samedi 6 février 2021

Les changements, à quel moment? La règle du <58<73<79

 "La saison est longue", "on aura besoin de tout le monde", "un match ne se gagne pas à 11", tous les coachs connaissent ces discours de vestiaire destinés à maintenir la motivation des déçus qui se retrouvent sur le banc des réservistes.

Il est vrai pourtant que, dans bien des cas, injecter du sang neuf, des fresh legs comme on dit outre-Manche, peut inverser le cours d'un match. Que ce soit pour faire une différence individuelle avec du poste pour poste, ou pour mettre en place un autre système tactique, un coach a besoin de solutions de rechange sur le banc, à savoir de joueurs bien décidés à prouver que leur place est sur le terrain et à (re)gagner leur statut de titulaires.


Pour réussir, toute grande équipe a besoin de bons remplaçants.
(Marti PERARNAU, Pep Guardiola, The Evolution, pp.338-339)

Dans une étude basée sur d'innombrables données statistiques, ouvrage justement intitulé The numbers game, Chris Anderson et David Sally révèlent une constatation intéressante concernant le timing des changements: "Dans toutes les compétitions, la règle du <58<73<79 offre un plus grand espoir de comeback que tout autre modèle de changements." (p.238)
À savoir, donc, faire intervenir le premier changement avant la 58e minute, le suivant avant la 73e, et le dernier avant la 79e. 
Selon ces analystes, la probabilité de revenir dans le match augmente dans une proportion de 20 à 35% par rapport à des changements intervenant plus tard dans le match. 
Ce n'est évidemment pas une recette miracle, mais le constat démontre tout l'intérêt qu'il y a à ne pas trop traîner avant de se décider à intervenir.
Diego Simeone confirme d'ailleurs l'importance cruciale pour un staff du début de deuxième mi-temps:


Le moment le plus important pour un entraîneur 
intervient entre la 10e et la 20e minute de la seconde mi-temps
(Diego SIMEONE, Mes secrets de coach, p.109)

S'il peut être compréhensible de vouloir maintenir sa confiance dans le onze de départ, il serait toutefois prudent de ne pas s'entêter, ni tergiverser outre mesure dans sa prise de décision. Dans cette optique, les stratégies de substitution sont évidemment prévues avant le coup d'envoi.
Lorsque le cours du match est effectivement inversé, on peut alors parler de coaching gagnant. Les plus grands le font avec modestie, à l'instar de Gérard Houillier qui confiait à Daniel Riolo dans son livre "Secrets de coachs": Un entraîneur doit rester humble dans ce domaine. Par moments, vous sentez qu'un coaching peut vous faire gagner un match. Parfois ça marche, parfois non! Mais ça fait partie des ingrédients du succès d'avoir un peu de feeling. C'est votre expérience et votre expertise qui vous apportent ça (p.150)



1 commentaire:

  1. Je n'ai jamais compris les coaches qui effectuent un changement après la 85ème alors que le résultat lui est défavorable. Si ça change le cours du match, c'est plutôt de la "chance", à mon sens, que du bon coaching. Il faut quand même un certain temps pour rentrer dans le match. Par contre, je vais devoir prendre ma règle de trois car à l'ABSSA, c'est 2x35' ��

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