Nous avons demandé à nos
coachs régionaux de désigner leur coup de cœur concernant les coachs en
exercice pendant ce premier tour de l’Euro, et d’argumenter leur choix en
précisant les aspects ayant orienté celui-ci: personnalité, stratégie, etc.
Il ressort de ce sondage
qu’à une écrasante majorité, c’est l’allenatore
de la squadra azzura qui a marqué les
esprits de nos techniciens…
Du dug-out au petit écran,
tour d’horizon…
Roberto MANCINI
Gestion
de groupe
Une
bonne gestion de son groupe, lance Sébastien Terlin. J’ai bien aimé l'idée de faire participer
son gardien remplaçant. Beaucoup d’observateurs se sont en effet interrogés
sur le sens de ce changement de gardiens à la 89e minute du match
contre le Pays de Galles. J’ai lu que
Mancini n’était pas entré au jeu lors de la Coupe du Monde en 90, et que ça
l’avait marqué, note François Échevin. Respect
des joueurs présents suite à la désillusion vécue lors de sa carrière, confirme
Sébastien Wouters. Cette valeur est également relevée par Philippe Labie :
J’ai trouvé admirable le fait qu’il ait
donné du temps de jeu à tout son noyau, c’est une grande marque de respect
envers son groupe.
On
sent que c’est un groupe qui vit bien et qui est uni, analyse
Steve Roussel. Le fait qu’il donne du
temps de jeu à chacun hormis Meret (son 3e gardien) prouve à quel point il est un coach
profondément humain, qui veille au bien-être de chacun. C’est extrêmement
important selon moi quand on gère un groupe amené à vivre ensemble le plus
longtemps possible.
Récemment désigné à la tête
de l’équipe B des Étoilés d’Ère, Thomas Vandecasteele fait la même
observation : On sent un rôle
rassembleur très fort. Les joueurs sont heureux d’être là, fiers, se sentant
tous utiles et mis en valeur.
Jean-Charles Fabrel est tout aussi admiratif: Mancini a réussi à bâtir un vrai collectif, bien huilé, et sans grosse individualité ou star comme l'Italie a pu en avoir par le passé.
En
utilisant 25 joueurs en 3 matchs, il donne une grande confiance à son groupe,
ajoute Bryan Losterman. Les joueurs se
donnent à 100% parce qu’ils sont tous impliqués. Sa gestion humaine est
parfaite !
Mix expérience – jeunesse
Le coach acrenois poursuit :
Il a construit son équipe sur base des
performances, et pas sur des noms. C’est un bon mix entre les jeunes et les
joueurs d’expérience. Dans le même ordre d’idées, Philippe Labie : Il n’a pas hésité à reprendre des joueurs
évoluant dans des clubs de moindre envergure, comme Sassuolo. Bis Leleu
précise : Une charnière centrale
expérimentée, avec Bonucci, Chiellini, Jorginho et Immobile. Locatelli et
Barella, la jeunesse dans le milieu.
Un
renouveau
Mancini
a métamorphosé le jeu de la squadra, juge Gino D’Angelo. Un réel renouveau pour le foot italien. Le
coach de Morlanwelz est rejoint en cela par de nombreux autres. Ainsi, Jo
Duquène : On est vraiment loin du
foot fermé que l’Italie proposait par le passé ; comme pour de Boer aux
Pays-Bas, c’est un noyau en reconstruction et fort jeune. Ou Patrick
Billiet : Fini ce football italien
où c’était le cadenas. Au contraire, un jeu offensif, qui n’est pas sans faire
penser à celui de la Belgique. Agréable à regarder, beaucoup d’automatismes et
de choses à noter pour les coachs que nous sommes. Et l’on a pu découvrir
lors d’un précédent reportage à quel point le coach velainois était attentif à
s’inspirer des modèles proposés dans le haut niveau. Bis Leleu : Il a complètement modifié le jeu italien.
Finis l’attentisme et le contre, place à l’offensive. Fabien
Delbeeke : Il a fait d’une équipe
réputée pour son « catenaccio » une formation offensive avec un
festival de buts, un football qui fait plaisir à voir. Philippe Labie osera
même parler de résurrection du foot
italien !
Du côté d’Estaimbourg, on
note via Steve Roussel : Il a réussi
à changer une philosophie italienne relativement défensive qui se basait
principalement sur le « catenaccio » pour la faire évoluer vers une
équipe joueuse, offensive, mobile. Mobilité également soulignée par
François Échevin, le coach esplechinois y ajoutant la variation dans le jeu et le fait de casser les lignes.
