vendredi 14 octobre 2022

À la rencontre d'Edwin Malice, le jeune coach de Péruwelz B

 Patrice Meurant nous confiait récemment tout le bien qu'il pense de son poulain à la tête de l'équipe B. Tant dans la confection de ses séances d'entraînement que dans sa gestion des matchs. À l'écoute, et visiblement il apprend vite. Sans se prendre la tête, c'est aussi à souligner. Beaucoup de bon sens, surtout pour un si jeune coach. Notre entretien a largement dépassé le stade des généralités convenues, et c'est un réel plaisir que de vous le partager...





Edwin MALICE: "Je prends plus de plaisir à coacher que je n'en avais à jouer..."



Un profil à danser le haka, mais c'est bien en football qu'Edwin a sévi, comme défenseur central ou demi def, à Leuze-Lignette, Ath, Lessines, Ostiches, Moustier et finalement Barry


Edwin, peux-tu nous expliquer comment tu es arrivé au coaching et nous présenter tes expériences à ce jour?

Le virus du coaching m'est arrivé tôt. À mes débuts comme jeune joueur, j'ai été entraîné par mon papa (NDLR: Pierre est aujourd'hui le T2 de son fils; il s'occupe notamment des gardiens le dimanche). J'ai eu l'occasion de l'observer quand il coachait les U13 puis U14 nationaux à Renaix au moment où le SK militait en D2.  


Pierre Malice (Site du club)

Un peu plus tard, lorsque nous étions à Ostiches où je jouais en U17, j'ai eu l'occasion de reprendre les minimes provinciaux. Après un break lié aux études, je suis arrivé à Péruwelz à l'époque de mon brevet C, passé à la Sapinette de Mons. Benoit Cicigoi était alors le coordinateur des jeunes du PFC. J'ai commencé en U12, et progressivement gravi les échelons en avançant dans les différentes catégories .

J'ai notamment dirigé les 2003, et quelques 2004 surclassés, trois saisons durant. Nous avons été champions en U14. C'est la génération des Florent Dubois, titulaire en P3 mais hélas blessé, et des Gabin Gahitte, Mathis Plaet ou encore Sacha Van Trimpont, qui frappent à la porte. La même année, Jonathan Krys remportait la Young Cup avec les 2000. Nous avons ensuite switché nos groupes. Nous partions du principe qu'il n'est pas bon qu'un formateur reste plus de trois saisons avec son groupe.

Il y a deux ans, le Comité m'a demandé de seconder Miguel Lionaise, que je connaissais comme papa d'Evan, en P2. J'avais déjà donné un coup de main non officiel au staff composé de Jo Krys et Michaël Wisniewski, et je n'ai pas hésité un seul instant à saisir cette opportunité d'intégrer le foot adulte.

Je suis actuellement titulaire du brevet B, obtenu à Ath. Mon premier objectif à moyen terme serait l'UEFA B, comme papa. Je suis en stand-by car les formations sont un peu trop éloignées géographiquement, ce qui complique la compatibilité avec mon boulot.




Quel type d'entraîneur es-tu?

Je suis surtout exigeant sur le plan de l'intensité. Ce qui me vaut parfois le surnom de "monsieur pompes", pour les séries de pompages infligées en cas de manquement. Mais je peux aussi manier le second degré et lâcher des petites vannes du style "T'as oublié d'enlever la boîte de tes chaussures", ou "Trois points, bien joué les All Blacks"...

As-tu des modèles?

Je suis un grand fan de Manchester United. L'autobiographie de Sir Alex Ferguson est mon livre de chevet. Il est pour moi un maître absolu dans la gestion et j'admire la faculté qu'il avait d'insuffler ce petit plus qui fait la différence.




Les principes auxquels tu tiens le plus?

Mettre de l'intensité, comme je l'ai déjà dit, montrer de l'envie, gagner les duels. Joueur, je n'étais pas le plus fin, mais il fallait y aller pour me passer. En même temps, j'apprécie le beau jeu, et j'exige de mes gars qu'ils proposent et créent du mouvement. Pour ce faire, nous travaillons à l'entraînement la recherche d'appuis, par le biais de jeux Banide. Je suis un adepte du jeu en triangle, des une-deux. Selon moi, le jeu collectif prime sur le jeu individuel, même si les individualités sont souvent prépondérantes pour décider du sort d'un match...

