jeudi 29 septembre 2022

Derby au sommet et opposition de styles attendue à Molenbaix-Péruwelz

 Derrière la RUS Beloeil qui confirme actuellement son statut de favori incontesté de la P1, deux de nos équipes Wapi complètent le podium et ont rendez-vous dimanche pour un derby qui tombe au meilleur moment. Molenbaix vient de se remettre brillamment d'un creux (1/6) en infligeant un sévère 2-5 à Hornu, tandis que Péruwelz reste invaincu après six rencontres et se présentera fort d'un douze sur douze!




Gwen Rustin

"Un Manchester United - AC Milan des années 90"


Le coach antoinien a lui aussi de quoi être satisfait du début de saison de son équipe. Invaincu, dans le top 5, à un point du podium, le Pays Blanc vit bien. À nouveau invité à se produire à la Verte Chasse en ouverture de championnat, il y a obtenu un bon partage en ne laissant échapper la victoire que dans les derniers instants, l'histoire se répétant. Scénario inverse il y a quinze jours à Molenbaix, Cyriac Vancauwenberge et Yanis Derbal faisant passer le score de 2-1 à 2-3 à la vitesse de l'éclair. Le genre de succès qui booste un vestiaire!




Avant d'évoquer ce derby, parlons un peu de votre entame de championnat. Satisfait, j'imagine?

"Notre bilan actuel est positif. Non seulement sur le plan comptable, avec ce 12 sur 18 pour lequel nous aurions signé tout de suite avant la saison. Au-delà des chiffres, j'apprécie la manière. Nous avons certes subi certaines parties de matchs, mais n'avons jamais douté. Il y a même un petit goût de trop peu, avec les points perdus à la 90e tant à Péruwelz qu'à Soignies, ou avec ce nul blanc concédé face à Solre lors duquel nous avons beaucoup gaspillé. Maintenant, avec les trois unités raflées à Molenbaix, cela s'équilibre sans doute..." 

À Luingne puis contre Beloeil, ce sont deux derbys qui se prétentent à vous pour les prochaines journées. L'un pour performer, l'autre pour challenger?

"C'est une façon de voir les choses qui tient la route. Mais nous ne regardons pas aussi loin, et ce n'est pas qu'une formule toute faite. Nous mettons entièrement le focus sur Luingne, pour faire le job de la semaine. C'est le seul objectif réaliste: distancer un candidat au maintien, qui reste pour nous aussi la finalité première. Regarder vers le haut? Tout va tellement vite dans cette P1. L'an dernier, nous avons débuté par un 15 sur 18 (NDLR: 13 sur le terrain, mais deux points récupérés sur tapis vert contre Hornu, un départ assez semblable donc), pour finalement nous sauver le dernier jour... Plus on mettra de la distance avec le bas de tableau, plus vite on pourra éventuellement évoquer des ambitions à la hausse."




Ayant déjà rencontré les deux protagonistes de ce derby, Gwen nous a tout naturellement semblé l'interlocuteur idéal pour le préfacer. Comme à chaque fois que nous le sollicitons, il a répondu sans langue de bois et avec précision à nos questions. Nous lui avons soumis un avis comparatif sur les deux noyaux, ligne par ligne. À la lecture de ses réponses, vous aurez une idée précise et détaillée des forces en présence. Il ne vous restera plus qu'à découvrir la vérité du terrain...


Les gardiens: 

"Match nul"

"C'est évidemment très aléatoire de porter un jugement sur un seul match, mais Alan George et Corentin Lelièvre ne me sont pas apparus impériaux. Nous avons marqué trois buts à chacun, et ils n'étaient pas nécessairement tout blancs. Ce sont de bons gardiens de P1, mais ils n'ont pas le charisme ou le coaching d'un Sébastien Montuelle, par exemple. Loin de moi l'idée de parler de points faibles, mais je ne dirais pas non plus qu'ils feront gagner beaucoup de points à leur équipe. S'il fallait vraiment accorder un avantage, je dirais Lelièvre de par ses automatismes avec les autres éléments venus de Tertre."



Corentin Lelièvre


Les défenses: 

"Avantage Péruwelz"

"Je dirais Péruwelz, un bloc solide, qui prend peu de buts. Il y a du métier, avec Jean-Philippe et Dupire, entre autres. Jo Krys a du choix, lui qui peut par exemple utiliser Xavier Berthe dans un autre secteur."


                                                                          

                                                                                         Jérémy Jean-Philippe                                                                                     Théo Dupire


Les entrejeux:

"Match nul"

"Ou léger avantage à Péruwelz? J'aime beaucoup Flo Dezitter, et en face Wattier est aussi très costaud en soutien de l'attaquant. Ce sont deux éléments potentiellement décisifs. Qui aura-t-on derrière eux? Fontaine ou Duchatelet? (NDLR: Martin a joué en P4 dimanche dernier, mais Gwen faisait remarquer que c'était aussi le cas la semaine précédant leur match). Marecaux est aussi une possibilité en 10, à voir la complémentarité recherchée par Fred Debaisieux. En face, Andry est un ratisseur de ballons qui correspond bien au style péruwelzien. Avec Milito qui a de l'expérience et peut lui aussi débloquer une situation..."


                                                                                    

                    Jephte Tingiya Dogo, élément du triangle molenbaisien, ici sous ses anciennes couleurs de Beloeil                   Maxence Andry


Les attaques:

"Avantage Molenbaix"

"Qu'importe le système privilégié, le pressing imposé par Molenbaix est impressionnant. Tout le monde court! Ils ont évolué en 4-3-3 contre nous, mais le 3-5-2 semble actuellement mieux leur convenir. Il y a énormément de mobilité et de vitesse chez eux. Dezitter, Sylla bien sûr qui est omniprésent, Dekampener, Marecaux qui bouge beaucoup aussi, ce sont quatre éléments qui peuvent marquer très facilement. Sans oublier Clément Petit, sur la touche ces dernières semaines, ou Thomas Boucart..."