Plan
de jeu connu
Écoutons d’abord deux coachs
d’origine transalpine – mais qui réfutent tout soupçon de chauvinisme ! –
nous en parler. Gino d’Angelo d’abord : On sent qu’un plan de jeu est établi, et que le groupe complet y
adhère. Pas de places pour des starlettes dans le groupe. Humilité, générosité
dans les efforts, passion sont les facettes de cette équipe. Fabrice Milone
ensuite : Chaque joueur connaît son
rôle, sa mission, et se met au service du collectif. Sans grande star. Thomas
Vandecasteele abonde dans le même sens : Le système de jeu est huilé et maîtrisé à la perfection ; chaque
joueur sait exactement quel est son rôle. De plus, les changements apportés en
cours de match ou lors de la troisième rencontre n’ont jamais semblé modifier
le plan de jeu, preuve supplémentaire que chaque joueur sait parfaitement ce
qu’on attend de lui.
Jeu
vers l’avant
On
retrouve une squadra conquérante, un jeu rapide en reconversion, apprécie
Olivier Gossuin. L’Italie montre un jeu
vertical dès que possible, signale Ronny Roelen, qui relève en outre la liberté des joueurs en B+. Une philosophie de jeu ultra séduisante, poursuit
Fabrice Milone, tournée vers l’offensive,
la prise de risques et la passion. L’envie de jouer vers l’avant est
confirmée par Seb Terlin et François Echevin. Avec beaucoup d'envie et de rythme, ajoute J-Ch. Fabrel. Un jeu qualifié de séduisant par Julien Tambour et de chatoyant par Gino D’Angelo. Un des plus beaux proposés jusqu’à présent, pour
Steve Artisien. Confirmation chez Miguel Lionaise : C’est l’équipe qui a développé le plus beau jeu lors de ce premier
tour. Animation et manière de jouer très énergiques, toniques, avec beaucoup
d’intensité.
Petite leçon de tableau noir
avec Philippe Labie, qui nous explique les options de cette équipe joueuse et joyeuse : Mancini a mis en place un jeu moderne, à
partir du gardien déjà. On peut remarquer l’importance des deux latéraux, qui
montent très haut le long de leurs lignes respectives, surtout côté gauche,
avec Spinazzola, qui est droitier en plus. On a un bloc très haut, qui permet
de s’installer chez l’adversaire, et surtout à la perte de balle, de pouvoir
exercer un contre-pressing intense.
Thomas Vandecasteele ajoutant :
Les latéraux, Spinazzola notamment,
apportent énormément de présence offensive. Le milieu « charbonne »
avec des récupérations rapides et de l’imagination en reconversion. Et les clés
sont données à un Insigne qui évolue comme un poisson dans l’eau.
Pressing
constant
Un
pressing continu (Ronny Roelen) qui demande beaucoup d’énergie (Seb Terlin), avec des joueurs qui se battent pour la
récupération du ballon (Olivier Gossuin), le plus haut possible (Steve Roussel). Corentin Douterlungne évoque
lui aussi l’agressivité que les Italiens
mettent dans leur pressing durant les 90 minutes, avec une grande débauche
d’énergie. Steven Dangremont évoque à ce sujet la célèbre grinta, d’origine italienne : c’est à l’image du pays mais c’est aussi la
signature du coach !
Bryan Losterman décortique la
mise en place de ce pressing : Les
trois joueurs du milieu de terrain – Barella, Jorginho, Locatelli ou Veratti - ne
laissent jamais respirer l’adversaire. En B-, le 7 (Berardi ou Chiesa) et le 11
(Insigne) pressent constamment.
Des
stats impressionnantes
30
matchs sans défaite, une statistique éloquente relevée par
Patrick Billiet. Aucun but encaissé encore dans ce tournoi, signe de la rigueur tactique (Julien Tambour). Avec 7 buts marqués, on ne peut pas dire
mieux, ajoute Steven Dangremont. Dans
les transitions, de la perte à la récupération, tout est bien mis en place,
c’est tactiquement très juste.
Classe
naturelle
Une réussite chiffrée
insolente qui fait naître confiance et
sérénité. Écoutons Steve Roussel : Mancini
dégage un calme le long de la ligne, qui en dit long sur la sérénité italienne
actuelle. On ne reste pas sur une série de résultats aussi positifs si on n’a
pas bon nombre de certitudes et si on ne dégage pas une certaine sérénité.