Avec Patrice Meurant pour te guider, tu pouvais difficilement rêver meilleur professeur. Comment son rôle de conseiller se matérialise-t-il?

Patrice a une double casquette. D'abord, celle de directeur technique. Celui qui supervise et oriente les sélections dans les deux équipes, en compagnie de Jonathan et de Sylvain Binon. Ensuite, il m'accompagne en tant qu'adjoint, même si ça me paraît toujours bizarre d'ainsi nommer le "druide", moi qui débute dans le métier. Il est présent le jeudi sur le terrain pour assurer la partie physique, en fonction de blocs pré-définis. Résistance-vitesse, vitesse pure, c'est toujours instructif pour moi de le voir à l'oeuvre. Le dimanche, il me laisse diriger la manoeuvre, et ne prend jamais le dessus. C'est moi qui fais l'équipe, qui donne la théorie et qui détermine les positions des joueurs sur les phases arrêtées, dont l'organisation a été fixée en avant-saison. Pendant les rencontres, il peut me faire part de ses observations et me glisser des tuyaux. Notamment avant de rentrer au vestiaire à la mi-temps, pour les ajustements qu'il me laisse de nouveau gérer. C'est un peu mon Jimini Cricket! Son apport est on ne peut plus appréciable pour le jeune coach que je suis.




Vous réalisez un très bon début de saison. Au point d'en être le premier supris?

Très surpris! Nous ne nous attendions vraiment pas à une réussite aussi rapide. Mon groupe est jeune, puisqu'à l'exception de Quentin Renard, 33 ans, le plus âgé n'a que 25 ans. Et c'est aussi un jeune groupe, qui n'a que quatre mois de vécu commun. Mais j'ai la chance qu'ils soient très réceptifs, tant la semaine que le dimanche. 

Les éléments de P1 ont été décisifs dans plusieurs de vos victoires...

Tout le monde savait que nous en bénéficierions. Ce n'est donc pas une surprise. Ce qui l'est peut-être davantage, ce sont les noms. Quand Ère a vu débarquer un Rémi Wattier, qui était encore en D3 l'an passé avec Tertre-Hautrage, il y avait de quoi être impressionné. Abdoul Bah a également connu ce niveau à Mons. Jérôme Debruxelles, Amar Meziani, Sam Leleux ont du vécu plus haut. Nous n'allons pas cracher dans la soupe. En fait, tout dépend de la mentalité et, sur ce plan, je suis hyper satisfait. Sam, par exemple, booste les jeunes, les invite à aller féliciter le buteur, même à 4-0. Valéry Saval aurait pu venir à Béclers avec des pieds de plomb. Au contraire, il a couru vers le banc après son but, ça veut dire beaucoup.




Le titre te semble-t-il envisageable?

Ce n'est clairement pas un impératif. Nos rivaux sont solides: on peut déjà se demander où Esplechin va s'arrêter... Et Ellezelles qui m'a franchement impressionné remonte très fort. Béclers est une formation typique de la P3, et ça marche, avec à sa tête un Philippe Breyne dont tout le monde connaît la compétence. La Squadra a changé son système et prend des points...

À propos des Mouscronnois, ils étaient les grands favoris de la plupart des suiveurs. Ils sont aujourd'hui en embuscade. Les sens-tu capable d'émerger?

Ils vont commencer à dérouler, maintenant que les jeunes Élites prennent le rythme de la P3. Un terrain comme le nôtre leur conviendra à coup sûr. Mais à Béclers, Rongy, Ère ou Ellezelles? Je parle en connaissance de cause: un match comme celui de dimanche, je crois sincèrement qu'à domicile nous le gagnons, en ayant la possibilité d'exploiter la largeur. C'est ce qui me fait dire que si je vois effectivement les Mouscronnois rester dans la course, pour ce qui est du titre, je ne suis pas persuadé...

Avec Esplechin, ce seront vos deux derniers adversaires du premier tour. Fameux programme pour terminer!

Si on arrive à accrocher ces redoutables formations, pourquoi ne pas rêver à un top 5? Pour l'instant, nous sommes très bien, toujours invaincus. Bien sûr, nous aurons un coup de mou comme tout le monde. Mais pourquoi pas rêver? C'est vraiment la formule qui nous convient aujourd'hui. Visons la colonne de gauche, et plus haut on sera, au mieux ce sera. Ce n'était pas un objectif, mais ça peut devenir une finalité...




