jeudi 5 août 2021

Gino D'angelo (AS Morlanwelz), la passion en toute sérénité

 Diplômé UEFA A avec distinction lors de la promotion 2008, Gino D'angelo, Louviérois de 54 ans, présente un joli CV. Des débuts couronnés de succès à Manage (titre en P3), suivis de passages à Carnières (P2) et Ronquières (montée en P2 via le tour final). Une double pige chez les Jeunes Nationaux, au Sporting de Charleroi d'abord, en U14 - "J'allais y devenir pro, mais j'ai préféré quitter le club suite à un différend avec Alain Decuyper. C'était mieux ainsi, car il s'agit d'un investissement trop exigeant, tu passes ta vie au stade!". À Tubize ensuite: "J'y étais semi-pro, en U19 puis en U17. C'était l'époque des Coréens et de leur foot-business".  

C'est au moment où Gino envisageait de mettre un terme à sa carrière pour raisons familiales que le président de Morlanwelz l'a questionné à propos de la formation des jeunes: "Mon plan lui a directement parlé, nous avons convenu de collaborer sur ce point, avant qu'il ne me demande aussi de reprendre l'équipe première à quelques matchs de la fin du championnat qui allait nous voir accéder à la P2".




Succès immédiat

Une accession en P2 dont résultait logiquement comme premier objectif le maintien, et qui allait déboucher sur... un nouveau titre, totalement inattendu. Surtout quand on se souvient de la journée inaugurale et de cette cuisante défaite à domicile (0-6) des oeuvres de Flénu: "J'espère que vous allez vous sauver, m'avait glissé Christ Bruno avec condescendance à la fin du match. Lors du retour en janvier, les vestiaires étaient si proches que l'on pouvait entendre ce qui se disait à côté. J'ai invité mes joueurs à se taire au moment où il s'est mis à critiquer Jonathan Debaise, notre attaquant. Survolté, celui-ci lui a répondu sur le terrain de la plus belle des manières, en inscrivant un triplé, dont un inoubliable 2-3 en toute fin de match, dans l'ambiance que vous imaginez...". 

L'équipe était alors au coeur d'une irrésistible ascension: "Quelque chose comme 13 victoires et 1 nul, l'impression que tout nous réussit, ça doit être ce qu'on appelle la chance du champion." Un fait est particulièrement révélateur de la mentalité régnant au sein du groupe morlanwelzien: "Le club avait budgétisé 35 points. Après la trêve, le président est venu annoncer au vestiaire que les primes, pourtant modestes, ne pourraient plus être versées, et qu'il comprendrait parfaitement que certains quittent le navire. Tous ont continué, avec l'issue heureuse que l'on connaît..."

Des modèles inspirants




Loin de s'enorgueillir de sa réussite, Gino préfère mettre en avant la classe des formateurs qu'il a eu le privilège de croiser: "Je pense tout d'abord à Felice MAZZU, notre prof principal à Tubize lors du cycle UEFA A. Il a su mettre toute son expérience tactique au service de notre apprentissage. C'était un plaisir de se rendre aux cours, en compagnie des Pascal Buntinx, Bruno Leclercq, Thierry Witsel, Marc Segatto et bien d'autres..."

Durant cette quatrième année de formation, Gino a eu l'opportunité d'effectuer son stage au FC Brussels et d'y fréquenter de près un certain Albert CARTIER. Le coach français, par ailleurs célèbre pour ses coups de sang, tels que convoquer ses joueurs à 7h du matin ou leur proposer un cross à la descente du bus après une prestation indigne, laisse un excellent souvenir à son stagiaire: "C'est un personnage exceptionnel. Ayant remarqué ma timidité, voire mon malaise de départ, voilà ce qu'il m'a dit: Tu es gêné parce que tu es en P3 et que nous sommes en D1? Le niveau n'a pas d'importance, c'est la passion qui compte. Alors, vas-y, fonce! Il m'a permis d'assister à toutes les causeries tactiques, aux séances vidéo, a supervisé mes préparations et n'a pas hésité à me confier son groupe pro pour le travail sur le terrain. Je n'oublierai jamais certaines de ses réflexions: Le foot, c'est pas important, c'est pas ça, la vie. On parle de nous parce qu'on est au sommet? Réussir ta vie est plus important que réussir dans la vie".

Enfin, Gino reconnaît avoir beaucoup appris au contact de Sylvain DE WEERDT, ancien coordinateur de l'AFC Tubize, et surtout directeur du Centre de formation de la Real Sociedad en Espagne, qui a notamment "sorti" Antoine Griezmann: "Le top en matière de formation. Je recommande d'ailleurs à toute personne intéressée par le coaching son groupe Football Avantgarde sur Facebook".

De 75 à 300 affiliés 

Comme signalé plus haut, Gino est arrivé au club avec un projet bien précis de formation pour le foot à 5, 8 et 11. Conjugué au terrain synthétique préexistant - depuis la fusion de 2013 avec Carnières -, ce plan de travail a quadruplé le taux de fréquentation de l'école de jeunes locale... Au-delà de cette réussite quantitative, l'exigence est également présente sur le plan qualitatif. C'est ainsi que le recours à la vidéo et une préparation physique spécifique seront de mise dès cette saison pour tout le foot à 11, à partir des U14.

