jeudi 26 mai 2022

Ils y ont cru à ce tour final...

 S'accrocher toute une saison aux basques du leader, gagner une tranche ou terminer dans le top 5, histoire d'obtenir le droit de participer au tour final en espérant accompagner les champions dans la division supérieure, et puis voir le rêve s'écrouler sur un ou deux matchs...

 Dans ce qu'il est souvent convenu d'appeler une loterie, le tirage au sort, la forme ou la réussite du moment influencent considérablement les dénouements. Nous avons souhaité recueillir les impressions de quelques coachs ayant vécu cette douloureuse expérience de l'élimination...


La plus grosse déception de Sébastien Terlin (RUS Beloeil A)

Une nette victoire 4-0 aux dépens de Solre-sur-Sambre avant de se voir priver du tour final interprovincial par Hornu (1-2 après prolongations)




Déjà que nous aurions préféré jouer Molenbaix... Sur le plan humain, c'eût été plus agréable, et leur jeu nous aurait mieux convenu. Hornu pratique par des longs ballons et des duels. Quand on voit que c'est un défenseur qui évolue comme deuxième attaquant, c'est tout dire.

Mais voilà, quand on galvaude trois ou quatre franches occasions sur les vingt dernières minutes, on sait que ça risque de se retourner contre nous. Si on était passé devant à ce moment-là, je ne pense pas qu'ils seraient revenus car nous étions au-dessus physiquement. Mais le score étant resté de 1-1, ils se sont accrochés.

Encaisser sur un corner rentrant n'est déjà pas fréquent, mais alors deux... Difficile cependant de rejeter la faute sur quelqu'un, et loin de moi l'idée d'incriminer qui que ce soit. On a revu notre positionnement suite au premier but, mettant deux hommes au second poteau. Pour Steven Gueguin, malgré toute son expérience, c'était très compliqué d'anticiper, car le tireur donnait les corners très puissamment, alternativement première ou deuxième zone...

C'est plus facile d'être sorti quand l'adversaire est plus fort, qu'il a eu davantage de possibilités, mais sur deux phases arrêtées, c'est difficile à accepter. C'est clairement la plus grosse déception de ma carrière, joueur et entraîneur confondus. Mais en même temps, on n'a rien à se reprocher, après avoir mis toutes les chances de notre côté. On a terminé le championnat invaincu sur les sept derniers matchs, dont cinq victoires; on a retravaillé physiquement, resoudé le groupe mentalement. On était prêt, mais on sait que ce genre d'affrontement se joue souvent sur des détails...


L'acceptation de Michaël Browaeys (AC Anvaing A)

Les Anvinois se sont défaits de Pâturages (2-0) avant de recevoir Mesvin et d'être sortis lors de la cruelle épreuve des tirs au but (4-5)




Dans un match couperet comme on en vit au tour final, il y a forcément un supplément d'émotion et d'adrénaline. On connaît moins l'adversaire. On sait qu'on va vivre des moments intenses, qui couronnent le travail de toute une saison.

Hélas, le résultat final est négatif pour nous, c'est triste de ne pas avoir pu décrocher ce graal. Dans une séance de tirs au but, la gestion des nerfs est capitale. Nous nous y étions préparés à l'entraînement, mais la pièce est tombée de leur côté. Le fait que c'est celui dont on ne pense pas qu'il puisse rater qui échoue illustre parfaitement l'incertitude inhérente à l'exercice. Nous ne pouvons que l'accepter.

Mais il y a beaucoup de positif à retirer de l'aventure: 300 à 450 personnes autour du terrain, ça n'était plus arrivé depuis longtemps à Anvaing. Un public qui a pu voir un groupe soudé faire honneur à ses couleurs. Ce sont des liens qui ne s'oublieront pas et qui donnent envie de revivre des expériences aussi exaltantes, malgré l'arrière-goût amer. Nous essaierons de faire mieux la saison prochaine, en essayant de ne plus devoir passer par ces prolongations de mai pour monter en P1...

La déconvenue de Jean-Charles Fabrel (FC Harchies-Bernissart A)

Dauphins de l'intouchable Hensies en championnat, les Harchésiens avaient placé beaucoup d'espoir dans ce tour final pour atteindre l'objectif initial, la montée en P2. Le sort ne les a pas gâtés, avec un déplacement à Fontaine-l'Évêque, chez l'autoritaire second de P3D. L'ouverture du score d'Orlando Nis au quart d'heure avait bien lancé la rencontre, mais les locaux ont inversé la tendance pour l'emporter 3-1.


