Des titres à la pelle
C’est un coach au palmarès impressionnant qui est aujourd’hui à la tête du FC Béclers, en P3A Hainaut. À la lecture de son CV, on en viendrait à se demander comment le président Géry FLEURQUIN a réussi à attirer l’expérimenté tacticien mouscronnois, 60 ans depuis peu, « derrière le cimetière » : "C’est bien simple, je suis arrivé chez les Vert et Blanc par l’entremise de Dominique DEGELS, tenancier de la buvette et ancien collègue à la SNCB. "
Joli coup de filet réalisé par le club tournaisien, qui peut être fier d’avoir à la tête de son équipe un coach avec autant de bouteille et de titres à son actif.
"J’ai débuté chez les jeunes à Bas-Warneton, en 1981, et j'y suis resté 6 ans, avant de me lancer en adultes à Houthem, en P4. Je suis ensuite passé à l’Excelsior Mouscron, où j’ai eu la charge des Cadets et Scolaires Nationaux, puis des Juniors UEFA.
Vient alors la proposition de Templeuve, où nous décrochons d’abord le titre en P2 (en 98), puis à l’échelon supérieur pour nous retrouver en Promotion en l’an 2000. Hélas, avec le départ du buteur CHRISTIAENS et la blessure de BEAUGRAND, l’expérience au niveau national tourne court".
C’est au Racing Lauwe que Philippe rebondira, successivement champion en P4 (2003) et P3 (2004) !
Retour à la Providence en 2005 pour offrir un autre titre à Templeuve (P2A, 2006). L’année suivante, la sortie est de nouveau brutale : "Avant une double confrontation face aux leaders, le président de l’époque m’a averti que pour être conservé, je devais réaliser un 4/6. Je lui ai aussitôt répondu qu’il pouvait coacher lui-même dès le dimanche suivant !"
Nouveau passage en Flandres, à Poperinge cette fois, dans un contexte très particulier où il se fait limoger en étant… 2e à un point du premier !
Nous pouvons encore épingler les lauriers obtenus en P2 avec Warcoing (2011), en P3 à nouveau avec le RC Lauwe (2014) et une accession en P1 via le tour final avec ce même club (2016) !
Jolie collection à laquelle on peut encore ajouter plusieurs titres obtenus avec ses équipes de jeunes!
Diplômé UEFA-A
"Après les 3 années de formation comme moniteur à l’ADEPS, j’ai comme on disait alors fait le Heysel, en néerlandais, successivement à Roulers, Gand et Bruxelles."
Jean-Dominique VESSIÉ, l’actuel coach de Templeuve (P2A), que Philippe a parrainé lors de sa propre formation à l’Union Belge, témoigne : "Philippe est un tacticien hors-pair ; son football est d’une efficacité redoutable, au-dessus de la moyenne. Je parlerais de rigueur dans un gant de velours. Capable de gérer des forts caractères, et de créer un groupe soudé et discipliné."
Bien connaître
l’adversaire
Il faut faire en sorte que vos joueurs ne soient pas surpris, que tout leur semble du « déjà vu » (Arrigo SACCHI)
"C’est très important en effet. À part peut-être lors de mon passage à Warcoing, je n’ai jamais été à la tête d’un club dominant les autres sur le plan financier. Quand tu n’es pas le plus fort en budget, le minimum est de s’intéresser à l’adversaire pour tenter d’annihiler ses forces et d’exploiter ses faiblesses. Même sans scout, il est toujours possible d’obtenir des informations via des coups de fil aux coachs amis dans la série."
C’est sans doute par sa propre expérience de scouting pour le Waregem d’Aimé ANTHEUNIS, champion de D2 en 1995, que Philippe a compris l’importance d'analyser minutieusement les autres formations. Aujourd’hui, à Béclers, il bénéficie de l’aide de son ami Didier LEGRAND, qui fut aussi son T2 à Warcoing, pour visionner l’adversaire. "Et le dimanche, je prends un maximum de notes, laissant à mon adjoint Denis PLASMAN le soin de donner les consignes."
"Dans le vestiaire avant chaque match, Philippe dispose trois grandes feuilles A3: une composition probable de l’équipe adverse avec les points forts et points faibles de chaque joueur, même les réservistes. Une deuxième avec notre compo, comprenant une variante pour le passage à une défense à 3 au cas où l’adversaire joue avec 2 attaquants; quelques notes pour l’approche mentale, et une dernière feuille avec l’organisation sur phases arrêtées." (Romain DONNEZ).
Les phases arrêtées
"Tout
le monde connaît leur importance, même à notre niveau. En préparation et
lorsque la météo le permet, nous les travaillons régulièrement, une demi-heure
en fin de séance. Il n'est pas rare de nous voir travailler jusque 21h45 en été! Évidemment, plus tu descends de niveau, plus c’est difficile
de travailler en semaine, compte-tenu des absences. Mais nous marquons pas mal sur phases
arrêtées (46,7% des buts en 2019-20). Nous développons toujours 3 variantes,
que les joueurs identifient grâce à de petits signaux. Ils ont des lignes de
course bien déterminées. Défensivement aussi, chacun sait ce qu’il a à faire
(pour la même saison, la moyenne tombe à 38% des buts encaissés)."
Un autre de ses joueurs, Louis DEPARIS, confirme l'enthousiasme intact de son coach: "J’aime
aussi particulièrement sa pré-analyse le mardi et le jeudi après
l’entraînement, avec ses 4, 5 ou 6 cafés noirs avec sucre (impossible de lui
offrir autre chose) à 22h ! À mon avis, ça l’aide à continuer son analyse
pendant la nuit (rires)."
Un regret
En 2015, un an avant sa retraite professionnelle, Philippe aurait pu devenir l’adjoint de Fred VANDERBIEST au KV Oostende. "Bart MAES, ex-joueur du Club de Bruges, coachait les Espoirs de Lauwe, et nous faisions des séances communes pendant la préparation. Épaté par la méthodologie employée – il disait n’avoir jamais connu de tels entraînements -, il m’a mis en contact avec Luc DEVROE, alors directeur sportif du club. Nous nous sommes vite accordés sur les termes d’une collaboration, mais hélas nous avons appris que le règlement exigeait un détenteur de la licence Pro, le T1 ne l’ayant pas encore obtenue. C'est ainsi Chris Janssens qui a obtenu le poste."
Le métier de coach
Denis PLASMAN, T2, témoigne à son tour: "Je me souviens d'une rencontre perdue à Templeuve où les consignes défensives pour s'occuper de Malik ATTOUT ont porté leurs fruits jusqu'à dix minutes de la fin, moment où nous nous sommes éteints physiquement. C'était peu après son arrivée chez nous, en P2, et l'un de nos équipiers avait... oublié les maillots! Philippe s'est alors demandé où il était tombé... Le schéma tactique mis au point pour attirer l'attaquant vers nos défenseurs centraux davantage capables de le mettre sous l'éteignoir, nous avait permis de croire à la victoire jusqu'à 10 minutes de la fin. Je pense que c'est la première fois que l'équipe a pu se rendre compte de ce qu'était le métier de coach."
Vivement la reprise!
C'est une chance incroyable pour la P3A Hainaut de compter en ses rangs un coach aussi titré - et pourtant si simple et accessible - que Philippe. À présent qu'il connaît mieux son groupe et la série, nul doute que Béclers ne fera pas que de la figuration lors du prochain championnat, que nous avons tous hâte de voir arriver...
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