Thomas Vandecasteele est un coach objectif. Alors que nous le contactions il y a trois semaines pour revenir sur la victoire au Pays Vert B (0-1), il préférait ne pas en tirer gloire, reconnaissant que ce succès avait tout d'un hold-up. Cette fois, plus question de se rétracter, le partage vaillamment conquis au Futuro méritait bien un coup de projecteur sur ses capacités de mise en place tactique. Ce jeune entraîneur avait cependant l'intelligence de ne pas s'arrêter à ce bon point, prévenant ses troupes dès le retour au vestiaire de l'importance du rendez-vous à venir face aux Diables Rouges de Rongy. Augmenter la marge de sécurité par rapport à la zone rouge, telle sera la mission des Étoilés... et de leurs adversaires, ce dimanche à la rue des Coquelicots. Retour sur la récente performance des uns et des autres et préface de leur affrontement.
Thomas Vandecasteele
Les Étoilés d'Ère B ont partagé 1-1 sur le synthétique du Futurosport face au Stade Mouscronnois, troisième classé de P3A
L'équipe alignée: Brouillard; Van Hulle, Bataille, Debaisieux (85e Vandecasteele), Decruyenaere (77e Decottignies); Demuyter, Messari (90e Van Veen), Remson; Belbecir, Duret, Castel.
Le coach étoilé a été privé en dernière minute des services de Jules Gosset et Valentin Dangremont, ce qui l'a notamment amené à s'aligner comme réserviste.
Christopher Debaisieux a ouvert le score à la 69e, Loïc Goens égalisant pour les Mouscronnois à la 82e.
Peux-tu détailler pour nous cette performance tactique qui vous vaut un point sans doute inespéré au départ?
Nous avons évolué en 4-3-3, d'une part parce que ce schéma nous avait valu une deuxième mi-temps plus que satisfaisante contre Esplechin, d'autre part parce qu'il me semblait le plus approprié pour s'opposer aux forces locales en fonction des infos reçues. Nous avions demandé d'aller les chercher dans leur camp, sachant que c'est une équipe qui aime repartir de l'arrière avec le ballon. Au plus nous irions les presser haut, au moins vite ils seraient dans notre rectangle, telle était l'idée de départ. Ayant la chance de compter dans notre défense des joueurs rapides, nous avons pris la pari de miser sur la vitesse de Lucas Van Hulle et Louis Decruyenaere. Avec ce concours de circonstances de la défection le dimanche matin de deux éléments à vocation défensive, qui nous a forcés à décaler Lucas sur le côté.
Les consignes tactiques ont été particulièrement bien respectées: un bloc médium et un pressing relativement haut, avec la tâche pour nos deux huit, Flo Remson et Nassim Messari de déclencher le press sur les côtés. Nous avons réussi à nous créer quelques opportunités en première période, que nous n'avons pas su exploiter. Nous avons évidemment concédé quelques occasions à l'adversaire, mais notre gardien a sorti les arrêts qu'il fallait.
Mon message à la pause était que nous ne leur étions pas inférieurs et que la possibilité était réelle de réaliser quelque chose. De fait, nous avons ouvert le score sur une phase arrêtée, qui est une de nos forces cette saison. Les locaux parlent d'une faute sur le gardien. Peut-être, même si je trouve personnellement qu'il ne s'est pas suffisamment imposé, et Chris Debaisieux a bien suivi pour conclure dans le but vide.
Nous n'avons rien changé tactiquement suite à cette ouverture du score, contrairement à la Squadra qui est passée en 3-5-2. Nous tenions le bon bout, mais nous avons un peu craqué physiquement. Ce qui n'est pas surprenant, vu les circonstances: nous avons été contraints d'effectuer le remplacement de deux défenseurs exténués. Il a dès lors fallu nous réorganiser dans le dernier quart d'heure, avec un U19 et un joueur de l'équipe réserve, et des repositionnements à des postes inhabituels. L'égalisation est logiquement tombée à dix minutes du terme.