Tom Dekampener, qui a fait la prépa avec le Pays Vert, est venu ajouter une cartouche à l'arsenal offensif molenbaisien

"Il y a évidemment de la qualité en face aussi, notamment Heddadji, qui est un renfort certain. Gahungu est un bon dribbleur mais il marque peu. Sacha Cortvrint est puissant mais manque un peu de mobilité et forcément d'expérience vu son jeune âge."



Tidjani Heddadji


Les options des coachs

"Jo est un coach organisé, voire défensif. Péruwelz va se présenter en bloc bas et se contenterait déjà d'un point, mais ne manquera pas d'en prendre trois si l'occasion se présente, en aspirant l'adversaire et en exploitant les espaces avec la vitesse et les dribbles d'un Heddadji ou d'un Gahungu."

"Molenbaix va agresser haut et essayer de marquer tôt dans la rencontre."

"Tactiquement parlant, le scénario est prévisible. Chaque camp avec ses armes. Une oppostion de styles: les locaux à l'anglaise, les visiteurs à l'italienne. Un bloc solide qui marque relativement peu mais encaisse encore moins! En quelque sorte un remake d'un bon vieux Manchester United - AC Milan des années 90 (NDLR: vous remarquerez que Gwen connaît ses classiques, même s'il était gamin à l'époque!). L'équipe qui ouvrira la marque aura un net avantage. Si c'est Molenbaix, elle ne devra pas commettre la même erreur que face à nous. Mais elle obligerait Péruwelz à changer son fusil d'épaule. Le bloc défensif visiteur tiendra-t-il le choc face à une division offensive capable de bouger une défense de D3? Nous avons été ultra dominés en première armure. Et les Molenbaisiens viennent d'en passer cinq à Hornu, excusez du peu..."


Les possibles compos

Nous ne sommes évidemment pas dans le secret des vestiaires et ne sommes pas informés des dernières nouvelles chez les uns et les autres, ceci n'est donc qu'une reprise des compos de dimanche dernier. Outre les joueurs évoqués ci-avant par Gwen Rustin, il y a encore Arthur Deconinck et Mattéo Coqu qui peuvent entrer en ligne de compte à Molenbaix, tandis que Jo Krys pourrait être tenté de reprendre un Jérémy Delattre...

Molenbaix: George; Tangle, Vandenhove, Rei; Morain, Duchatelet, Tingiya Dogo, Fiston, Dezitter; Dekampener, Sylla

Péruwelz: Lelièvre; Hennebicq, Jean-Philippe, Ruggeri, Dupire; Andry, Milito, Wattier; Cortvrint, Berthe, Heddadji


Les deux clubs n'ayant semble-t-il pas trouvé d'accord pour décaler le match, celui-ci se déroulera dimanche à 15 heures. 

C'est Romain Mercier qui a été désigné pour arbitrer ce derby au sommet. Il sera assisté de Michaël Rouvroy et Alessio Micalizzi. 

P3A: Ellezelles peut-il faire perdre ses premiers points à Péruwelz B ?

 Un point sur neuf, le bilan actuel des Ellezellois n'incite pas spécialement à l'euphorie. S'incliner de justesse face au co-leader esplechinois (1-2) et au Stade Mouscronnois (4-2) n'a certes rien de déshonorant, mais Yves Moreau attendait sans doute mieux de la part de ses hommes qu'un partage à domicile face aux Étoilés d'Ère B. De son côté, Edwin Malice continue à épater tout son monde en prolongeant le parcours parfait. Maximum de points, meilleure attaque, meilleure défense (avec Esplechin), tout baigne pour l'équipe B du Péruwelz FC. Pas plus qu'Esplechin face au RFC Tournai B, les Péruwelziens n'auront cependant la partie facile en accueillant Ellezelles. Peut-on s'attendre à un premier faux-pas des leaders? C'est la question que nous avons posée à Thomas Vandecasteele.




"Pour moi, Ellezelles est tout à fait capable d'aller accrocher Péruwelz, j'ai même envie de dire d'autant plus à la Verte Chasse, où je pense qu'ils seront plus à l'aise que sur leur propre terrain, qui ne favorise pas le développement du jeu. Avec les Neukermans, Dewulf, Bruggeman, Flamant et j'en passe, ils ont suffisamment de potentiel pour produire un football de qualité et être dangereux."


              

                                             Maxence Neukermans                                                                            Édouard Dewulf                                                                            Benjamin Flamant                 


"L'opposition promet d'être intéressante, avec évidemment la variable "descendants de P1" dans le camp local. Il faut aussi tenir compte de la confiance qui les habite, alors qu'Ellezelles ira en appel de deux défaites et un nul. Mais Yves Moreau et ses hommes se doivent, compte tenu de leurs ambitions, d'aller chercher quelque chose là-bas. Davantage de pression donc, là où les Péruwelziens peuvent jouer libérés vu leur début de saison parfaitement réussi."

"Le coach ellezellois disposera-t-il de toutes ses forces vives? C'est un autre paramètre qui peut peser dans la balance. Nous n'allons pas bouder notre plaisir, mais les absences conjuguées d'Édouard Dewulf et Benjamin Flamant n'ont clairement pas joué en notre défaveur... Avec le nombre de situations chaudes qu'ils se sont créées, Benjamin aurait sans doute mis l'un ou l'autre but."

"S'ils peuvent mieux gérer leurs phases arrêtées offensives, qu'ils n'ont pas su exploiter contre nous, à une exception près, chanceuse finalement. Or, lors de notre affrontement, j'avais trouvé Péruwelz prenable sur ce point."

"Je prévois une belle opposition de styles et un match qualitativement agréable à suivre."


