Benoit VISPOEL a eu très tôt la vocation de l'arbitrage: dès l'âge de 15 ans, il en suit les cours, tout en jouant au RFC Tournai, ce qu'il fera jusquà ses 18 ans, avant de se consacrer uniquement au sifflet.
Il a très vite gravi les échelons de notre football provincial pour se retrouver à 20 ans en P1, et dès l'année suivante en Promotion.
© Jean-Claude Goret
Benoit sifflera en Nationale jusque décembre 2014. Au lendemain de l'annonce par M. Éric ROMAIN de son accession à la division 3, il surprendra tout son monde en annonçant son souhait de revenir en Provinciale: "Je trouvais les exigences trop élevées par rapport au retour. Il m'est arrivé d'être averti le lundi midi que je devais arbitrer un match le soir même à Ostende... En fait, au niveau national, l'arbitrage doit être le premier choix dans ta vie, avant le boulot et la vie de famille. Lors de mon retour en province, j'ai eu la chance de pouvoir réintégrer directement la P1 , une place s'étant libérée suite à la rétrogradation d'un collègue."
Nouveau coup de théâtre en juin 2019, avec l'annonce d'une retraite précoce à l'âge de 30 ans: "J'avais d'autres projets dans ma vie personnelle, mais je garde un très bon souvenir de ces 14 années d'arbitrage."
Benoit est kinésithérapeute et exerce dans la région montoise, notamment dans le cabinet de Benoit LEGRAND, qui a travaillé dans plusieurs clubs; une opportunité intéressante pour orienter sa pratique professionnelle dans le milieu sportif.
Ce jeune retraité de l'arbitrage est convaincu de l'intérêt qu'il y aurait à développer davantage d'interactions entre les différents acteurs du foot: "Nous gagnerions tous à mieux connaître les obligations des uns et des autres, les tenants et les aboutissants de nos fonctions réciproques. Je suis convaincu que cela apaiserait beaucoup de tensions."
Côté Coach: Sur une échelle de 1 à 10, quelle appréciation globale portes-tu sur les relations coachs-arbitres?
Benoit Vispoel: Globalement, 7/10. Avant le match, 8; après celui-ci, 6. Je m'explique: la défaite rend pas mal de coachs frustrés, et cette frustration se reporte régulièrement sur l'arbitre. À chaud, c'est sans doute plus facile de critiquer que d'analyser son propre travail.
CC: Recevez-vous durant votre écolage des consignes concernant la gestion de l'attitude des coachs?
BV: Oui et non, je dirais. Oui, car on nous explique qu'on doit avoir une attitude neutre envers les coachs, et on nous donne quelques clés pour y arriver. Et non, car on ne nous apprend pas vraiment à les gérer, mais plutôt la procédure pour les sanctionner.
CC: Comment réagissais-tu quand tu entendais un entraîneur s'en prendre aux joueurs adverses ou systématiquement contester tes décisions?
BV: Lorsqu'un coach s'emporte sur le moment et "redescend" tout de suite, je n'interviens jamais. C'est humain de réagir ainsi. En général, un simple regard et un sourire en sa direction, et le message était bien compris. Par contre, si un coach s'en prend aux joueurs adverses, je vais directement le voir pour lui demander d'arrêter. Pour ce qui est de contester mes décisions, ça dépend. Quand j'étais bien dans le match et sûr de moi, j'avais tendance à laisser couler au début, et ensuite aller le voir pour lui dire que ses remarques étaient infondées ou inappropriées. Par contre quand je n'étais pas bien dans le match, j'avais tendance à me renfermer sur moi-même. Je réagissais alors parfois trop tard et cela débouchait souvent sur une exclusion directe...
CC: Ignorance, tolérance ou sévérité, quelle était ta ligne de conduite à l'égard des coachs qui contestent?
BV: Dans la majorité des cas, c'était la tolérance. Certains coachs sont fermés à la discussion et, dans ce cas de figure, j'ignorais. Je n'étais pas un arbitre qu'on qualifierait de sévère.
CC: Qu'est-ce qui pouvait le plus te déranger dans le comportement d'un coach?
BV: La mauvaise foi. Le foot est une passion, c'est donc normal d'extérioriser ses émotions. Mais après cette première réaction , la réflexion doit reprendre le dessus, mais hélas certains n'en semblent pas capables (entraîneurs, joueurs, arbitres, supporters, la remarque vaut pour tout le monde).