Le paradoxe de cette situation, c'est que nous pouvons avoir un peu de regrets car les locaux poussant toutes voiles dehors nous ont laissé des espaces amenant l'un ou l'autre contre qui aurait pu ou dû nous permettre de rafler la mise!
Je suis satisfait d'avoir pu regarder la Squadra dans les yeux et y aller franchement, sans mettre un bloc bas ou le bus devant notre rectangle. Nous avons contribué au spectacle, proposant quelques belles séquences de jeu au sol, le synthétique n'y étant pas étranger.
Nassim Messari et Thibaud Castel
© Site du Stade Mouscronnois
La technique de Selim Belbecir, de Thibaud Castel, de Nassim Messari a fait qu'on a pu réaliser de belles combinaisons, avec un Johann Demuyter encore et toujours extraordinaire d'importance à son âge en six, la classe tout simplement et une chance inouïe pour nous de posséder un tel exemple dans le groupe.
Johann Demuyter, une passion intacte à 52 ans!
L'honnêteté m'amène à reconnaître que la sortie sur blessure de leur capitaine (Morgan Moreau) en début de deuxième mi-temps nous a soulagés; c'est lui qui distribuait beaucoup les ballons dans le dos de nos backs. Ainsi que l'absence de Facon, leur maître à jouer. Je me souviens de la saison dernière où ses passes de 30-40 mètres étaient "téléguidées". La conjugaison de ces facteurs a diminué leur progression dans le jeu.
Vous vous préparez à recevoir Rongy, qui vient aussi de gagner de manière surprenante. C'est un match important entre deux formations se situant au-dessus des menacés, mais pas avec un gros matelas. Comment abordes-tu cette dernière rencontre du premier tour?
Effectivement, leur victoire contre Béclers va bien dans le sens de ce qu'on observe cette saison dans la série, où chaque week-end réserve son lot de surprises. Ces trois points gagnés par un rival direct ne font qu'accroître l'intérêt du match de dimanche, clairement le plus important du mois de décembre! C'est le message que j'ai directement fait passer au vestiaire. À l'heure qu'il est, je sais très peu de choses de cette équipe, la dernière à notre programme, ce qui est explique qu'on ne s'y est pas encore beaucoup intéressé. Ce sera fait cette semaine évidemment. J'ai comme tout le monde entendu parler du nouveau remaniement qui va s'opérer en interne chez eux au niveau du staff.
Ils n'avaient échoué que de justesse face à la Squadra et viennent de battre Béclers, ils seront donc tout sauf évidents à jouer. On sait qu'avec Jérôme Altruy et les frères Nowak quand ils sont présents, il y a de la qualité devant. À voir dans quelles dispositions ils se présenteront avec ce changement d'entraîneur.
La bonne nouvelle de notre côté, c'est que parmi tous les joueurs qui étaient à deux jaunes, aucun n'a pris celle de trop. C'est important car comme on a pu le voir avec notre banc dimanche, le manque de profondeur du noyau peut nous être préjudiciable. Le travail de cette semaine cruciale consistera à rassembler un maximum de forces vives. Nous verrons comme toujours avec Julien ce qu'il en est de potentiels renforts.
À Rongy, Michaël Wisniewski termine sur une belle note
Situation très particulière que celle vécue dimanche dernier par le désormais ex-coach des Diables Rouges. Sa décision déjà prise de faire un pas de côté, il a toutefois coaché une dernière fois contre le Béclers de Philippe Breyne. Ses troupes menées 0-1 à la mi-temps, "Papy" a poussé une bonne gueulante au vestiaire, histoire de mettre les joueurs devant leurs responsabilités... Au bout du compte, une victoire significative contre un prétendant au top 5. Retour sur les événements avec le technicien français.
Peux-tu nous décrire le scénario de cette improbable victoire contre ce maître tacticien qu'est Philippe Breyne?