Coup d'envoi dimanche 15h à la Verte Chasse. Arbitre désigné: Christian Blondiau

mercredi 28 septembre 2022

Rumes-La Glanerie reçoit le Risquons-Tout avec l'espoir de se rapprocher des leaders

 S'étant déjà inclinés à deux reprises, les Rumois n'ont plus trop le droit à l'erreur s'ils veulent rester dans la course au titre en P4A. Sébastien Dangleterre ne voulait plus connaître les débuts difficiles de la saison dernière. Or, après un revers net dans les chiffres (1-4) face à Molenbaix B, mais avec deux buts concédés en fin de match, ils ont à nouveau courbé l'échine dimanche dernier à Leuze-Lignette (4-3). Le désir de se ressaisir immédiatement sera sans doute bien présent dans l'esprit des pensionnaires du Stade J. Vanderhaegen, mais c'est un gros morceau qui se présente à eux avec les co-leaders du Risquons-Tout qui, à l'instar des B dans l'autre série, réussissent un excellent début de saison. 


                                                 

   

L'avis de Jonathan DELVAUX (T1 de la R. Ass. Leuze-Lignette A)

Le coach leuzois a bien voulu jouer les consultants pour préfacer cette belle affiche. Son équipe a subi la loi du Risquons-Tout lors de la deuxième journée (1-3), le 28 août, et vient donc de l'emporter face aux Rumois sur un spectaculaire 4-3.

"Ces formations évoluent toutes deux dans le même dispositif, un classique 4-3-3. Rumes est une équipe beaucoup plus athlétique: de la taille et de la solidité dans les duels. Et une projection très rapide vers l'avant. Un peu plus fébrile dans l'axe et la ligne arrière, mais un bon équilibre. J'ai été assez impressionné par leur jeune attaquant Sébastien Lefebvre, né en 2005. Vif, technique, avec un bon sens du but. Pour moi, il n'a rien à faire en P4."

"J'ai trouvé l'équipe de Risquons-Tout assez complète, avec d'évidentes qualités individuelles. Un bon gardien, défensivement bien en place. Des milieux de terrain joueurs et des attaquants qui savent que faire avec le ballon."

"Sur ce match, je mettrais une pièce sur le Risquons-Tout."


Rumes-La Glanerie: 9 points sur 15 (3 victoires, 2 défaites), 13 buts pour, 12 contre 

Risquons-Tout A: 13 points sur 15 (4 victoires, 1 nul), 18 buts pour, 5 contre

Les productions offensives sont donc assez semblables, les Lefebvre, Lagatie (actuellement sur la touche suite à un claquage au quadriceps), Ogé ou Klopocki pouvant rivaliser avec les Dewaele, Guerar, Dubrulle, Thammavongsa et autre Desloover, mais c'est sur le plan de l'imperméabilité défensive que Sébastien Dangleterre voudra même l'accent pour pouvoir rivaliser avec les Mouscronnois.


Coup d'envoi dimanche à 15h. Arbitre désigné: Michaël Delbart

lundi 26 septembre 2022

Des coachs inspirés à l'heure des changements

 "On ne gagne pas à onze, mais à quinze". Cette phrase qui pourrait paraître juste conçue pour adoucir à la théorie la déception des gars sur le banc rappelle au contraire qu'en football comme dans d'autres sports, un staff a la possibilité d'inverser par ses rotations le cours d'une rencontre. Ces changements sont souvent prévus dans la préparation d'un match. On les qualifie volontiers de gagnants quand les réservistes sortis du banc font une différence. Comme l'affirme le dicton ayant cours dans le milieu, ce sont les joueurs qui gagnent et le coach qui perd. Ainsi, Philippe Labie affirme que "ce sont les joueurs qui font qu'un changement est gagnant ou pas, donc quand ça fonctionne le mérite leur en revient". Dans son livre "Mes secrets de coach", Diego Simeone soutient que "le moment le plus important pour un entraîneur se situe entre la 10e et la 20e minute de la seconde mi-temps" (p.109). C'est-à-dire celui où il va prendre les décisions concernant les jokers qu'il a gardés à sa disposition. Voici quelques jolies inspirations de nos T1 Wapi lors de cette sixième journée...


Fabien DELBEEKE (AS Obigies, P2A)




Victoire 3-2 contre Herseaux

Maxence Pottier rentre à la 74e et fait 3-1 à la 89e




"Nous avons réussi à enchaîner une quatrième victoire, ça fait beaucoup de bien au moral. Face à une belle opposition hersautoise, nous avons su concrétiser nos occasions. Concernant ce changement, j'ai la chance d'avoir pour le moment un effectif complet, à l'exception de mes gardiens. J'ai pu me permettre le luxe d'épargner Arnold Bonnemaison qui souffrait de la cheville. Je ne sais pas si c'est un changement gagnant, mais ça permet de ramener de la fraîcheur. Maxence Pottiez est rentré lors des deux derniers matchs et a marqué à chaque fois. C'est intéressant de pouvoir faire marcher cette concurrence, ça aide beaucoup l'équipe pour le moment. Personne ne peut se reposer sur ses lauriers; les joueurs qui rentrent, à l'image de Corentin Joseph qui donne l'assist sur ce but, donnent entière satisfaction. Pour l'instant, tout tourne bien, d'autant que nous évitons les blessures et les suspensions."


Jean-Do VESSIÉ (RSC Templeuvois, P2A)



Victoire 2-1 contre Enghien

Alexis Vandevelde rentre à la 70e et égalise à la 85e


"Dès que nous prenons le but, nous décidons d'effectuer un double changement et passons en 3-5-2, en incorporant Édouard Voiturier au trio défensif, et en faisant passer Amaury Dailly devant, aux côtés d'Ibrahim Andal. Ce qui s'avérera payant sur le but de la victoire à la 90e: trois têtes consécutives, Jimmy Van Cauter vers Dailly qui met dans le dos de la défense et Ibou conclut de la tête... Concernant Alexis, c'est un attaquant gaucher de 18 ans qui nous est arrivé d'Estaimbourg. Un beau gabarit d'1m94, mais qui doit encore s'affirmer. Mentalement, notamment, il gagnerait à sortir de sa réserve. Nous l'avons testé en préparation, avec des fortunes diverses. Entretemps, il s'est fait les dents en P4. Dimanche, nous l'avons positionné sur le flanc gauche. Il a vu une possibilité de rentrer dans le jeu et sa frappe du droit a fait mouche. Le voilà récompensé, ce qui est très bon pour son capital confiance."


