Johan Devos aime plus que tout ce genre de scénario: aller en challenger défier une formation supérieure sur papier. Il y avait déjà eu ce 0-0 à Anvaing en journée initiale, puis ce 0-1 certes flatté à Enghien. Cette fois, il s'agissait carrément d'un leader ayant survolé la première tranche. Néchin n'avait jusque-là laissé flier que deux petites unités. Le coach isiérois avait beau minimiser la performance en évoquant des absences il est vrai marquantes et une légitime décompression dans le camp local ("Nous les avons pris au bon moment", dira-t-il), il n'en reste pas moins que, tactiquement, ce résultat méritait bien une analyse approfondie...
Les équipes
Les deux formations ont évolué en 3-5-2 mais, comme nous le verrons, avec un décalage dans le dispositif isiérois, et un changement tactique pour la deuxième mi-temps à Néchin.
Néchin: Carnoy; Denis, Keromest, Gobert; Agostino, Barah (73e Dubois), Carlier (45e Allard), Lecoustre, Delval; Alais, Berte
À la mi-temps, Valentin Allard a intégré une défense à quatre, Berte est passé en 7, Delval en 10 et Lecoustre en 9.
Isières: Van Nieuwenhuyze; Luc, Bronier, Van Pevenaeyge; Dacquin (63e Steelandt), Diatta, Piérart, Auvens, Yakassongo (87e Dewulf); Nzolele (83e L. Lancelle), Paelinck (68e Moreau)
Prise de risques payante
En fin stratège qu'il est, le coach isiérois a pris le contre-pied du canevas attendu: "Beaucoup mettent le bus pour affronter Néchin. Nous avons au contraire voulu jouer assez haut et les presser dans leur camp." En osant d'abord maintenir une défense à trois, avec les tout jeunes Maxence Luc et Lucien Van Pevenaeyge, le pari était risqué; heureusement, le coach peut compter sur l'expérience et le leadership de Ludo Bronier pour les entourer.
En enrôlant Ludo Bronier, Johan savait qu'il apporterait du leadership à sa ligne défensive
Car en face, Rodolphe Alais et Mathieu Berte vont très vite et sont sans arrêt collés aux basques de leurs opposants, prêts à exploiter la moindre erreur. En laissant ensuite un Louis Steelandt sur le banc, un garçon qui peut être précieux à la récupération et surtout dans le trafic aérien. Une option plus défensive aurait sans doute conduit à sa titularisation. Au-delà du dispositif, l'animation laissait quand même la part belle à l'organisation du bloc, par exemple pour cadenasser les déplacements intelligents de Lecoustre entre les deux demi def, l'objectif étant de laisser le moins possible d'espace aux locaux et de les surprendre en contre.
Ayant bien pris note du retour de Sullivan Agostino absent depuis quelques semaines et de la suspension de Gauthier Vandenberghe, Johan avait opté pour un dispositif particulier dans l'entrejeu: "Étant donné l'absence de Vandenberghe, j'attendais moins de débordements sur le flanc; j'ai dès lors associé Romain Dacquin et Toumbi (Malang Diatta) dans l'axe."
Malang "Toumbi" Diatta
"Benjamin Piérart occupait comme à son habitude le flanc gauche. Ensuite, nous voulions exploiter l'espace autour d'Agostino, en disposant deux offensifs très mobiles autour de lui: Alex Auvens côté droit et Jibé Yakassongo en électron libre à sa gauche. Ces derniers ont fait très mal. Enfin, Ive Nzolele et Bryan Paelinck ont fait parler leur vitesse et leurs bonnes lignes de course devant."
Auvens et Yakassongo ont rempli cette mission de bouger dans les intervalles pour mettre à mal l'organisation défensive adverse
Pas à l'abri
Le changement tactique apporté à la pause par Giovanni Huin et surtout la réduction instantanée du score par Maiky Delval ont fait craindre le pire au mentor isiérois: "Nous avons eu le tort de louper plusieurs face-à-face en fin de première armure. Après la réduction du score, ils ont mis une grosse pression et auraient pu revendiquer un pénalty, qui aurait été généreux mais le nôtre l'était tout autant. Le tournant du match est survenu peu après l'heure de jeu avec notre troisième but marqué dans leur temps fort. Nous avons habilement joué le contre dans les intervalles. Leur élan était coupé et le match plié. Nos adversaires en sont sortis, s'en prenant à l'arbitre sur et en dehors du terrain."
Une version que confirmait le toujours posé Georges Lecoustre: "Le pénalty sifflé contre nous est vraiment litigieux. Selon moi, il n'y avait pas lieu de le siffler, le ballon touchant la main suite au dégagement de notre joueur. De là, on s'est un peu énervé. Je ne remets pas la cause de notre défaite sur l'arbitrage, mais il y a eu beaucoup de décisions en notre défaveur. Comme cette faute de main non sanctionnée sur une reprise de la tête que je fais à 1-2. À partir de là, nous sommes complètement sortis de notre match et leur troisième but y a mis un terme. Nous n'avons sans doute pas fait tout ce qu'il fallait pour l'emporter, mais cette défaite ne remet pas en cause un bilan pour lequel nous aurions tous signé des deux mains. En ce qui concerne Isières, leurs offensifs nous ont posé des problèmes, avec beaucoup de mouvements sans ballon, Et derrière, Bronier arrive avec son expérience à bien canaliser et guider les jeunes. Leur fort esprit d'équipe les a poussés vers la victoire."
Bon feeling et cohésion de groupe
Le capitaine isiérois parlait de sérénité au coeur du temps faible: "En loupant le trois contre un juste avant la mi-temps, puis en encaissant dès la reprise, nous aurions pu paniquer mais nous sommes au contraire restés sereins car nous sentions que nous pouvions aller au bout."
"On se rend compte qu'on a vraiment un bon groupe et une excellente mentalité", témoignait pour sa part Benjamin Piérart, lui aussi arrivé de Beloeil cet été, "ce qui nous permet de rivaliser avec tout le monde. Nos petits jeunes font le boulot avec coeur, c'est de bon augure pour la suite." Un bon feeling confirmé par le coach: "Lors des deux entraînements de la semaine, j'ai pu observer un groupe concerné. Et pendant ce match, on sentait qu'on était bien, tout le monde prestant à niveau...". Une quiétude d'esprit résultant aussi du discours d'avant-match qui rappelait qu'il n'y avait aucune pression à avoir dans un affrontement du type rien à perdre, tout à gagner.
Défi remporté, le vestiaire pouvait laisser éclater sa joie
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