CC: T'est-il souvent arrivé d'en exclure? Quelle limite avaient-ils dépassée?
BV: Oui, j'ai exclu des coachs. Ce n'était jamais par plaisir. Si je devais exclure quelqu'un, c'est qu'il n'avait pas compris ma façon d'arbitrer. J'étais beaucoup dans le dialogue. Je trouvais dommage qu'il faille passer par l'exclusion alors qu'une bonne discussion peut souvent résoudre le problème. Mais cette façon de procéder ne convient sans doute pas à tous.
CC: De manière générale, trouves-tu qu'il soit plus facile d'arbitrer en Wallonie Picarde que dans d'autres régions du Hainaut? Pourquoi?
BV: Selon moi, oui, c'est plus facile d'arbitrer en Wapi. C'est surtout une question d'état d'esprit. Les gens sont moins impulsifs et après le match, on passe à autre chose et on profite de bons moments à la buvette. Étant moi-même de cette région, ma mentalité y correspondait forcément.
CC: Outre l'apport des assistants à partir de la P1, vois-tu des degrés de difficulté variables selon le niveau de la division où l'on siffle? Si oui, à quel(s) point(s) de vue?
BV: Plus on monte dans les divisions, plus le niveau évolue, c'est évident, que ce soit la qualité des joueurs, la tactique, les installations, etc. Arbitrer en P1 avec des assistants permet de se focaliser sur la gestion des joueurs et du jeu. Sans assistants, il faut une vision d'ensemble beaucoup plus globale. Cependant, le niveau dépend souvent de la qualité footballistique déployée ce jour-là sur le terrain. J'ai eu l'occasion de siffler de superbes rencontres en P2 voire P3, et de m'ennuyer ferme dans certains matchs de P1.
Avant un match à l'Olympic de Charleroi
CC: Échangez-vous des infos entre collègues sur certains coachs?
BV: Évidemment que des infos circulent entre les arbitres, comme elles circulent entre clubs, coachs, joueurs ou supporters. Personnellement, dans la famille de l'arbitrage, je savais à qui je pouvais faire confiance. J'écoutais volontiers les conseils de ces arbitres.
CC: Aurais-tu l'une ou l'autre anecdote à nous raconter concernant ta relation aux coachs?
BV: À mes tout débuts, j'arbitrais un match de cadets au Futurosport de Mouscron. Je devais avoir 16 ou 17 ans. À quelques minutes de la fin de la première armure, je n'ai pas vu une main du défenseur dans le rectangle, et j'ai entendu beaucoup de commentaires et d'insultes venant des supporters. En sortant du terrain à la mi-temps, Philippe SAINT-JEAN était présent, il a eu un regard et un geste de la tête réconfortant et encourageant. Ca m'a redonné confiance pour la suite du match. Quelques années plus tard, j'arbitrais un match amical du Royal Mouscron-Péruwelz coaché par le même Philippe SAINT-JEAN; il est venu me saluer et me souhaiter un bon match. Ce sont deux gestes qui m'ont marqué.
Une autre anecdote, en 2015, match de P2A entre Escanaffles et le Pays Vert Ostiches-Ath (0-1, but à la 76e minute). Alors que le score était toujours vierge, le staff visiteur a plusieurs fois réclamé sur le temps que prenait le gardien local pour dégager: "il lui faut à chaque fois 45 secondes!" Après le 0-1, c'est le gardien du Pays Vert qui, à son tour, gagnait du temps. Je me suis alors dirigé vers le coach Michaël BROWAEYS et lui ai signalé en lui montrant mon chrono que son gardien "prenait 45 secondes pour dégager". Le reste du staff s'est un peu offusqué de ce clin d'oeil, mais le coach avait bien compris le sens de la remarque. À la fin du match, il m'a dit avec un sourire que "c'était culotté mais justifié".
J’ai eu la chance de côtoyer Monsieur Vispoel en tant que délégué du Stade Brainois. Un grand monsieur de l’arbitrage et une personne avec de vraies valeurs.
RépondreSupprimerExcellent arbitre, excellente mentalité... bravo Benoit !!!!
RépondreSupprimerMonsieur VISPOEL est un grand monsieur et il aurait largement sa place au sein du BRA HAINAUT pour transmettre son expérience et son vécu aux jeunes arbitres. Edouard Delcambre
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