Philippe BREYNE (FC Béclers, P3A)

Victoire 2-0 contre le Stade Mouscronnois

Denis Plasman rentre à la 90e et fait 2-0 à la 93e



Denis Plasman, de T2 à buteur

"Nous ressentons un très haut degré de satisfaction pour hier", note le T2 habitué à jouer les dépanneurs. "Au départ, ce n'est pas contre Mouscron qu'on pensait prendre des points. Un match hyper agréable à regarder, parce que c'est une équipe qui ne laisse aucun répit à l'adversaire. Notre concentration devait être optimale, et c'est parfait pour nous qui savons répondre à ce genre de sollicitation. À Esplechin, nous nous sommes laissé endormir et nous sommes fait punir. Cette fois, nous avons été consciencieux tout au long des 90 minutes. Nous devons surtout la victoire à Christophe, qui a stoppé deux pénaltys. Thomas Cozic a ouvert la marque d'un coup-franc magnifique. Mon but, c'est une belle anecdote qui fait que tu aimes le football. Quinzième homme, je ne me suis pas échauffé avec les trois autres; Junior Pécheur a ressenti des crampes après un gros match dans l'entrejeu, et le coach qui ne voulait prendre aucun risque m'a glissé: "Il reste une minute trente, tu montes, tu tiens le ballon et tu gardes la baraque". J'ai touché deux fois le ballon, dont un suite à un duel gagné par Arnaud Dervaux, contrôle du genou gauche à moitié raté, le ballon qui monte et j'ai tenté une frappe improbable qui a terminé sa course dans le but...". Denis Plasman, ou quand auto-dérision et modestie se rejoignent...


Un "Mazel" infranchissable ce dimanche


Philippe LABIE (US Thumaide, P3A)



Victoire 0-1 à Bléharies

Tom Libre rentre à la 67e et marque à la 89e


"Tom a remplacé Colin Taquet qui jouait en 9. J'ai choisi de le positionner sur le flanc gauche, ce qui m'a permis de remettre Loris Tevel en pointe. Dorian Bureille prenant le relais de Lorenzo Ducoulombier sur la droite. Le but était de profiter du travail en amont de mes offensifs pendant une bonne heure de jeu, et d'amener fraîcheur et vitesse sur les côtés pour faire la différence. Bléharies évoluait en 3-5-2, ce qui nous offrait de l'espace dans le dos de leurs joueurs de couloirs. La principale satisfaction, c'est que ce soit un garçon venu du banc qui nous offre la victoire, ce qui démontre une fois de plus que le groupe élargi importe plus que les onze qui commencent. Ce genre de scénario, qui plus est en toute fin de match, doit apporter un surplus de motivation aux garçons qui ne sont pas titulaires au départ..."


Fred AGBOTON (RFC Molenbaix B, P4A)



Victoire 2-0 contre Obigies B

Clément Martinage rentre à la 41e et ouvre la marque à la 63e



Clément la saison dernière, sous les couleurs de Bléharies

"Anthony Dujardin, un des nombreux jeunes montés des U21 dans mon groupe, s'est blessé à l'approche du repos. Un attaquant polyvalent qui avait mis un triplé face à Taintignies. Il est mal retombé suite à un duel et souffre des côtes. J'ai lancé Clément à sa place, son premier match officiel depuis longtemps, après son opération du genou. Clément travaille beaucoup pour revenir à niveau. Nous espérions son retour pour octobre, il est donc un peu en avance sur le programme. Mais je reste prudent avec lui, comme avec tous ceux qui doivent être ménagés. Il a conclu une phase bien construite, avec une remontée de balle depuis l'arrière, impliquant Martin Fontaine, Cédric Titéca et Louis Bausier. Clément s'est ouvert une fenêtre de tir et, dans une position excentrée, a trompé le gardien d'une frappe croisée. Son but a débloqué la situation face à une équipe obigeoise bien organisée. Toute l'équipe était contente pour lui, car on sait par où il est passé. J'insiste beaucoup sur la dimension collective. Pour ce match, j'avais une douzaine de gars non repris et qui n'auraient pas déparé notre onze. J'ai aussi demandé à la théorie de jouer pour Jonathan Kets, qui est hospitalisé, ainsi que pour Arnaud Barois et Salif Camara, confrontés à des deuils familiaux. Ces trois points sont pour eux."


Jonathan DELVAUX (R. Ass Leuze-Lignette, P4A)



Jonathan, alors en place à Brugelette

Victoire 4-3 contre Rumes-La Glanerie

Jordan Douterlungne rentre à la 10e et fait 3-2 à la 52e - Corentin Ghyssens rentre à la 60e et fait 4-2 à la 87e 

"Jordan a dû monter tôt dans le match pour remplacer Antoine Holvoet qui s'est occasionné une grosse entorse avec déchirement osseux... On sait que Jordan est très fort sur phases arrêtées, il l'a encore prouvé hier. Il m'a aussi démontré qu'on pouvait compter sur lui. Quant à Corentin Ghyssens, il a remplacé Gaëtan Gofflot, double buteur. Tout le monte connaît la vitesse de Corentin, c'est le gars qui amène de la profondeur et fait mal quand il monte dans la dernière demi-heure..."


Mickaël DEBAILLEUL (Ent. Velaines Enclusienne B, P4A)




Victoire 1-2 à Estaimbourg B

Nicolas Defrenne rentre à la 55e et fait 0-2 à la 60e


"C'est en effet un changement gagnant. Le fait que Nicolas soit sur le banc n'était pas une sanction, mais je voulais provoquer chez lui comme chez d'autres une prise de conscience que les qualités techniques doivent servir le collectif. J'avais insisté le mardi sur l'importance du groupe et sur le principe voulant que c'est uniquement ensemble que l'on gagnera des matchs. Nous menions 0-1 au moment du changement. Je savais qu'en introduisant Nicolas, nous aurions un atout supplémentaire dans la conservation du ballon, la technique et la créativité. Il nous a apporté tout cela, y ajoutant de la verticalité comme je le lui avais demandé. Le but était de doubler notre avantage, car je sentais qu'on ne pourrait pas tenir avec un seul but d'avance..."


