mercredi 17 mars 2021

Miguel LIONAISE: "Coach ou arbitre, une affaire de gestion"

 "On n'a pas le même maillot, mais on a la même passion". Le slogan est connu. Suite à notre reportage sur les relations entre les arbitres et les coachs, nous sommes allé à la rencontre de Miguel LIONAISE, qui conjugue les deux fonctions depuis quelques années déjà.

Genèse

"L'appel du sifflet m'est venu vers l'âge de 26-27 ans, lorsque j'évoluais à la JES Velaines. Pour des débuts plutôt réussis. À tel point que Pierre SCHOONHEYT, un des visionneurs de l'époque, m'a proposé d'arrêter de jouer pour arbitrer à temps plein et passer au foot adultes. Mais je n'ai pas voulu perdre mes meilleures années de joueur pour une hypothétique percée dans l'arbitrage. Je suis donc resté en jeunes, pour 3 saisons. S'en est suivi un break de 5-6 ans consécutif à mon divorce; c'est d'ailleurs à cette période que je me suis mis à la course à pied."

Quant au coaching, Miguel le découvre d'abord dans la fonction de joueur-entraîneur. À 36 ans, il prend en effet en mains l'équipe B de la Montkainoise. Où il officie 4 saisons durant. Avec une montée en P3 via le tour final, suivie d'une très belle 5e place lors de l'exercice suivant. "J'avais de très bons joueurs en devenir dans mon groupe, tels Amaury DAILLY et Martin FONTAINE."

Un nouveau cycle, semblable dans sa durée, s'ouvre ensuite à Béclers: "J'ai repris l'équipe en P3, succédant à Marco FOUREZ. Une 6e place la première saison, puis deux échecs malheureux au tour final, d'abord face à Taintignies, ensuite injustement contre Houdeng B."

 Avant de vivre un championnat 2017-18 particulièrement palpitant: 

"Avec 71 points, nous finissons sur la 3e marche du podium, derrière Anvaing (72) et Isières (75), venu l'emporter chez nous (2-4) au terme d'un match épique et devant un public nombreux et enthousiaste. Heureusement, cette fois le tour final nous a enfin souris, avec une apothéose mémorable à Mesvin (2-3)."



© Lavenir.net

Après un bon démarrage en P2 (12/18), la machine se grippe, les résultats ne suivent plus et des soucis personnels mènent à la mise à pied du coach.

Miguel est toutefois en droit de ressentir une légitime fierté de ce cycle de 4 ans et demi chez les Vert et blanc: "Avec des moyens limités, je crois pouvoir dire que nous avons fait du bon travail. À l'image de ce qu'un François ÉCHEVIN a réalisé avec Templeuve B. Notre budget serré ne nous permettait pas de folies, mais un recrutement ciblé et intelligent, en privilégiant l'esprit club, nous a valu ces belles satisfactions."

Statut compliqué

Ce limogeage relance la perspective d'un passage dans les catégories seniors. "J'avais en effet repris le sifflet lors de ma période kainoise. Mais il y avait un problème avec la fonction de joueur-entraîneur. Davantage un vide juridique qu'un risque éthique selon moi; toujours est-il que j'ai été convoqué par M. BOËL. J'ai préféré faire un nouveau pas de côté, c'était vraiment trop compliqué de composer avec ce double statut. Depuis, la réglementation a été revue et il est désormais possible de combiner les deux. J'ai donc recommencé la formation en 2018, lors de notre montée en P2. Suite au limogeage, j'étais sur le point de siffler en adultes, après quelques matchs amicaux concluants, mais c'est alors que Taintignies m'a proposé de reprendre son équipe première. Et l'appel du banc l'a emporté. Aujourd'hui, je coache avec bonheur l'équipe B du Péruwelz FC (P2), et j'arbitre des U16 aux Réserves."


Similitudes entre les fonctions

"Dans les deux cas, il s'agit de gérer une vingtaine de personnes. Il faut pouvoir faire preuve de psychologie, amener une autorité saine et surtout naturelle. Même si ça peut se travailler, je crois qu'on l'a en soi ou pas. Surjouer n'amène à rien. Éducateur de formation, je privilégie le dialogue. En permanence. Ainsi, j'arbitre comme j'aimais qu'on m'arbitre. Un petit chef avec qui on ne peut même pas discuter pour comprendre, du style Monsieur, taisez-vous!, ce n'est vraiment pas mon truc. Il n'est pas nécessaire d'élever la voix pour affirmer son autorité. Juste expliquer: tu as écarté les bras, c'est pour ça que j'ai sifflé. Avec le dialogue, tu désamorces beaucoup de situations. Je sanctionne d'ailleurs très peu pour rouspétances. Pareil avec mes joueurs; si l'un d'entre eux conteste une carte selon moi justifiée, je lui dis je la mets aussi, c'est bon on joue. Et ça fait du bien à l'arbitre de sentir que le coach est avec lui. Une décision du directeur de jeu qui est validée par les bancs (c'est juste!) enlève une éventuelle part de doute."

Différences et difficultés

C'est selon Miguel le critère de temporalité qui distingue les deux activités:

"Les codes sont les mêmes, mais en tant que coach, c'est un travail de fond, nous disposons de beaucoup plus de temps pour la prise en mains du groupe. En tant qu'arbitre, c'est une gestion de l'instant: deux heures pour exercer sa maîtrise. C'est un peu comme un professeur qui découvre une nouvelle classe, à côté de celle qu'il a depuis un an ou deux."

Une autre question se pose, celle du risque d'amalgame entre les deux rôles. Pas de soucis sur ce plan pour notre interlocuteur, qui préfère y voir des avantages: 

"Même si j'ai parfois encore du mal à me contenir en bord de terrain, je sais où placer la limite. Pour certains types de phases ambiguës, comme un double contact amenant une touche, je conçois que ce soit difficile de juger. Par contre, j'ai beaucoup plus de mal qu'on ne protège pas un joueur quand il est la cible de fautes répétées."

"Et quand je suis au centre du jeu, mon vécu de joueur-entraîneur me permet d'avoir une autre lecture des actions et d'anticiper sur le jeu long par exemple."

Le plus difficile pour un coach? "Je trouve que c'est l'évolution négative de la disponibilité des joueurs. Pour notre génération, le foot était une priorité, nous organisions notre agenda et nos vacances en fonction. Aujourd'hui, on part en pleine préparation, ou début septembre parce que c'est moins cher, ou encore pour un city-trip le week-end... Heureusement, avec mon groupe actuel, je peux compter sur des jeunes qui ont faim, pas de soucis de motivation!"



Et pour un arbitre? "La gestion des hors-jeu. Il faut beaucoup d'efforts de course pour être bien placé et avoir le bon angle de vue. En une seconde, une seconde et demie, il faut juger. Même avec l'expérience et la prise d'information, on reste dans l'interprétation."

Pas de regrets liés au cumul de ces deux fonctions? "Aucunement, les deux rôles me passionnent. De manière générale, et je ne parle bien sûr pas que pour moi, je regrette juste que les cercles des divisions supérieures ne cherchent pas plus à dénicher des coachs en provinciales, comme ils le font pour les joueurs. Je sais pourtant que beaucoup font de l'excellent travail et ne feraient pas tache plus haut dans la hiérarchie."




1 commentaire:

  1. Miguel est sans doute un bon coach mais il pourrait faire un tout bon arbitre au sein de l'élite provinciale, soit la P1. C'est une question de choix, que je respecte. Edouard Delcambre

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