C’est
un coach calme et posé, confirme Philippe Labie. La classe à l’italienne. Rejoint en cela
par Thomas Vandecasteele : Quelle
classe ! Sa posture et sa tenue sur le banc puent l’élégance. Fabrice
Milone ne va pas contredire ce constat : Quel gentleman en bord de terrain !
Kasper Hjulmand
L’intense charge émotionnelle provoquée par le dramatique accident dont fut
victime Christian Eriksen, et surtout la gestion humaine qui s’en est suivie de
la part du staff danois n’ont pas laissé nos observateurs insensibles. Voici le
témoignage de cinq d’entre eux :
Il a laissé libre choix aux joueurs de vouloir être sélectionnés, et il s’est servi de cet événement pour insuffler une énergie et une cohésion folles à son équipe. Comment transformer un fait négatif en énergie positive, pour preuve la qualification en 1/8e. Respect ! (Michaël Browaeys)
Son équipe qui était déjà bien soudée, est devenue un véritable bloc, pas simple à bouger. Ils ont perdu leur meilleur joueur et le cerveau de l’équipe mais le coach a su s’adapter. En plus d’être compacts, ils sont capables d’effectuer un gros pressing, comme on l’a vu les 30 premières minutes contre les Belges. Et, des images et des déclarations qu’on voit de lui depuis le début, on devine quelqu’un qui a la classe et qui est proche de ses joueurs. Sa philosophie de jeu est bien intégrée par son groupe (Julien Collie).
Roberto Martinez
L’adage selon lequel nul n’est prophète en son pays s’est presque vérifié à
l’occasion de cette petite enquête, mais trois de nos entraîneurs ont toutefois
choisi de citer notre coach national :
Didier Deschamps
Derrière ce trio de tête, deux coachs récoltent chacun deux voix. À commencer par le sélectionneur français. Ce sont les coachs de Luingne et d’Escanaffles qui nous en parlent :
J’aime son 4-4-2 en possession, qui
passe en 4-3-3 en perte de balle. Je pense que ce système n’est pas le plus
compliqué, mais il faut surtout faire comprendre à ses stars offensives que
leur reconversion est essentielle. Et je trouve que DD est très fort pour ça !
C’est un meneur d’hommes et il prône le dialogue avec ses joueurs, chose hyper
importante selon moi (Giovanni Seynhaeve).
Laurent Debeurne, lui, met en exergue l’efficacité et le réalisme du technicien français, qu’il juge malin à l’italienne : à travers la stratégie et l’animation de jeu, je retrouve la culture de la Juve des années 80-90 : bloc bas, tout le monde défend, et si ouverture du score, catenaccio ! Surtout quand on a des atouts offensifs comme l’équipe de France a la chance d’avoir ! Ce n’est peut-être pas le plus beau à regarder, mais en football, seul le résultat final compte.
Viennent ensuite deux choix plus étonnants, celui du coach italien – ils ont
décidément la cote ! – de la Hongrie :
Marco ROSSI
Jonathan Krys a commencé par rappeler que lors de sa prise de fonction, le
maestro a insisté auprès de ses joueurs sur son désir de les voir jouer avec cœur :
On a redécouvert un football qui se joue
avec des valeurs humaines : humilité, courage et sincérité. Quand on voit
ses larmes après l’exploit contre la France… Chaque coach a connu ou connaîtra ce
moment où on craque émotionnellement tellement on est fier de ses gars…
Janne ANDERSSON
Last but not least, l’emblématique mentor suédois obtient les faveurs de
Johan Devos. Voici ce qu’en dit le coach isiérois : J’aime bien sa disposition en 4-4-2, avec deux attaquants intéressants,
Berg et Isak, et derrière eux Forsberg, qui vient régulièrement dans le
rectangle. Et surtout une parfaite couverture en reconversion défensive. Il me
paraît très calme, connaissant parfaitement ses forces et faiblesses. Premier
de son groupe devant l’Espagne et la Pologne, joli coup réussi sans la star
Zlatan ! Il me semble qu’il n’en est pas à son coup d’essai : en
2018, il avait déjà devancé l’Allemagne dans les poules !
Merci à tous les coachs qui nous ont livré ces bien intéressantes considérations tactiques. Place maintenant aux matchs à élimination directe, où il n’y a pas de place pour l’erreur, sous peine de devoir essuyer l’inévitable pluie de critiques. Vu les forces en présence et toutes les qualités de management qui viennent d’être soulignées, d’alléchantes confrontations s’offrent à nous !
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