"Un entraîneur doit rester humble en ce domaine", écrivait Gérard Houllier. "Par moments, vous sentez qu'un coaching peut vous faire gagner un match. Parfois ça marche, parfois non! Mais ça fait partie des ingrédients du succès d'avoir un peu de feeling." (Secrets de coachs, p.150). Bien connaître son groupe et se fier à son intuition, tout en valorisant avant tout les mérites de son banc, voilà donc quelques ingrédients d'un sain leadership.


JS Isiéroise - R. Exc. Biévène (P2A): un partage logique au terme d'un match plaisant

Le contexte

- Isières vient d'enchaîner deux victoires. Manquent à l'appel par rapport au succès 0-1 héroïquement acquis à Enghien: le gardien David Van Nieuwenhuyze, l'homme du match dimanche dernier; Louis Steelandt, sur le banc mais insuffisamment remis et dont l'impact dans le jeu aérien a manqué, et le flanc droit Léon Dewulf.



- Alain Sterckx a donné sa première semaine d'entraînement et vit donc son baptême du feu à la tête de l'équipe. Il doit composer avec l'absence annoncée le dimanche matin du défenseur central Denis Luchtens, ainsi que d'Anthon Theves et Esteban Burgue. C'est donc la ligne axiale qui est impactée. Avant ce match, le compteur points de Biévène est toujours vierge.




Les équipes

JS Isiéroise (3-3-2-2): Gravet; S. Lancelle (24e Nzolele), Bronier, Van Pevenaeyge (46e Lizon); Luc, Dacquin (46e L. Lancelle), Piérart; Diatta, Auvens; Yakassongo, Moreau

R. Exc. Biévène (4-2-3-1): Peremans; Bufkens, Van Der Stichelen, Carretero Pilares, Debruxelles; Palmeri, Vrancx; Bertolutti (83e Rasson), Dewaele (65e Mercier), Segala (86e Van Dooren); Harmegnies


Les faits de match

9e Isolé depuis la droite par Dario Segala, Jérémie Harmegnies bute d'abord sur le gardien avant de placer du gauche dans le plafond (0-1)

14e Julian Moreau rate sa tête sur un centre de Maxence Luc

14e On inverse les rôles: Dario Segala lobe le gardien sur un centre de la droite venu des pieds de Jérémie Harmegnies (0-2)

20e Julian Moreau marque en déviant une frappe d'Alexandre Auvens mais il est signalé hors-jeu

21e Jean-Baptiste Yakassongo exploite une passe d'Alexandre Auvens et conclut dans le plafond (1-2)

25e Un long ballon de Clément Van Der Stichelen aboutit à Dario Segala qui frappe au-dessus du gauche 

31e Julian Moreau ne peut reprendre un centre tendu de Yakassongo

37e Ludo Bronier sauve sur la ligne une reprise trop faible de Van Der Stichelen sur un corner rentrant de Wim Vrancx

42e Clément Gravet repousse une frappe insuffisamment appuyée de Mattéo Bertolutti sur une transversale précise de Diégo Carretero-Pilares

47e Un centre de Benjamin Piérart se transforme involontairement en un centre-tir qui aboutit dans la lucarne (2-2)

57e Moreau ouvre trop son pied sur un coup-franc subtilement joué au sol par Yakassongo

60e Une frappe puissante d'Harmegnies passe à droite du but isiérois

77e Ive Nzolele n'exploite pas un coup-franc axial aux 18 mètres que convoitait aussi Yakassongo

78e Clément Gravet repousse en réflexe un ballon qui a rebondi devant lui sur une longue touche de Joachim Bufkens

81e Matteo Mercier reprend hors-cadre une passe de Vrancx sur une reconversion rapide

87e Ludo Bronier ne peut reprendre un dangereux coup-franc latéral de Yakassongo

92e Maxime Peremans sort face à Julian Moreau à la limite du rectangle et gagne son duel du pied


L'analyse

Pas de stress apparent mais un abord tranquille pour Alain Sterckx qui vivait sa grande première dans le costume de T1. Laissant ses adjoints Bart Serneels (joueurs de champ) et Marnic Vanhoutte (gardien) diriger l'échauffement, et observant celui-ci à proximité tout en discutant avec son délégué et en y allant déjà de l'un ou l'autre encouragement pendant la possession. 



Son coaching restera positif ("come on", "la prochaine") tout au long du match. Ses pions sont disposés dans un classique 4-3-3, avec Clément Vanderstichelen aligné en défense centrale droite à la place de Denis Luchtens malade la nuit de samedi à dimanche. Maxime Dewaele évoluait en soutien d'attaque derrière Jérémie Harmegnies.  Mis à part des lignes parfois trop espacées, l'équipe est apparue bien en place, prenant les devants rapidement dans la rencontre, et s'assurant pas moins de cinq corners dans une première mi-temps conquérante. Les Bilingues profitaient en effet de la descente, de l'appui du vent et... d'un nouvel élan psychologique.

Le nouveau coach de Biévène ne part pas dans l'inconnu, le noyau comptant quelques anciens Acrenois, ici Joachim Bufkens


Plus présents à la reprise, les Isiérois


La chance d'Isières aura été de réduire rapidement l'écart dans un premier temps, avant d'égaliser chanceusement - centre-tir involontaire des dires mêmes de Benjamin Piérart - dès le retour des vestiaires. À l'heure de jeu, la pression locale s'intensifiait, les seuls corners jaunes étant obtenus dans le dernier quart d'heure, et les arrêts de jeu témoignaient de ce qu'il était temps que ça se termine pour les visiteurs déjà satisfaits d'ouvrir leur compteur points.