On s'est fait dominer pendant 35 minutes, dans les duels et sous la pression d'un adversaire qui sollicitait le remuant Bryan Velghe dans la profondeur. Nous avons concédé trop de coups-francs, une de leurs armes. Les intentions étaient bonnes mais, techniquement, il y avait trop de maladresses dans notre jeu, ce qui aurait pu nous coûter cher... Heureusement, Kévin Dumoulin nous a maintenus dans la partie, et Béclers a loupé quelques possibilités de faire le break.
Nous étions bien trop nerveux, imprécis techniquement et positionnés trop bas. Il y a déjà eu un mieux à l'approche de la pause, où nous avons commencé à davantage jouer et moins parler. Un échange musclé au vestiaire a permis de se dire les choses. Et le second acte a tourné à notre avantage. Béclers a-t-il trop reculé? Nous étions certes positionnés plus haut, mais je crois surtout qu'il y a eu un déclic dans la tête de certains. Nous restions sur une belle prestation face à la Squadra, il fallait juste que la pièce tombe du bon côté. Cette victoire est importante, surtout au vu des résultats de cette journée!
Peux-tu nous parler de ce choix personnel d'en rester là?
Me concernant, c'est avec un coeur serré et de la tristesse que j'ai rendu les armes. C'est un groupe que je connais bien, et dans lequel je compte des amis. J'ai pris cette décision mercredi dernier, et je ne m'épancherai pas ici sur les raisons qui m'y ont poussé. Sur le plan sportif, le témoin est passé sur une belle note à Donovan Delcourt.
Un important déplacement à Ère se profile à l'horizon immédiat, comment vois-tu ce match?
L'écart avec le milieu de tableau est réduit. Les trois points de dimanche nous permettent de rester accrochés au peloton, et nos deux dernières sorties laissent entrevoir plein d'espoirs pour cette rencontre à Ere. Il faudra jouer libérés et sans peur, car le vaincu éventuel ne sera en rien condamné... Le championnat est encore long, même s'il est évident qu'il serait bon d'enchaîner, tant pour le moral que pour le bilan comptable. Il y a du répondant dans ce noyau, mais aussi de fortes têtes! D'où une équipe à plusieurs visages...
L'avis des coachs mouscronnois: vers un match nul?
Cette analyse synthétise le point de vue des deux coachs du Stade, Julian Depoorter et Albert Semedo
"Ère est venu méritoirement prendre un point au Futuro. Tactiquement, cette équipe a présenté un bloc défensif compact et bien organisé, un 4-5-1 en B-, avec deux 6 qui restent bien en position: Messari, qui gagne beaucoup de duels aériens, et un Johann Demuyter toujours bien placé qui fait parler son expérience. Le coulissement s'effectue bien, et le bloc trouve la bonne distance avec le gardien pour ne pas jouer trop bas. Un jeune portier qui a fait un très bon match, gagnant trois face à face et montrant de l'assurance sur les balles en profondeur et le jeu au pied."
"En B+, Ère évolue en 3-4-3, le triangle médian s'inversant, avec un apport intéressant des flancs: Thibaud Castel, et Selim Belbecir, le créatif de l'équipe. Demuyter alterne jeu court et jeu long avec une belle vista."
"Nous avons affronté une formation volontaire et combative qui, grâce à sa bonne mise en place, a mérité son point."
"Concernant Rongy, ils étaient disposés en 4-4-2, avec en perte de balle le seul Nowak qui reste en pointe. Celui-ci bouge énormément et est capable de tenir le ballon, permettant ainsi à son bloc de remonter. Altruy est le leader technique de l'équipe; c'est lui qui frappe toutes les phases arrêtées, qui créent un danger permanent pour l'adversaire."
"Lorsque nous nous sommes déplacés chez eux (NDLR: 1-2 le 20 novembre), nous avons trouvé face à nous un groupe volontaire et soudé qui a joué tous les coups à fond."
"Nous verrions bien un match nul entre ces deux équipes, où l'on retrouve d'un côté l'organisation, de l'autre un jeu plus instinctif."
Coup d'envoi dimanche 14h30 à la rue des Coquelicots, arbitre désigné Jason Bureau
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