À 41 ans, Gwennaël Rustin est désormais bien installé sur le banc de l'équipe fanion de la RAS Pays Blanc Antoinien. Après avoir dirigé l'équipe B en P3, le Péruwelzien a pris le relais de Steve Artisien il y a de cela trois ans. Il devient donc tout doucement un routinier de l'élite provinciale où il a l'occasion de côtoyer les Fred Debaisieux, Seb Terlin, Jo Krys ou encore Ronny Roelen pour ne citer que les coachs régionaux.
Si ses deux premières saisons ont été tronquées par la pandémie de Covid-19, la troisième est la bonne pour mener à bien un championnat à son terme. Avec succès, puisque l'équipe n'a pas été directement mêlée à la lutte pour éviter la relégation, ce qui est heureux cette année qui risque de voir pas mal de descendants. Mieux, les Antoiniens ont titillé les sommets et seront passés très près d'une accession au tour final, avec un goal-average nettement favorable même s'il convient de le nuancer par deux forfaits en leur faveur.
Alors qu'il reste deux beaux rendez-vous à domicile face à Soignies et surtout Molenbaix, ainsi qu'indirectement le titre de l'équipe B à assurer, nous avons fait le point avec le coach antoinien qui tire un bilan plus que positif même si teinté de regrets.
Gwen, un petit mot d'abord sur le derby de ce dimanche à Molenbaix. Péruwelz a su contenir la puissance offensive des Molenbaisiens à l'aller (0-0). On sait aujourd'hui que Jo Krys doit céder quelques éléments à l'équipe B. Penses-tu que les Péruwelziens puissent à nouveau contrarier les leaders malgré ces absences ?
Oui, bien sûr ! Aucun match n'est facile en P1, a fortiori un derby. Péruwelz a surtout perdu des points dans des nuls (8, maximum partagé avec Biévène) et est rarement battu (6 fois). C'est un fait que les Péruwelziens seront privés d'atouts majeurs, mais ils possèdent un noyau assez costaud, et ils sauront rivaliser, cela ne fait pas de doute. Ils seront bien en place, disposés pour laisser le monopole du ballon aux Molenbaisiens et leur faire mal en contre. Péruwelz ne part pas favori mais c'est un scénario qui peut bien convenir à cette équipe.
Molenbaix doit encore se déplacer à Hornu et... Antoing, Monceau à Beloeil, la lutte pour le titre s'annonce épique. Un petit pronostic ?
Monceau reste mon favori, celui que j'ai cité quand on m'a posé la traditionnelle question d'avant-saison. Ce n'est pas nécessairement l'équipe la plus douée, mais selon moi c'est la plus solide sur le plan de l'organisation. Molenbaix compte peut-être plus d'individualités marquantes, que l'adversaire peut dès lors cibler et tenter de museler pour réduire l'efficacité globale. Leurs calendriers sont relativement similaires, il faudra tenir compte des éventuelles blessures et voir qui gère le mieux la pression.
Celle de ces deux formations qui ne sera pas championne ira au tour final. Avec Hornu ?
D'après moi, oui. Leurs deux derniers résultats (victoires à Montignies et contre Soignies) vont les y propulser. Et je leur souhaite de tout coeur d'accéder à la Nationale 3... (Est-il utile de rappeler pour comprendre l'ironie du coach antoinien l'atmosphère plus que délétère dans laquelle s'est déroulé le déplacement des Antoiniens au Stade Barbet ?).
Vous échouez à un petit point de Solre pour la deuxième tranche. Samedi dernier un succès retentissant face à Monceau qui vous échappe in extremis. Il ne vous a vraiment pas manqué grand-chose. Quels sont les matchs qui te laissent le plus de regrets ?
Il y en a beaucoup. Si nos victoires ont rarement souffert de discussion, les défaites à Péruwelz (2-1 à la 92e), à Soignies (1-0 à la 93e), le nul contre Monceau (2-2 à la 88e) sont très frustrants. Quelques minutes voire quelques secondes de trop...