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Le foot peut nous faire vivre de grosses émotions, tant positives que négatives, et on peut très vite basculer des unes aux autres... À Fontaine, nous sommes de fait passés par tous les sentiments. Nous avons d'abord immédiatement perdu notre capitaine Christopher Wattiez, qui s'est blessé dès les premières minutes. C'est toujours compliqué pour un entraîneur de perdre un pion aussi important dans son dispositif. Malgré ce coup dur, on a réussi à prendre le match en mains et ouvrir le score. Une joie et une confiance qui ont de nouveau fait place à l'inquiétude dix minutes plus tard, au moment de l'égalisation fontainoise. 

On savait que c'était un match couperet où la moindre erreur pouvait se payer cash. La tension est montée d'un cran, avec le public local qui poussait ses favoris. On a ressenti une peur de se découvrir, malgré une assurance qui grandissait avec le temps. Car on savait pertinemment que si l'adversaire prenait l'avantage, ce serait très difficile de revenir. Comme souvent pendant la saison, on a péché à la finition, ce qui nous a empêchés de mener à la pause. La chance ne nous a pas souri non plus, le cadre ayant repoussé plusieurs de nos tentatives.

Le tournant est survenu à vingt minutes du terme quand l'arbitre, qui livrait par ailleurs une toute bonne prestation, a jugé non fautive une intervention sur Anthony Rotsaert, qui s'est fait piétiner la cheville et a dû sortir sur une civière, son opposant allant mettre le 2-1 sur cette action... S'en est suivi un énorme sentiment de frustration et de révolte. Il fallait malgré tout essayer de garder son calme pour exploiter le temps qui restait. On a tenté le tout pour le tout, malheureusement on a très vite encaissé le troisième.

Beaucoup de déception à la fin, parce qu'on joue toute une saison sur un match, et qu'on en sort éliminé. On rentre à la maison et on sait qu'on recommencera en P3. Il faut du temps pour digérer. Mais c'est aussi à partir de ce genre de désillusion qu'on apprend et qu'on peut s'améliorer. À nous d'analyser les raisons de cet échec et de voir ce qu'on peut améliorer. 


La gueule de bois de Dimitri Van Nieuwenhove (CS Pays Vert Ostiches-Ath B)

Les Athois menaient 0-1 à la mi-temps du match décisif avant de se faire remonter puis dépasser par Néchin. 
Nouvel échec (2-0) lors de la séance de rattrapage à Écaussines.




Nous avons vécu ce match intense à Néchin d'abord avec une grande fierté d'être là, et une saine confiance. Nous n'avons pas été loin de faire le 0-2, au lieu de ça, c'est le 1-1 qui est tombé peu après. À ce moment-là, on s'est dit qu'on allait essayer de tenir le coup pour jouer les prolongations. Dans cette optique, nous avons d'ailleurs gardé deux cartouches sur le banc, et puis nous avons encaissé ce deuxième but sur des courses qu'on n'a pas faites parce qu'on était un peu cuit ou moins concentré. Nous avons alors senti que c'était le travail de toute une saison qui s'écroulait. C'est dur pour les gamins qui ont bossé d'arrache-pied et n'ont jamais rien lâché. Les voir si tristes nous a vraiment fait mal. On vit avec eux quatre à cinq jours chaque semaine. 

Après coup, on a dû se relever, on a beaucoup discuté le mardi pour tenter de préparer au mieux le match à Écaussines. On voulait jouer à fond cette petite chance qui nous restait. On est très bien rentré dans le match, en faisant bien circuler le ballon. Malheureusement le réalisme avait choisi le camp local. Deux de leurs frappes sont rentrées alors que, de notre côté, nous avons galvaudé une kyrielle d'occasions. Là, on a compris que c'était fini. On en vient alors à se demander ce qu'on va faire le week-end suivant, tant l'aventure nous occupe depuis longtemps. Je ne sais pas si on a déjà digéré. Se lever le lundi avec une gueule de bois sans avoir consommé de boissons alcoolisées laisse une drôle d'impression... C'est une sensation de malaise sans que l'on puisse changer la donne.

C'est le plus gros ascenseur émotionnel sportif qu'il m'ait été donné de vivre à ce jour. On a frôlé le couronnement, et puis on subit cette grosse déception. Mais je garde le souvenir du travail accompli, de l'abnégation et de la rigueur des gamins, si bien encadrés par Jhonny, Thibault, Jordan et ceux du noyau A qui sont descendus. On peut être fier d'eux, c'est ce qui me réconforte à l'heure d'aujourd'hui.


La fierté de Sébastien Dangleterre (FC Rumes-La Glanerie)

Les Rumois ont écarté Mominoise (4-1) avant de subir la loi de Givry (0-2).