Les coups de gueule du capitaine Ludo Bronier ("il est grand temps, hein", "Ils en veulent plus que nous", "On se fait bouger", "Mettez le pied",...) témoignaient de l'entame en deçà des attentes côté isiérois. Conséquence du souper du club la veille au soir? Insatisfait de son secteur défensif, Johan Devos réalisait très tôt dans la partie un premier changement tactique en replaçant Maxence Luc dans le trio défensif et en introduisant le plus offensif Ive Nzolele sur le flanc droit. Avant d'effectuer deux autres modifications à la pause, la première poste pour poste de l'autre côté du trio, la seconde dans l'axe de l'entrejeu. Lucas Lancelle montait en appui du créatif Alexandre Auvens, pendant que Malang Diatta descendait d'un cran au détriment de Romain Dacquin. 




Soucieux de la bonne organisation ("parfait, l'alignement"), pointilleux jusqu'à rectifier la place des hommes dans le mur, le coach isiérois réclamait un bloc plus compact, de la lucidité, de faire les bons choix et d'arrêter de se précipiter, de la sérénité, du mental. Outre Ludo derrière, le T1 disposait en J-B Yakassongo d'un précieux relais devant. Allié à sa vitesse et son jeu ambidextre, son coaching guide utilement ses partenaires. 



Alex Auvens et J-B Yakassongo, animateurs du jeu offensif isiérois


Biévène disputera ce jeudi soir (sur le synthétique du Nautisport à Enghien) sa rencontre de retard face au RFC Wiersien, formation qui accueillera dimanche prochain... Isières, bien sûr !


Sentiments mitigés pour Alain Sterckx après avoir mené de deux buts, mais satisfaction tout de même d'un premier point


Les premiers mots de Johan Devos soulignaient la bonne réaction de son groupe et la poursuite de la dynamique positive


vendredi 23 septembre 2022

Énergivore, le coaching!

 N'est pas coach qui veut. C'est une vocation. Une passion. Certes source de nombreuses satisfactions, et c'est heureux, mais aussi dévorante! Felice Mazzu allait jusqu'à déclarer dans les colonnes de L'Avenir (édition du 6 novembre 2021) que "le métier d'entraîneur est destructeur". Alors, bien sûr, la pression à laquelle nous sommes soumis dans nos séries provinciales n'a aucune commune mesure avec celle du haut niveau, mais le coach régional n'a pas non plus les moyens humains et matériels dont disposent les staffs pros. Quoi qu'il en soit, comme vous pourrez le lire ci-dessous, les témoignages sont unanimes pour reconnaître que la fonction nécessite un enthousiasme à toute épreuve...




Une passion usante

Écoutons d'abord le nouveau coach chiévrois, Paul-Henri Deroubaix, qui établit un rapprochement pertinent avec le métier d'enseignant. Une profession qu'a par ailleurs exercée Felice Mazzu que nous citions en exergue, avant de devenir l'entraîneur à succès qu'il est aujourd'hui. De son passé de professeur d'éducation physique, le coach carolo retire deux valeurs fondamentales: l'amour des élèves - que l'on observe maintenant avec ses joueurs - et le respect mutuel.

"Je conçois le coaching comme une forme d'enseignement, et enseigner nécessite une implication qui demande évidemment beaucoup d'énergie. D'abord physique, car de même qu'en classe, je ne m'assois pas, il s'agit de pouvoir être proche de ses joueurs. À notre échelle provinciale, nous sommes des préparateurs physiques; il est donc nécessaire d'impliquer notre corps. Si le coach veut faire de ses joueurs des combattants, il doit l'être en premier et transmettre son énergie au groupe. Le coach doit aussi être un préparateur mental, qui subit par ailleurs une pression permanente. C'est selon moi dans cette fatigue mentale que se situe la plus grande source de perte énergétique. Cette passion est usante et il faut être solide pour durer. Si je devais illustrer cet aspect avec un coach de haut niveau, je citerais Diego Simeone, qui est trempé de sueur et exténué à la fin de ses matchs, tant il vit ceux-ci intensément. Un véritable modèle pour moi d'implication physique et mentale.



Puisque Paul-Henri fait expressément référence au coach de l'Atletico, nous pouvons le citer : "Une de mes phrases préférées est que l'effort ne se négocie pas." (Diego Simeone, Mes secrets de coach, p.112)

Gwen Rustin fait lui aussi un parallèle avec le milieu professionnel: "Il faut aussi faire face au stress des résultats, aux nombreuses sollicitations des joueurs, du Comité, de la presse. À condition de le faire sérieusement, c'est un véritable travail à temps plein."




J7 et H24

Promu dès l'âge de 30 ans à la tête des Étoilés d'Ère B en P3, Thomas Vandecasteele s'est très vite rendu compte de l'évolution par rapport au statut de joueur: "En début de semaine, on fait l'analyse du match, on s'entretient donc avec le T2, dans notre cas aussi avec l'entraîneur de la P2 pour débriefer les prestations individuelles si des joueurs sont descendus. Cela fait pas mal de coups de fil. Je prends personnellement beaucoup de notes après les entraînements: les absences et leurs motifs, l'implication dans la séance, etc. Viennent ensuite la réflexion mentale sur la façon de jouer de l'adversaire et la tactique à adopter. J'essaye à partir du moment où la sélection est faite le vendredi soir de décrocher le samedi."




"À notre niveau, on n'a le plus souvent que deux entraînements et un match par semaine, et pourtant je suis occupé tous les jours", confirme Giovanni Seynhaeve. "Planification des séances, échanges avec les adjoints, les joueurs, le staff de P3. Personnellement, c'est le samedi que je vais à la pêche aux infos sur l'adversaire et que je prépare ma théorie. Il arrive souvent que dans mon lit, face à la télé ou un bouquin, je ne sois pas vraiment là, l'esprit absorbé par un exercice ou une option tactique à déterminer. On est pris en permanence et ça bouffe une énergie folle, sans compter que quand la saison touche à sa fin, on doit directement enchaîner sur la préparation de la suivante..."  




