Tout au long de la demi-finale retour face au PSG, nous avons observé les attitudes du coach de City pour les mettre en rapport avec sa conception du coaching, exprimée dans l’ouvrage de Marti PERARNAU intitulé Pep Guardiola, The Evolution (Arena Sport, 2016).
Deux aspects ressortent de son discours d’avant-match :
-
La mise en garde : « Une demi-finale retour est toujours le match
le plus difficile »
-
L’appel au calme : « Nous devons contrôler nos émotions »
Cette approche est conforme à sa philosophie habituelle : « Au lieu de
discours enflammés j’ai développé des stratégies pour calmer leurs esprits et
les garder dans le moment présent », et l’abord mental de l’opposition :
« Il est impossible d’affronter un match correctement si vous ne craignez
pas vos adversaires ».
D’où le front tendu par les rides que l’on a pu observer en tout début de
match (2e). « Il est constamment en train de revoir mentalement
tous les risques potentiels, explique Perarnau, et ceci ne le rend pas
seulement très prudent sur les décisions qu’il prend, mais cela lui donne aussi
un air de pessimisme. »
Danger potentiel qu’il perçoit immédiatement sur le coup-franc axial
provoqué par Neymar à la 14e, ce qui l’amène à hurler, ou sur la
tête de Marquinhos qu’il voit avec soulagement heurter la barre (16e).
L’adrénaline est évidemment omniprésente dans le coaching de Pep : il
accompagne les mouvements de l’équipe, de droite à gauche dans son dug-out (33e),
qu’il quitte régulièrement pour s’approcher davantage de la ligne et de ses
joueurs, afin de les guider comme l’un des leurs (45e, 56e,
60e).
Il vit pleinement le match, râle parce que Zinchenko joue en retrait (23e),
s’accroupit mains sur la tête suite à une dangereuse perte de balle de Mahrez (55e),
réclame les fautes à l’arbitre (49e), savoure les buts et jubile
pleinement : « Tout est question d’émotion, de passion. »
Pep justifie cette tension comme étant nécessaire à la compétitivité. Il
cite Michaël Jordan qui avait l’habitude de dire que si vous n’avez pas d’ennemis,
vous devriez vous en faire. « En sport, vous devez être un peu remonté et
tendu ». Le sourire narquois adressé à Danilo suite à sa carte jaune en toute fin de match peut s'interpréter dans ce sens.
Dans son esprit, cette tension se doit en effet d’être maintenue jusqu’au
coup de sifflet final : « Concentration totale pour toute la durée du
match. Ne jamais, jamais se relâcher. Effort maximal. Toujours. Si je me
relâche, l’équipe se relâche». On comprend mieux l’intensité qu’il met encore
dans son coaching dans les dix dernières minutes, quand l’adversaire semble
résigné. Tout au plus s’assiéra-t-il quelques instants à la 89e.
Le football total qu’il prône dans la lignée de Johan Cruyff se traduit
dans ses appels gestuels à la reconversion : tout le monde défend (67e) !
Pep Guardiola est un tactile. On l’a vu très proche de son adjoint dès la
mi-temps sifflée, et au retour des vestiaires. Lors des changements aussi. Il
prend Aguero dans ses bras avant sa montée au jeu, Foden à sa sortie du
terrain. « Si vous voulez vraiment savoir ce que j’attends de la vie, de
mon métier, j’en attends d’être aimé ».
Ses premières paroles en conférence de presse ont été pour les joueurs qui n'ont pas été alignés ce soir. Ca aussi, c'est typique de sa sensibilité et de sa délicatesse: "Ce n'est pas facile car je dois laisser des joueurs en dehors de l'équipe, et alors ils supposent que je ne les aime pas".
On peut être sûr de ce que le coach de City ne laissera pas ses hommes s’endormir
sur leurs lauriers. Fidèle à sa vigilance de principe, « c’est quand vous
gagnez que vous devez être le plus vigilant », il va déjà tourner leurs
regards vers les prochains objectifs.
Il se base pour cela sur les enseignements de Garry Kasparov, le célèbre
maître des échecs : « Quand vous gagnez, vous créez l’illusion que
tout va bien. Nous voulons tous célébrer une victoire, pas l’analyser. La
complaisance est un ennemi dangereux. »
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