© nordeclair.sudpresse.be

Dès le tirage, j'ai constaté que nous tomberions probablement au second tour sur Givry, le meilleur deuxième de P4. Un adversaire que je redoutais assurément. Le match a donné lieu à un combat athlétique, l'enjeu prenant le pas sur le jeu. Le petit brin de chance ne nous a pas favorisés, avec un auto-goal concédé lors d'un de nos temps forts. Contraints d'aller chercher l'égalisation, nous nous sommes pris un contre d'école qui nous a crucifiés.

Les joueurs sont sortis en ayant tout donné, je ne peux rien leur reprocher, je suis simplement fier de la saison qu'ils ont réalisée. Nous tirerons les leçons de notre retour d'allumage en début de saison, car c'est à cette irrégularité initiale que nous devons de ne pas monter en P3. À nous de soigner la prochaine entame et de gagner en constance, cela montrera que nous avons appris de nos erreurs. Le groupe vit très bien, et il y aura peu de changements à apporter.

L'amertume de Corentin Coudou (R. Ass. Leuze-Lignette)

Les Leuzois ont été disqualifiés pour des incidents survenus en toute fin de match face à Saint-Jean alors que le marquoir indiquait 3-0...




Menant 3-0 à la 87e, nous n'aurions jamais imaginé que l'ACFF allait acter un double forfait. Pour l'arbitre, il était clair que notre qualification était acquise. Nous sommes tombés de haut et avons pris une grosse claque le jeudi. Une décision qui m'a fait prendre conscience qu'il était temps pour moi de mettre un terme à ma petite carrière footballistique. Je suis déçu de l'élimination bien sûr, mais aussi soulagé d'avoir été jusque Mons pour réaliser comment nous sommes gérés, c'est sans doute ma plus belle victoire cette saison....


Les sentiments mélangés de Fred Agboton (RFC Molenbaix B)

Le 15 mai aura décidément été une journée maudite pour Molenbaix. Pendant que les A de Fred Debaisieux encaissaient un coup-franc hornutois à la 115e minute, les B de Fred Agboton étaient sortis au second tour par Boussu/Walcourt sur le score sans appel de 4-0, après avoir vaincu Aiseau-Presles B (2-0) lors de la journée initiale.


Site du club

Je suis partagé entre déception, frustration, un énorme goût de trop peu eu égard aux qualités de l'effectif, et en même temps satisfaction et fierté; tous ces sentiments s'entremêlent. J'ai repris cette équipe un peu par hasard à la mi-octobre, avec l'aide précieuse de Grégoire Huvenne. Nous avons pu intégrer sept ou huit U21 qui ont contribué à gagner ce ticket et connaître un tour final pour la première fois de leur carrière. Forcément je suis déçu qu'ils ne puissent pas encore accéder à une P3, plus joueuse et relevée, et que les cadres du groupe ont déjà connue...

En positivant, je me dis tout simplement que nous avons tous appris et acquis de l'expérience pour la saison prochaine, ça ne pourra que nous être bénéfique.

L'ascenseur émotionnel de Laurent Baert (RSC Templeuvois B)

Après avoir défait Marbaix B sur un score de tennis - 6-2 - (normal quand on connaît leur coach), les Templeuvois ont vu leur rêve s'écrouler en fin de match contre les Carolos de Baulet (1-2 après prolongations).



© Christelle Luyten-Gobert


En termes d'ascenseur émotionnel, nous avons été servis. Nous sommes passés par tous les états: à la mi-temps, nous aurions pu ou dû mener 3-0, mais le score est resté vierge. J'ai choisi de remplacer Corentin Baroux qui avait pris une jaune et dont je craignais que le jeu engagé ne lui en vale une deuxième. Hélas, Ibrahim Andal s'est très vite blessé à la reprise. La donne se compliquait alors pour nous, mais nous avons gardé une image positive, c'était important vis-à-vis des joueurs. D'autant que nous avons enfin ouvert le score, sur une phase arrêtée. Hélas une mauvaise lecture de trajectoire amenait l'égalisation à une dizaine de minutes de la fin.

Ce n'était vraiment pas évident alors de trouver les mots pour remotiver tout le monde avec la fatigue et la chaleur. Dans ces conditions, c'est la tête qui fait avancer les jambes. La blessure d'Alexis Planquaert, emmené en ambulance suite à un choc à la tête, nous a achevés. Mon T2, Mike Moerman, a alors dû monter au jeu. Une nouvelle hésitation défensive profitait à l'adversaire en début de seconde prolongation, et c'en était fini pour nous.

Une déception, forcément, mais pour tous nos jeunes joueurs, pour moi aussi en tant que coach, vivre pour la première fois un tour final devant ce chaud public de la Providence, reste une expérience exceptionnelle.

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