Deux nuls de suite, vos premiers points perdus. Un peu d'essoufflement, ou plutôt la valeur de l'opposition?

Sans aucune hésitation la valeur des adversaires! Nous avons joué deux routiniers de la colonne de gauche. Nos jeunes ont ainsi pu prendre conscience de ce qu'était le top de la P3. Et c'est rassurant de voir que nous avons pu soutenir la comparaison. Même si, contre Ellezelles, nous avons vraiment souffert. Ce jour-là, nous n'avons pas perdu deux points, nous en avons gagné un, grâce à notre état d'esprit!

 Avec le Pays Vert B, vous êtes l'équipe comptant le moins de cartons. Que t'inspire cette statistique?

D'abord que nous produisons un football dominant, c'est donc plutôt l'adversaire qui est amené à se replier et risquer les cartes. Nous sommes une équipe propre, mais pas naïve: nous savons aussi faire la faute quand il le faut. Mais nous faisons plutôt opposition au jeu adverse en bloc. Et nous insistons sur l'intérêt qu'il y a à se taire et à rester concentré. Nous demandons un respect de l'arbitre à 200%, rappelant qu'il peut se tromper, comme nous qui faisons de mauvaises passes. Cette ligne conduite diminue beaucoup les jaunes pour rouspétances.




Ce que pensent les adversaires...


Thomas Vandecasteele (Ère B): "Les premiers mots qui me viennent à l'esprit à propos de cette équipe sont: dynamisme, intensité physique, qualité technique, beaucoup d'envie de bien faire et de coeur à l'ouvrage. Une équipe difficile à jouer et à prendre en défaut."

Michaël Wisniewski (Rongy): "Une formation jeune, explosive et joueuse qui, avec l'apport des P1, devient redoutable. Ce n'est pas une réelle surprise car, par le passé, leurs jeunes s'exprimaient très bien aussi en P3 sous les ordres de Jonathan Krys. L'accent est mis sur la formation. Il faudra voir sur des terrains plus difficiles comment ils pourront gérer le jeu qu'ils souhaitent proposer." 

Philippe Labie (Thumaide): "Cette équipe est une bouffée d'oxygène pour notre championnat, car elle allie jeunesse, organisation et fougue. Une bonne illustration du dicton "reculer pour mieux sauter"."

Patrick Billiet (Velaines): "La plus belle formation rencontrée à ce jour, sur le plan de la qualité de jeu. Une belle osmose entre la fougue des jeunes et le calme des gars plus expérimentés descendant de P1. Qui, à l'image de Milito, jouent parfaitement leur rôle de guides."

Jimmy Dubart (Bléharies): "C'est pour l'instant l'équipe qui m'a laissé la meilleure impression, dans tous les secteurs. Ils ont clairement l'avantage d'avoir une P1 avec un gros noyau, ce qui leur permet de bénéficier systématiquement d'au moins trois renforts. En plus de leur propre base qui est bonne, ça aide... Ils développent un beau jeu, dans un système qu'ils maîtrisent. Edwin, avec qui je suis régulièrement en contact, peut aussi profiter du précieux soutien de Patrice Meurant."

Hermann Bapes (Hérinnes): "Une équipe complète, avec un très bon milieu de terrain. Au sein duquel j'ai notamment apprécié "Abou" Fofana, qui gère parfaitement sa zone."

Yves Moreau (Ellezelles): "Une jeune équipe joueuse évoluant en 4-3-3, avec des individualités de qualité venant de la P1. Celles-ci ne sont sûrement pas étrangères à leurs bons résultats. Leur secteur offensif était bien renforcé contre nous, et Leleux derrière."

Philippe Breyne (Béclers): "Un bon mix entre de jeunes joueurs et d'autres chevronnés, qui plus est souvent renforcé par quelques éléments de P1. Fatalement, au total, ça donne une très bonne équipe de P3. Meilleure défense, meilleure attaque, ça dit tout actuellement. À voir sur la longueur si la P1 peut toujours leur fournir des renforts. Si c'est le cas, ils resteront sur le devant de la scène; sinon, ce sera sans doute plus compliqué pour eux."

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