Professionnaliser le club



La griffe D'angelo est tout aussi évidente au niveau de l'équipe première: organisation d'un stage en avant-saison, création d'une salle de réunion, d'une salle vidéo et optimisation du staff technique: "Je me souviens de ma toute première analyse vidéo, les joueurs se marraient plus qu'autre chose, s'amusant à reconnaître l'un ou l'autre et à s'en moquer. J'avais sans doute été trop vite. Aujourd'hui, nous pouvons compter sur les services d'un scout passionné par sa tâche, le jeune Boris NAPOLEONE. Sébastien PALUMBO sera notre préparateur physique - ainsi que pour les jeunes et l'équipe féminine -. Il succède à David MEUNIER qui rejoint Laurent DEMOL à Mons. La progression sportive est peut-être un peu rapide pour le club. C'est pourquoi nous sommes particulièrement heureux d'avoir pu leur offrir une récompense comme ce match de Coupe au Tivoli".

Sérénité

Sur le plan du jeu aussi, la familiarisation aux principes chers à Gino a mis du temps à se mettre en place: "Ne serait-ce que pour la construction du jeu par l'arrière, depuis le gardien, c'était compliqué au début. Je reste d'ailleurs surpris négativement de ce que beaucoup d'équipes de P1 se basent encore sur un jeu long et très athlétique. En ce qui nous concerne, je souhaite voir de la sérénité dans la gestion du jeu. Et j'ai la chance de pouvoir compter sur des garçons extraordinairement à l'écoute de mes conseils. Je suis sûr qu'ils vont toujours au moins essayer de faire ce que je leur demande".



Le coach vu par son capitaine

Jessy DEMEULDRE en est à sa 11e saison au club. Il est donc bien placé pour nous aider à cerner l'apport de Gino et les raisons de son succès.


Jessy Demeuldre, le troisième en partant de la gauche


Côté Coach: Quels sont les premiers mots qui te viennent à l'esprit lorsqu'on évoque votre coach?

Jessy Demeuldre: Discipline au niveau du club, organisation, structure, sérieux; et puis charisme, il sait comment dire les choses et transmettre ses connaissances. Nous l'avons autrefois affronté lors de beaux derbys entre Morlanwelz et Carnières, ces villages voisins que la commune de Morlanwelz a amenés à une fusion sine qua non pour obtenir le synthétique. À l'époque (2013), les dirigeants lui avaient préféré le coach de Morlanwelz...

CC: Qu'est-ce qu'il a apporté à son arrivée?

JD: Le club est beaucoup mieux structuré, nous sommes aujourd'hui encadrés un peu comme des pros...

CC: Peux-tu nous parler de ses causeries d'avant-match?

JD: Elles durent 15-20 minutes. Le coach commence par un petit débriefing de la semaine, ce qui a été bien ou moins bien fait. Mais c'est toujours orienté vers le futur. Si nous avons été bons le week-end précédent, c'est oublié. Le travail mental est fort présent. Gino a d'ailleurs garni le vestiaire avec des affichettes reprenant les notions de travail, générosité dans l'effort, succès, émotions...

CC: Et en bord de terrain, comment se comporte-t-il?

JD: Avec nous, il est toujours très positif, il nous encourage. Par contre, il peut s'énerver si l'adversaire manque de respect ou le titille...

CC: Gino semble proche de ses joueurs. Parfois sévère quand même, j'imagine?

JD: Il est avant tout très à l'écoute. Ouvert à la discussion, il réagit sincèrement à ce qu'on dit. C'est précieux, ça. Mais bien sûr, il sait se montrer intransigeant quand il le faut. Vis-à-vis de n'importe qui à partir du moment où ça nuit au groupe. Il lui est déjà arrivé de sortir un pion majeur suite à une altercation avec un équipier.

                                             


CC: Pour l'avoir observé en bord de touche, on sent que c'est quelqu'un qui vous apporte de la sérénité...

JD: C'est exactement ça, on sent que le coach est derrière nous; il nous apporte un appréciable surplus de confiance.


                                                                



CC: Et le coaching entre vous est fort présent sur le terrain, c'est aussi sa griffe, ça, non?

JD: Bien sûr, nous avons appris à connaître de mieux en mieux ses principes de jeu. Le noyau est très stable. Le coach n'a pas voulu transférer; il tient à garder les mêmes joueurs et à les faire progresser. 

CC: Gino nous a parlé d'un stage organisé l'an dernier à Neufchâteau...

JD: Oui, ça aussi, c'était tout nouveau pour nous. Le club n'avait jamais organisé ce genre de team-building. Nous aurions voulu le refaire cette année, mais financièrement et avec la situation sanitaire, ce n'était plus possible. Nous en retirons toujours des bénéfices aujourd'hui. Les chansons des petits nouveaux avaient mis l'ambiance et leur avaient permis de s'intégrer plus vite. Une belle expérience de plus.

CC: Un beau rendez-vous se profile pour vous ce samedi ?

JD: Et comment! Ce sera pour moi un fameux retour aux sources, un bond en arrière de 22 ans, puisque j'ai été formé à la RAAL dès l'âge de 9 ans!


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