Jusqu'à l'obsession

Cette préoccupation tournant à l'idée fixe dont témoigne le coach luingnois se retouve dans le vécu de Philippe Labie: 

"La nuit qui précède le match, raconte le coach de Thumaide, je répète de nombreuses fois mon discours. Le dimanche, impossible de manger, jusqu'au dernier moment je me demande si j'ai fait la bonne compo et si mon discours va percuter. Le lundi, je fais un petit résumé de notre match, j'analyse les feuilles de match des adversaires, je demande des infos aux autres coachs. J'arrive entre une heure et une heure et demie à l'avance pour chaque séance, le temps de tout préparer pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions. Avec le T2, on doit penser à tout. La séance sera-t-elle productive, va-t-elle profiter aux joueurs? La fonction est usante physiquement mais surtout mentalement et psychologiquement car elle nous ronge de l'intérieur. On pense, on boit et on mange foot H24. Après un match, on est vidé, toute la pression redescend et la nuit, on revit les phases dans sa tête une multitude de fois, on se pose mille et une questions: a-t-on aligné le meilleur onze, a-t-on suffisamment prêté attention aux réservistes, notre coaching a-t-il été bon,...?" 




Insomnies ou... sommeil profond!?

La première campagne de Thomas Vandecasteele dans le costume d'entraîneur n'a pas été des plus tranquilles. Il a pu découvrir que, pour un coach, il n'est jamais facile de trouver le sommeil après une défaite: "La saison dernière, il n'était pas rare que la nuit du dimanche au lundi soit la plus mauvaise de la semaine. Quand les résultats ne sont pas bons, on se demande ce qu'on aurait dû faire de mieux, à quel moment on aurait pu intervenir avant ou pendant." 

Bryan Losterman abonde dans le même sens; le coach lessinois allant jusqu'à généraliser à une insomnie chronique: "Les soirs et les lendemains de match sont les moments les plus énergivores pour moi. Victoires ou défaites, ça cogite: qu'a-t-on bien fait, pas bien fait, ce qu'on peut améliorer la prochaine fois, cela fait quelques heures de sommeil en moins, qui se répercutent sur le reste de la semaine..." 

Paul-Henri Deroubaix évoquant pour sa part l'origine neurologique de cet endormissement problématique: "Le match est synonyme de poussée d'adrénaline et la nuit qui suit m'est souvent difficile et peu réparatrice. Quel que soit le résultat, je refais le match, et cela entraîne une surconsommation de mon stock énergétique." 

Maniant le second degré, Laurent Debeurne prend un peu le contre-pied de nos insomniaques: "Il y a d'abord le travail de la semaine, avec tous ses aléas: travail, blessures, extrasportif, "rhume", empêchements de dernière minute et j'en passe. Voilà le quotidien du coaching en 2022. Les mentalités ont changé. Tout cela réuni fait que la fonction pompe beaucoup d'énergie, surtout mentale. Pour ma part, je dors bien le dimanche soir, voilà au moins un point positif du côté énergivore." 




Un régulateur qui pompe de l'énergie

Que nos lecteurs non-avertis ne s'y trompent pas: le coaching n'est pas un enfer! Il génère du plaisir, de la confiance en soi, des émotions fortes, de solides relations humaines et bien d'autres jouissances encore. Il peut servir d'exutoire aux soucis d'ordre privé ou professionnel. Voici à ce propos le témoignage de Benoît Brasseur, qui exerce à Pommeroeul en P3B:

"Les lundis et mercredis soirs, ce sont les préparations d'entraînement, en fonction des observations en match et des objectifs recherchés. Le mardi et le jeudi, il faut donner de l'impulsion à ton groupe, pour que la séance soit la plus tonique et la plus divertissante possible. Si tu es fatigué ou un peu moins bien, les joueurs ne doivent pas le sentir. C'est à nous de faire en sorte que l'on travaille dans la bonne humeur. La transition entre le bureau et le stade est directe. Installer le matériel, le ranger à la fin, discuter avec l'un ou l'autre car le psychologique prend de plus en plus d'importance aujourd'hui, se doucher et boire un verre à la buvette, cela fait quelques heures... Puis arrive l'approche du match, auquel on pense toute la semaine. Le dimanche matin, mon épouse sait que je suis déjà dedans: préparer les phases arrêtées, prévoir différents scénarios, un plan B...  Suite à la tension nerveuse de la rencontre, on est vidé le soir, mentalement et psychologiquement. 


Benoît fustige ses hommes et tente de leur transmettre une énergie 

La fonction est donc très énergivore, mais elle est en même temps un régulateur: par rapport au boulot, elle permet d'évacuer certaines choses. Et vice-versa, quand les résultats sont moins bons et que la période est difficile, on cherche l'équilibre dans le boulot ou la famille. Les trois sont intimement liés." 

La gestion de groupe

Lorsque nous lui avons posé la question de ce qui lui coûtait le plus d'énergie dans sa mission, aujourd'hui à la JS Meslin GM, Jonathan Labie a évoqué comme ses collègues les préparatifs en tous genres, le stress de la compétition, ou encore les sollicitations en matière de communication (voir ci-dessous). Il nous livre également une réflexion intéressante sur la charge de team-manager:

"Il faut pouvoir tenir sa place, fixer une ligne de conduite et la faire respecter, tout en manifestant une certaine empathie. Cela exige une perpétuelle remise en question de nos agissements. Il n'est pas simple de combiner avec bon nombre de personnalités différentes dans les ambitions, le tempérament, le vécu... Tout cela dans une société où les gens sont de plus en plus exigeants avec leur entourage, mais pas nécessairement avec eux-mêmes... C'est aussi ce qui fait la noblesse du management, je pense." 




