Les stades distants d'à peine 4 km, les deux équipes séparées d'un petit point sur le podium actuel de la P3B, un engouement du public local, tout est réuni pour vivre un vrai derby bien chaud dimanche à Harchies. À l'aller, Benoît Brasseur et Jean-Charles Fabrel s'étaient quittés sur un partage (1-1). Ce match retour qui met en ébullition le football bernissartois est l'occasion rêvée pour nous de faire connaissance avec ces deux sympathiques coachs.
Jean-Charles Fabrel (FC Harchies-Bernissart), 36 ans
- 2 saisons en Minimes (U13) à Leuze-Lignette
- 5 saisons aux Géants Athois (des U15 jusqu'aux Espoirs)
- 2 1/2 saisons à Flénu comme T2 de Philippe Venturoso (condisciple de Jean-Charles aux cours d'entraîneur; le coach bernissartois est titulaire du Brevet A)
- une saison à Havinnes comme T2 de Greg Van Huffel
- 2 premières saisons en tant que T1, à Péruwelz B, avec une montée en P2 via le tour final
- deuxième saison à Harchies-Bernissart
Benoît Brasseur (AS Pommeroeul-Ville), 54 ans
- Benoît a découvert le coaching en s'occupant des jeunes à Givry, club où il a terminé sa carrière de joueur
Entretien croisé
Vous vous apprêtez à disputer un vrai derby, qui plus est de haut de tableau. Est-ce bien utile de vous demander si c'est un rendez-vous plaisant ?
Jean-Charles : C'est génial. Il y a quelques semaines, nous affrontions Hensies à la maison, il y avait du monde, un rayon de soleil. Les conditions devraient être similaires, avec de l'enjeu. En espérant un résultat positif qui serait la cerise sur le gâteau. Dimanche dernier, nous avons vécu un match fou à Ath, face à une belle équipe composée de jeunes prometteurs, dont certains devraient prochainement se retrouver en D3. Je pense notamment à Séraphin Mundine, 16 ans, un attaquant avec un beau potentiel.
Benoît : Je ne suis pas de la région, mes derbys à moi, c'était Givry - Quévy, ou Haulchin - Estinnes, mais j'ai bien compris à quel point ce rendez-vous tenait à coeur à mon président ou aux joueurs. Et s'il fallait une motivation supplémentaire, il y a cette deuxième place honorifique en point de mire; ça promet un match haut en couleurs !
Quel souvenir gardez-vous de l'aller ? Neuf cartes jaunes distribuées, c'était chaud ?
Jean-Charles : Il y avait beaucoup d'intensité, pour dire le moins. Un peu trop à mon goût. Deux de mes joueurs, Greg Florent et Lorenzo Brancato, se sont tout de même retrouvés aux urgences. Benoît avait d'ailleurs bien résumé les choses en disant que l'émotion avait pris le dessus...
Benoît : C'était un match assez fermé, avec peu d'occasions. Physique aussi, c'est sûr. J'insiste personnellement sur le press et l'intensité. Les cartes ? C'était un vrai derby, avec tout ce que cela suppose d'engagement...
Accéder à la P2, une réelle ambition pour votre club ?
Jean-Charles : Clairement, oui. Nous avons construit le noyau pour atteindre cet objectif. Monter est une volonté que nous avons affirmée dès le départ. Hensies avait un gros avantage pour le titre: c'est le même groupe depuis trois ans. Il faudra dès lors passer par le tour final. Sportivement parlant, je crois que nous avons notre place en P2, je me demande même si nous ne nous y sentirions pas plus à l'aise ? Quant au projet initial de se refaire une réputation, je constate que notre image est déjà beaucoup plus positive. J'ai des appels de joueurs intéressants qui souhaitent nous rejoindre. Et le président me disait récemment qu'il voit revenir d'anciens supporters qui avaient déserté vu les incidents à répétition.
Benoît : Dimanche face à Meslin B, nous avons fêté le maintien, officiellement acquis (rires). Au-delà de la boutade, Pommeroeul avait un passif : deux fois monté, deux fois aussi vite descendu. Je suis arrivé avec l'ambition de prester le plus haut possible dans les limites des possibilités du club. L'objectif était de viser la colonne de gauche et de chatouiller le top 5. J'ai été reconduit pour une saison supplémentaire, et cet engagement sous-entend que nous pouvons envisager la P2. Si nous n'y arrivons pas cette fois, le but sera de faire aussi bien, voire mieux, donc de jouer le top en P3. Et si nous montons, ce sera de nous situer au plus près des quelques équipes qui sont au-dessus du lot, je dirais entre la 7e et la 12e place. Quand on joue pour ne pas descendre, on descend...
Un mot sur les points forts adverses ?