© Bernard Libert (nordeclair.sudinfo)
Je pourrais encore citer le double 0-1 qui a sanctionné nos affrontements contre Ransart, deux défaites contredites par les expected goals. Il nous a souvent juste manqué un petit quelque chose.
C'est ta troisième saison en P1, la première qui devrait être complète. Quels sont tes principaux motifs de satisfaction ?
Avant tout d'avoir atteint le premier objectif, qui était le sauvetage. Je reste un jeune coach, la moyenne d'âge de mon noyau est basse également, et nous grandissons ensemble.
Depuis le début du second tour, on se sent plus à l'aise. L'opposition aurait-elle régressé ? Je préfère croire que nous avons progressé. Grâce au travail incessant auquel nous nous sommes astreints, ne relâchant jamais la pression, tout en ne négligeant pas l'indispensable dimension de plaisir.
Qu'as-tu essentiellement appris de ces trois saisons ?
On apprend tout le temps. Mais je retiendrais d'abord qu'il n'y a aucun match facile dans cette élite provinciale. La victoire de la lanterne rouge Morlanwelz face au leader moncellois en est la meilleure illustration ! J'insiste systématiquement sur les détails qui font souvent la différence, une faute inutile, une seconde de retard. En aucun cas, le talent ne peut suffire.
Comment se passe la collaboration avec ton adjoint Jacques Depreter ?
Cette collaboration est très enrichissante. Jacques a un côté formateur que j'ai peu expérimenté, prenant directement la direction d'une équipe adulte à l'issue de ma carrière de joueur. C'est une personne adorable, profondément humaine, que tout le groupe apprécie. Sa jovialité n'empêche pas une exigence dans le travail, avec une touche à la flamande, notamment sur le plan de la mentalité.
La montée de Luingne va-t-elle donner un attrait supplémentaire à la P1 ?
C'est une belle équipe, que nous avons affrontée en Coupe (qualification antoinienne aux tirs au but), et qui a largement le niveau de la P1. Ils disposent d'un beau terrain et jouent au sol, avec des remontées de terrain propres, des décrochages, ce sera un plus dans cette P1 où on voit trop souvent du jeu long vers l'avant suivi de duels pour le deuxième ballon.
Les Luingnois devront s'adapter à leur nouvelle série. C'en sera fini de s'imposer sans trop de difficultés comme cela a pu leur arriver en P2. Le fossé est assez important et les Mouscronnois devront se montrer plus réalistes que lors de ce match de Coupe où ils ont payé cash leurs opportunités manquées.
© Bernard Libert (nordeclair.sudinfo)
Ce n'est pas encore fait pour l'équipe B, mais le titre s'approche à grands pas. Ne sera-ce pas trop lourd pour le club de gérer une P1 et une P2 ?
Restons prudents, l'équipe B n'est pas encore en P2 même si la voie est royale. Si c'est le cas, ce sera une très bonne chose pour permettre à nos jeunes joueurs de s'aguerrir. Mais rien ne changera dans le management, qui se poursuivra dans la continuité de ce qui se fait actuellement. Romain Delaby a un parcours et une mentalité de pro. Il s'ancrera dans cette philosophie au service des intérêts du club. Cyrille Huain et Christophe Caulier nous aident dans la gestion sportive des deux équipes. Entre lesquelles je perçois un rapprochement en cette fin de saison. Je sens les noyaux plus soudés. Il y a deux semaines, nous nous déplacions à Ransart, un concurrent direct pour le top 5. Dans le même temps, nos B affrontaient Néchin dans un match décisif pour le titre. Nous leur avons cédé Loïc Delval, Donovan Haillez et Thomas Boucart, qui leur ont prêté main forte de bon coeur. Le message était clair: l'intérêt général du club avant la hiérarchie des formations. Une fois notre sauvetage assuré, la mission était d'assurer leur montée en P2, tout en jouant crânement notre chance à l'étage du dessus.
© Bernard Libert (nordeclair.sudinfo)
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