Bien connu dans la région, cet ancien pro qui a foulé pendant une dizaine de saisons la pelouse du Stade des Éperons d'or à Courtrai (D1) avant d'évoluer à Renaix et Ath, poursuit son parcours de coach et revient en P2A un an seulement après son départ de Gourgues. Il reprend en effet les rênes de l'ambitieux promu hensitois. Nous n'avons pas traîné à renouer le contact avec l'expérimenté technicien qui, comme vous pourrez en juger, a plus d'une réflexion intéressante à nous livrer...
Côté Coach: Michel, cette succession de Jérémy Konarski, un coach champion qui part faire le tour du monde, est assez particulière. De quand datent les premiers contacts ?
Michel: C'est spécial, en effet. Mais pas soudain, puisque la décision date de décembre. Je connais personnellement les Konarski, père et fils. Jérémy qui est en cours de formation à l'ACFF m'avait demandé s'il pouvait m'accompagner à Mouscron pour y visionner des séances d'entraînement. Quand le club m'a contacté, je leur ai fait part de mon étonnement vu les résultats mais la raison en était le souhait émis par le coach en place de faire un tour du monde.
Tu as donc eu l'occasion de voir ta future équipe ?
J'ai suivi diverses formations, dont Honnelles, mais j'ai effectivement vu plusieurs matchs d'Hensies qui, en plus de pratiquer un beau football, gagnait quasi toujours...
Michel, qui garde son coup de patte, veillera à son tour à proposer un jeu de qualité
Hensies est un club qui grandit bien, avec un projet de nouvelles infrastructures...
Le dossier est en effet passé à la Région wallonne et les travaux devraient commencer en mai 2023. Un terrain synthétique, un autre en herbe, une tribune centrale, nouvelle buvette et nouveaux vestiaires, c'est un beau projet.
Tu es resté occupé après Wiers ?
Bien sûr, je travaille à Mouscron pour le Foot Élite, des U14 aux U18, avec des jeunes qui suivent leur cursus scolaire à Mouscron et évoluent en club avec Courtrai, Zulte, Gand, Mouscron, etc.
C'est Maxime Grosse qui officiera comme T2 à tes côtés. Vous vous connaissiez ?
J'ai croisé la route de Maxime quand il était encore joueur. Titulaire de l'UEFA B, il était à la recherche d'un défi sportif et connaissait plusieurs personnes au club. Il s'est proposé, nous nous sommes rencontrés et le courant est bien passé entre nous.
Il semble que vous n'étiez pas spécialement enchantés d'être en série A ?
C'est surtout le club qui regrette la perte de quelques derbys. En ce qui me concerne, ça n'a pas beaucoup d'importance. Je connais les deux régions. Pour avoir coaché Hyon trois saisons durant, je peux dire que le football est plus technique en série B, mais plus organisé en A, où les équipes ne lâchent rien. Il est rare d'y voir des scores-fleuves, là où certaines formations montoises peuvent parfois s'écrouler d'une pièce quand elles sont rapidement menées au marquoir.
Tu vas retrouver les Jean-Do Vessié, Johan Devos, Fabien Delbeeke, Bernard Lénelle, et d'autres encore...
J'ai encore joué à Ath sous la conduite de Bernard Lénelle, qui était l'adjoint d'Hubert Cordier puis de Marcel Rouneau avant d'endosser le costume de T1. Prof de gym, il était préparateur physique. Mais, de fait, je connais pas mal de monde dans la série...
Une série que tu as continué à suivre ?
J'ai été voir Wiers à quelques reprises. Je pense que Templeuve, Enghien, Anvain, Ère, Estaimbourg seront encore costauds et difficiles à bouger. Le début de championnat sera important. On l'a vu la saison dernière avec Templeuve qui a mal démarré et ne s'en est pas remis.
De toute manière, je crois que tu es un coach qui ne prête pas trop attention à l'adversaire...
Je n'y prête même aucune attention. C'est à peine si je sais contre qui on joue... Par contre, dès les premières minutes, je suis dans l'observation. Avec l'expérience, ça va plus vite. C'est à nous d'être dedans. Ce sont les joueurs qui font la différence. Grâce au talent individuel d'abord, mais surtout avec le mental collectif. L'esprit de groupe est primordial: quand il est présent, même une équipe moyenne peut performer.
Ce n'est pas toujours facile avec des amateurs qui travaillent, se soignent moins bien, peuvent se laisser aller à une surcharge pondérale; les joueurs sont de grands enfants, il faut les suivre. C'est peut-être mon statut de formateur qui me fait dire ça. À mes jeunes, je répète l'importance de savoir courir, d'avoir une top VMA. Pour le haut niveau en tout cas. Aller courir à 6 heures du matin, cela forge un mental.
Tu as ramené dans ton noyau des joueurs que tu connaissais bien, comme Clément Stevens ou Gianni Gallo, et d'autres encore. Satisfait du recrutement ?
On a bien transféré. Je regrette juste certains départs, mais on ne peut obliger personne à rester. Des gars de 34-35 ans qui craignent la concurrence et préfèrent vivre une saison tranquille ailleurs, je respecte (NDLR: on notera particulièrement le départ de Cédric Beugnies, un leader en milieu de terrain, également efficace devant le but).
Chez nous, le club est dirigé par une dizaine de vrais passionnés, présents aux entraînements et aux matchs, qui sentent le foot, et qui ont de l'ambition: gagner, et encore gagner. C'est plus une question de mentalité que de moyens financiers. C'est aussi une caractéristique typique de la 2B. En série A, il me semble que certains comités se contentent souvent d'une bonne saison, et ne sont pas spécialement déçus quand leur équipe perd. Il y a même des cercles où on ne voit quasiment jamais les dirigeants au bord du terrain.
Hensies pourrait bien poursuivre sur sa lancée et jouer un rôle en vue...
L'avenir nous le dira. Sur papier, aucune équipe n'est au-dessus de nous, mais les incertitudes sont inhérentes à notre sport. Avec des valeurs sûres comme Selçuk Alageyk derrière, Clément Stevens devant, et tous les autres, nous sommes concurrentiels, et nous ferons tout pour être craints des adversaires. Ce n'est pas mon genre de me contenter de gagner un match de temps en temps. Avec l'implication des dirigeants, la qualité des infrastructures - terrains tondus et arrosés -, le soutien de la commune, l'école de jeunes florissante - 300 affiliés! -, la chaleur des nombreux supporters, tout est réuni pour prolonger la spirale positive. À nous de donner le maximum pour réussir...