La sélection

"Un vrai crève-coeur", nous confiait récemment Julien Deconinck. Le coach herseautois illustre cette obligation de choix qui peut aller jusqu'à torturer l'esprit :

"C'est surtout la gestion humaine qui demande de l'énergie, avec les garçons qui ne jouent pas à l'instant T. On a aujourd'hui des noyaux qui tournent à minimum 22 joueurs, ça en laisse forcément sur le côté. Il faut leur faire accepter qu'il y ait des rotations chaque semaine, ce qui demande énormément de temps. Sans compter les préparations d'équipe avec le staff." 




Yves Moreau évoque lui aussi ce côté pile de l'indispensable émulation dans un noyau. Le coach ellezellois rappelant comme Julien tout le soutien que l'on peut obtenir de ses adjoints: "Faire des déçus chaque semaine prend pas mal d'énergie, même si c'est une volonté délibérée pour pouvoir faire des choix. Celui qui ne supporte pas cette pression ne doit plus coacher. La concurrence est indispensable pour progresser, mais devoir laisser sur le côté des gars méritants ou d'excellente mentalité, c'est quelque chose qui me travaille aussi, même si ça fait partie de la fonction. Heureusement, j'ai la chance d'avoir Jason Lorenzato avec qui je peux discuter de la sélection, c'est une aide précieuse pour moins se torturer l'esprit." 




Le non-respect des consignes

Ayant connu le niveau national à Renaix et avec son expertise de la concentration dans les championnats de poker, Patrick Billiet sort de ses gonds quand il constate des failles dans le suivi des directives: 

"Ce qui me fait bouillir pendant le match, c'est le manque d'application dans le positionnement sur les phases arrêtées. Si les positions ne sont pas respectées, on n'a pas toujours le temps de réagir pour les corriger. Quand on essaye d'établir un diagnostic précis sur l'adversaire, qu'on passe près d'une heure à préparer les consignes, bref qu'on fait son boulot à fond, c'est désolant de constater que l'exécution ne suit pas. J'ai été voir Thumaide à deux reprises, après coup je me dis que j'aurais pu faire autre chose de ces après-midis... Encore une anecdote pour illustrer le manque de concentration à la théorie. Ce dimanche, j'annonce les trois tireurs potentiels de pénalty. À la sortie du vestiaire, mon capi me demande qui tire les pénos... Amende!" 




L'arbitrage

Même si cela fait partie des paramètres sur lesquels un coach n'a aucune prise, il est parfois difficile de ne pas se laisser désarçonner par les décisions arbitrales. Bien conscient que ce facteur ne permet pas à lui seul d'expliquer une défaite, Yves Moreau aborde cependant le sujet:

"Perdre un match suite à une erreur d'arbitrage flagrante, même si ce ne sera jamais la seule raison d'une défaite, peut être très frustrant. C'est un paramètre sur lequel on n'a aucune emprise. Ce n'est sans doute pas opportun de tirer sur l'ambulance vu la pénurie d'arbitres, nous avons tous vu passer les publications sur Facebook à ce sujet. Mais dans certains cas, l'incompétence ou, pire, la mauvaise foi, foutent en l'air le travail de toute une semaine. Nous devons alors maîtriser nos nerfs, prendre sur nous, nous exprimer avec respect, c'est très compliqué. Évoluant en P3, nous ne sommes pas toujours gâtés sur ce plan. Ce dimanche à Mouscron, nous en avons eu un excellent. C'est la deuxième fois que M. Cyubahiro nous arbitre, et c'est super plaisant. J'ai vécu malgré la défaite un match beaucoup plus serein." 

Les difficultés de communication

Qu'il s'agisse des relations entre deux équipes premières ou de celles avec les dirigeants, une saine communication n'est jamais simple à mettre en place.  Coach de la REAL B pour la deuxième saison consécutive, Bryan Losterman témoigne: "Le club m'offre la chance de travailler sur un terrain synthétique et avec des jeunes ambitieux qui montent en puissance. Par contre, avec la structure mise en place par le manager Denis Dehaene. la gestion d'équipe n'est pas simple. Entre la D2 et les Espoirs qui s'entraînent avec la P2 ce qui fait parfois monter le groupe à 28 joueurs, ce n'est vraiment pas évident de pouvoir travailler en suivant son inspiration personnelle. Mais le plus difficile, c'est sans doute la communication, qui n'est pas toujours optimale, car on n'est pas forcément toujours sur la même longueur d'ondes." 


Les absences

Le coaching demande encore une grande faculté d'adaptation. Un entraînement planifié dans le détail sur papier est très régulièrement à revoir, plusieurs fois en quelques heures dans certains cas, avec des désistements de dernière minute. Un inconvénient qui pèse dans l'esprit d'Yves Moreau:

"J'ai beaucoup de mal avec les joueurs absents ou qui ne savant pas prévenir suffisamment tôt, par rapport aux préparations d'entraînement. Par un message sur le groupe, je demande que l'on annonce les éventuels empêchements pour le lundi soir. Mais malgré cela, certains peuvent parfois annoncer le mardi à 17h qu'ils ne pourront venir, et ce pour un motif prévisible... C'est quelque chose qui me bouffe car, dans les formes de match, j'aime bien de mettre les joueurs en place; de prévoir les oppositions en fonction de ce qu'on travaille. Qu'il y ait le moins d'improvisation possible dans l'entraînement, même s'il faut pouvoir rebondir. Mettre de l'énergie dans la préparation d'une séance et devoir changer par la faute de joueurs manquant de sérieux est frustrant. Je ne suis pas sûr que les joueurs se rendent toujours compte du travail en amont. Nous mettons des amendes, certes minimes, mais pour le principe." 

Cette adaptabilité revient aussi dans le discours de Jean-Do Vessié. Le coach templeuvois rappelle que "préparer consciensieusement une séance d'entraînement ne se fait pas en cinq minutes. Quand on prévoit un nombre pair et qu'on se retouve évidemment en nombre impair, ou que la forme jouée nécessite deux gardiens et qu'on en a qu'un, c'est embêtant. Il faut alors compter quand c'est possible sur le coach de l'équipe B pour nous venir en aide. Et savoir renvoyer la balle à l'occasion. Ce qui implique une bonne collaboration et une émulation entre les deux groupes."