Jean-Charles : Pommeroeul, c'est d'abord un vrai groupe, un collectif assez complet, composé de gars qui ne rechignent pas aux efforts. Très difficile à jouer, mentalement armé pour des derbys. Un bel équilibre expérience - jeunesse. Tout le mérite en revient à Benoît qui, avec des moyens limités, les a fait monter et les a rendus directement compétitifs à l'étage supérieur. L'équipe compte en ses rangs le meilleur buteur de la série (31 réalisations à ce jour !). Personne ne connaissait Maoro Rousseau quand il est arrivé de Quaregnon. Nous sommes parvenus à le neutraliser chez eux, avec un très bon match de ma paire centrale composée de Jo Latour et Mathias Sanna. Nous devrons encore l'avoir à l'oeil dimanche; c'est un attaquant malin dans ses déplacements et de toute évidence adroit devant le but...
Benoît : Ils ont de belles individualités dans toutes les lignes, et un groupe pour monter. Harchies aurait pu, voire dû, être plus proche d'Hensies. Ils ont eu à composer avec des blessures qui ont fait qu'ils se sont cherchés par moments. Peut-être aussi n'ont-ils pas toujours eu la réussite de leur côté ?
Gianni Gallo, 22 buts
Une seule défaite pour Harchies à domicile (face à Beloeil B), même bilan pour Pommeroeul en déplacement (à Vaudignies). Comment comptez-vous surprendre un opposant aussi coriace ?
Jean-Charles : En jouant notre jeu: poser le ballon, mettre du rythme. Je n'ai pas envie de chercher un point faible en face. Nous n'avons pas de scout, et je ne m'attarde pas sur la compo adverse. À nous de prester à niveau.
© Geoffrey Devaux (dhnet.be)
Benoît : On jouera avec nos qualités, en essayant de les mettre en valeur, tout en tentant de minimiser les forces adverses.
Les deux équipes ont du répondant offensif (68 buts pour Harchies, 57 pour Pommeroeul). Défensivement, ils m'ont fait bonne impression également. J'ai d'ailleurs été surpris du nombre de buts encaissés à Ath ! La forme du jour sera déterminante, ainsi que le petit brin de chance. Maoro Rousseau nous est arrivé de nulle part, il a fallu travailler son mental, le canaliser car c'est un garçon fort nerveux. Il avait des lacunes dans son jeu en mouvement, mais c'est un bosseur, à l'écoute. Il a de la chance d'être tombé sur un coach qui lui fait confiance - il a tout joué -, et un super groupe, qui l'encourage. Quadruple buteur face à Meslin, c'était un match pour lui, avec une défense très jeune en face, cette réussite récompense son travail. Mon T2, Pierre Gallez, est d'une aide précieuse. Très psychologue, il parle beaucoup aux joueurs. Travailleur de l'ombre, c'est la voix de la sagesse, il a le recul dont je manque parfois. Nos tempéraments sont fort différents: il est très discret, je prends de la place. Mais nous avons trouvé un modus vivendi, et j'ai découvert un ami. Dimanche, ça m'a fait tout drôle qu'il ne soit pas là. Il était en voyage aux Pays-Bas, mais il est tout de même repassé après le match, un vrai clubman ! C'est cela, Pommeroeul, une famille.
© laprovince.sudinfo.be
Quel type de coach êtes-vous ? Quelles sont les lignes directrices de votre management ?
Jean-Charles : Je dirais d'abord l'état d'esprit; le respect est fondamental. Sur un plan plus technique, j'aime que mon équipe soit joueuse, qu'elle propose un jeu construit. J'ai la chance de disposer d'un beau noyau et de joueurs polyvalents. Mon système de prédilection est le 4-3-3, mais en fonction des qualités des joueurs disponibles, j'ai déjà changé plusieurs fois de dispositif au coup d'envoi, pour évoluer soit en 4-4-2 à plat ou en losange, soit en 3-5-2.
Benoît : On dit souvent que j'ai une main de fer dans un gant de velours. Sur le terrain, je suis le patron, très exigeant; à la buvette lors des troisièmes mi-temps, je suis leur copain. Je respecte les autres, et j'attends qu'on me respecte. En semaine, nous sommes là pour travailler, tout en s'amusant. Comment envisager de faire 30 bornes aller-retour pour chaque entraînement autrement qu'avec la passion et le plaisir ? Ne dit-on pas qu'on joue au football ? Je mets donc en place des jeux pour travailler le physique. Mais pas question de se cacher: celui qui triche, je le recadre et, en général, il comprend assez vite. En match, c'est dans le 4-3-3 que les joueurs sont le plus à l'aise. En fait, c'est l'effectif disponible qui détermine le choix tactique. Pour jouer en 3-5-2, il faut trois centraux derrière et deux latéraux capables de pistonner. Au-delà du système, c'est l'animation qui compte: quand les joueurs sont heureux, ça se voit sur le terrain...
© lameuse.sudinfo.be
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire