Jonathan Duquène et Anthony Masini ayant décidé de démissionner à la tête de la P2 de la JS Meslin GM, le Comité s'est tourné vers Jonathan Labie pour reprendre le rôle de T1. Celui-ci a accepté la proposition, moyennant l'engagement comme adjoint de son ami Denis Van Schandevyl. Les anciens coachs à succès de Biévène (de P2 en P1) et Vaudignies (de P4 en P3) retrouvent de concert un emploi la Chaussée de Mons.
Après une semaine de travail, ils échauffaient leurs troupes pour affronter Enghien, quand l'arbitre décida à la surprise générale de remettre le match. Nous les avons rencontrés à cette occasion.
Jonathan LABIE
Côté Coach: Peux-tu revenir sur les raisons qui t'ont poussé à quitter Biévène?
Jo Labie: C'est avec un gros pincement au coeur que je me suis résolu à quitter Biévène. L'aventure y était belle. Mon choix d'arrêter tient essentiellement à deux raisons: une très grosse déception par rapport au manque d'implication des joueurs suite à l'arrêt Covid. J'ai d'abord proposé deux séances hebdomadaires personnalisées d'entretien physique à distance avec une application, mais devant le peu de suivi, nous avons convenu avec le Comité de nous entraîner au terrain le dimanche matin. Nous divisions le groupe en trois et chaque coach proposait un atelier. Mais là encore, devant le peu de présences, j'en ai conclu que je perdais l'adhésion du groupe. Le second motif tient au fait que je devais gérer d'autres aspects que le sportif. Sans vouloir m'étendre sur le sujet, disons que c'était compliqué...
CC: À Meslin, tu as commencé avec l'équipe B, on t'a proposé de reprendre les A, on t'écarte la saison suivante de la P4, et voilà maintenant qu'on va te chercher pour sauver la P2. Comment expliquer cette versatilité des dirigeants? Tu as dû faire tes preuves à leurs yeux?
JL: J'ai eu la chance de coacher la P4 deux saisons durant. Au terme de la première, Pascal Blavier, qui avait pris le relais de David Depluvrez en P2, a signifié aux dirigeants qu'il ne poursuivrait pas. Ceux-ci m'ont alors proposé de reprendre les A, satisfaits qu'ils étaient du travail effectué. J'ai hésité, parce que quand on débute dans le coaching adulte, de telles propositions sont rares! Mais après réflexion, j'ai décliné leur offre.
La deuxième année en P4 s'est bien passée et je ne m'attendais pas à être écarté. Mais Michaël Demarbaix qui avait construit un groupe très soudé en U19 souhaitait poursuivre avec eux et c'était aussi le désir de ses joueurs. J'en ai ressenti de l'amertume sur le coup, mais avec le recul, cela m'a ouvert des portes, celle de Wiers pour commencer.
Pourquoi les dirigeants meslinois ont-ils décidé de me rappeler? Je ne connais pas leur motivation première. Peut-être le souffle nouveau à Biévène les a-t-il convaincus? J'ai de nouveau hésité un peu, j'avais d'ailleurs refusé une première proposition quelques semaines auparavant (NDLR: à Vaudignies). Mais après avoir discuté avec le comité, l'envie l'a emporté. Essayer de les sortir de cette situation délicate est un beau challenge, surtout que l'occasion m'est donnée de collaborer avec Denis.
C'est une nouvelle aventure dans un club que je connais bien, et qui m'a tout de même donné l'opportunité de découvrir le coaching adulte.
CC: Tu as l'occasion de travailler avec ton ami Denis, que nous avons précédemment présenté à propos de la formation UEFA B. Comment comptez-vous répartir vos rôles respectifs?
JL: C'est un bonheur de pouvoir collaborer avec son meilleur ami. Denis va m'apporter un solide appui avec son expérience du coaching adulte. Sa présence et notre complicité bénéficieront à tous. C'est quelqu'un de consciencieux et de motivé. En plus du lien entre le coach et le groupe qu'un T2 assure traditionnellement, je pourrai lui déléguer certaines tâches en toute confiance. Je ne vais pas lui demander de mettre mes plots ou de préparer mes séances. Il pourra par contre m'épauler efficacement quand on dédoublera des ateliers, et surtout je lui demanderai sa vision des choses à l'heure de poser les choix. Si nous ne sommes pas sur la même longueur d'ondes pour un onze de départ ou une option tactique, le débat enrichira la réflexion et augmentera nos chances de prendre la meilleure décision possible.
CC: Vu le contexte délicat dans lequel vous débarquez, quelles seront vos tâches prioritaires?
JL: Nous n'avons pas vraiment eu d'infos sur le comment et le pourquoi de ce qui s'est passé et qui a poussé le staff précédent à renoncer, et je n'ai pas envie de savoir. On constate certaines choses et on va tenter d'y remédier pour inverser la tendance. La première évidence, c'est l'étroitesse du noyau. À l'heure actuelle, nous pouvons espérer avoir quinze joueurs maximum en semaine, pour autant qu'il n'y ait pas de défections supplémentaires. Si des apports extérieurs sont fort aléatoires, nous allons envisager une refonte des noyaux P2-P3-U19. Dans un second temps, nous essaierons de rendre aux joueurs le goût de l'effort et le plaisir de s'entraîner. C'est sur ce plan que nous avons senti chez eux de la déception et de la frustration. Ce n'est agréable pour personne de se retrouver à huit ou neuf à l'entraînement et, si peu nombreux, de mettre dans une séance de l'amusement, du rythme et l'indispensable concurrence pour sortir de sa zone de confort et progresser. Enfin, il s'agira de les travailler mentalement. J'ai pu voir à Templeuve que l'équipe pouvait rivaliser 20-25 minutes, mais s'écroulait après avoir pris un but. Nous devrons donc nous atteler à rendre du mental au groupe.
CC: Est-ce que derrière la légitime frustration de la remise face à Enghien, n'était-ce finalement pas une bonne chose pour vous, afin de mieux jauger les troupes et préparer le déplacement à Péruwelz?
JL: La remise a surpris tout le monde. Le terrain était certes boueux, mais pas plus qu'en beaucoup d'autres endroits où l'on a joué... Cette décision a amené beaucoup de frustration. Les joueurs étaient prêts et motivés pour ce match. Qui aurait pu nous indiquer directement si nous étions dans la bonne direction. Le défi était de taille face à un candidat au tour final, on aurait aimé s'y confronter mais l'arbitre en a décidé autrement.
CC: C'est un match à six points qui vous attend à la Verte Chasse
JL: Dans notre situation, tous les matchs sont importants. La priorité est de reconstruire un véritable groupe et d'aller décrocher une première victoire qui, je l'espère, ouvrira l'appétit pour d'autres...
Denis Van Schandevyl
CC: Démissionnaire à la mi-octobre, tu ne seras pas resté longtemps au chômage technique! Pour quelles raisons as-tu fait ce pas de côté à Vaudignies?
DVS: Je pense être simplement arrivé à terme. J'avais déjà hésité à reprendre après l'interruption Covid. Je sentais que j'avais fait le tour, mais l'insistance des dirigeants et le fait que ce soit mon club de coeur ont eu raison de mon indécision. J'ai fait un pas de côté pour le bien de l'équipe; le message ne passait plus, il fallait provoquer une réaction du groupe. Je compte dix ans de présence à Vaudignies, dont cinq en équipe première, avec une montée en P3 lors de la saison 19-20. Étant passé des U21 en B puis en A, certains joueurs étaient avec moi depuis sept ou huit ans et la juste distance s'amenuisait.
CC: Devant cette belle opportunité de travailler avec ton ami Jonathan, qui plus est en P2, on imagine que tu n'a pas dû réfléchir longtemps pour accepter?
DVS: J'ai accepté pour Jonathan, car je reste un T1 dans l'âme. On s'est toujours dit qu'on travaillerait un jour ensemble. Auprès de lui, je ne peux qu'apprendre et combler mes manquements.
CC: Quelles seront tes tâches en semaine et le dimanche?
DVS: En plus de l'assistance technique sur le terrain, j'aurai un rôle de conseiller, en donnant mon avis sur le dispositif. Nous ferons chacun notre onze de base sans influence mutuelle, puis nous comparerons et Jonathan tranchera. Le dimanche, je m'occuperai d'abord de l'échauffement de notre gardien Maxime Marlier et des réservistes. Pendant le match, je me concentrerai sur l'équipe adverse: composition, animation B+ B-, points forts-points faibles, phases arrêtées, en essayant de repérer les éventuelles failles. Je gérerai également un travail plus administratif concernant les statistiques diverses, collectives comme individuelles (temps de jeu, buts, assists, etc.).
Le point de vue de Miguel LIONAISE (Péruwelz B), premier adversaire
CC: Ce changement de staff complique-t-il votre approche de ce match dont l'importance n'échappe à personne?
ML: Cela entraîne un double point d'interrogation: quel sera l'effet de ce changement sur le groupe? Nous savons qu'ils ont un onze capable de tenir la route en P2 mais que l'équipe souffre d'un manque de profondeur dans l'effectif et, partant de là, sur le banc. Ensuite, dans quel dispositif vont-ils évoluer? Les échos reçus d'un de nos observateurs font état d'un jeu loin d'être mauvais, supérieur en tout cas aux deux autres mal classés que sont Havinnes et Esplechin. On sait que Jonathan Labie est un bon coach, ça s'est très bien passé pour lui à Wiers et à Biévène, il arrive à faire performer ses équipes.
CC: La remise de leur match contre Enghien n'est-elle pas aussi gênante pour vous?
ML: Cela nous prive de nouvelles infos, mais nous en avons suffisamment sur les joueurs à titre individuel. Les principales forces du noyau nous sont connues. Le nouveau staff n'aura pas eu le temps de révolutionner beaucoup de choses, mais ils vont bien sûr essayer de se rassurer le plus vite possible. Nous allons préparer ce match effectivement très important en regardant d'abord dans notre assiette, avant de regarder ce que Jo Labie peut apporter à Meslin.
CC: Comment envisages-tu ce match de votre point de vue dans une période plutôt difficile (un point sur dix-huit!)?
ML: Nous faisons actuellement face à de nombreuses absences, dues à des suspensions, des gars qui doivent remplacer au boulot des collègues souffrant du Covid, etc. Depuis trois, quatre semaines, l'équipe est constamment remaniée, notamment en défense, ce qui explique en partie les onze buts encaissés en deux matchs. Les objectifs de notre travail hebdomadaire ont été de retrouver un effectif plus stable et de la solidité, sans mettre trop de pression sur le groupe. Nous partirons au moins avec l'idée de ne pas perdre, pour laisser l'adversaire à distance, et si on peut l'écarter un peu plus, on ne s'en privera pas.
Coup d'envoi dimanche 14h30. Au sifflet Anthony Vandersteene
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