du pôle d'entraîneurs de la REAL en D2 ACFF, Jean-Luc commence par nous rappeler l'importance de la trêve: "En première partie de saison, les joueurs - et les staffs!- sont fort sollicités. La coupure est prépondérante sur le plan psychologique. Mettre les contraintes à distance et se ressourcer dans le milieu familial fait le plus grand bien."
Patrice MEURANT
"L'état des terrains"
Aux conséquences déjà évoquées de la relâche, qui rendent indécise la dynamique de reprise, le coach péruwelzien ajoute la variable météorologique: "Le froid et des surfaces de jeu plus dures, les précipitations et des terrains plus lourds, certaines formations moins physiques s'adaptent plus difficilement, c'est un facteur qui peut influencer les performances."
Frédéric DEBAISIEUX
"La période la plus délicate à gérer"
En lien avec les conditions hivernales mentionnées par Patrice, Fred Debaisieux relève toute la difficulté de la remobilisation mentale: "Certains n'auront plus forcément la même motivation à venir s'entraîner dans des conditions parfois ingrates. Ceux qui n'ont pas eu le temps de jeu espéré trouveront-ils la force de se faire mal pour prouver au coach qu'il peut compter sur eux? Les absences peuvent se multiplier et compliquer l'abord des matchs." Précisant bien évidemment que les résultats du premier tour auront une incidence certaine sur l'implication générale.
Le coach molenbaisien apporte un autre élément à notre réflexion: "La période des transferts arrive de plus en plus tôt. Venu de Flandre, le phénomène se généralise chez nous. Même si les joueurs nous garantissent toujours de s'investir jusqu'au bout, dans les faits cela peut vite pourrir un vestiaire ou fragiliser l'autorité d'un staff."
Fred n'a aucun doute sur l'importance de la période et son impact sur le classement final: "Pouvoir passer cette période en gardant un groupe mobilisé, investi, motivé et respectueux de ses engagements est prépondérant pour la dernière ligne droite. Dans le cas contraire, la spirale négative peut vite s'installer, comme ce fut le cas pour Templeuve la saison dernière, ou Solre cette année, et il devient alors très difficile de s'en relever..."
Philippe BREYNE
"Cela peut conditionner la suite"
"Si tu brigues un prix ou que tu veux éviter une mauvaise surprise, le fait de traverser cette période bien ou mal peut avoir des conséquences." Même si le coach mouscronnois nuance en rappelant qu'il n'y a pas plus de points à distribuer à ce moment de la saison, il concède que la tournure des événements après la trêve peut influencer la suite des opérations: "Prenons l'exemple des menacés: si le calendrier prévoit des affrontements face aux concurrents directs en toute fin de saison et qu'une équipe s'écroule complètement avant, c'est foutu. Dans nos séries provinciales, vu la situation de Gosselies et, dans une moindre mesure, de Tertre-Hautrage en D3, il vaut mieux assurer ses arrières! Pareil en haut de tableau: Péruwelz joue Esplechin et la Squadra lors des deux dernières journées. Cela peut mettre du piment, mais tout peut aussi être décidé avant et rendre ces matchs soporifiques..."
Jérémy DESCARPENTRIES
"C'est à la fin du bal qu'on paye les musiciens"
Le désormais ex-coach du RFC Tournai met pour sa part l'accent sur le fait qu'une saison ne se joue évidemment pas sur deux mois et que la première qualité requise si l'on veut obtenir un prix est la constance: "La saison dernière, nous reprenons brillamment et capitalisons un 18/18, pour manquer de régularité en mars-avril et terminer à la cinquième place."
Il nous est arrivé personnellement de faire la même expérience. Si je compare les deux saisons passées à l'AC Anvaing: nous avions réalisé un 18 sur 24 en février et mars 2009 - pas de match en janvier - (soit une moyenne de 75%) pour un total final de 50 points (55%). À l'inverse, la reprise en 2010 nous avait valu 9 points sur 21 (42%), pour 58 en fin de saison (64). Une autre fois, la saison 2015-16 à la JS Meslin, le ratio était le même (14/21) qu'au classement final (60 pts). Vous l'aurez compris, il n'y a pas là une vérité générale qui résisterait à un examen statistique approfondi.
Comme souvent dans le coaching, les paramètres à prendre en compte après la trêve sont nombreux et la gestion de la relance complexe. Se fixer de nouveaux ojectifs suite aux bilans collectifs et individuels établis à la fin du premier tour, et varier le contenu des séances peut aider à réamorcer les efforts et la capacité de mobilisation.
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